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La fin prochaine des ventes de Garcinia et de Citrus aurantium

Publié le 19 mai 2012
Par Véronique Pungier
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Alors que cette période de l’année est propice aux résolutions de régime amaigrissant, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a décidé d’interdire trois plantes et vingt-six molécules utilisées dans des préparations magistrales à visée amaigrissante. Explications.

Vous ne pourrez bientôt plus vendre de Garcinia cambogia ou du fruit vert de Citrus aurantium L. ssp. aurantium (bigaradier ou oranger amer).? L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a en effet annoncé le 10 mai l’interdiction de prescrire, de délivrer, et d’administrer à l’homme ces deux plantes, présentées en pharmacie pour favoriser la perte de poids pour la première, et brûler les graisses pour la seconde. L’ANSM interdit également leur utilisation au sein de préparations magistrales, officinales ou hospitalières. Cette interdiction de préparation vaut pour une troisième plante : Hoodia gordonii, utilisée comme coupe-faim.

Pour prendre sa décision, l’ANSM a pris en compte plusieurs éléments, à commencer par les effets indésirables cardiovasculaires graves potentiellement liés à la consommation du fruit vert de l’oranger amer qui renferme de la synéphrine, mais aussi plusieurs cas d’atteintes hépatiques, musculaires, cardiaques et neurologiques, parfois graves, survenus au Canada et aux Etats-Unis imputés à des produits qui renfermaient Garcinia cambogia et Hoodia gordonii. L’ANSM considère également que la présence de synéphrine dans Citrus aurantium L. ssp. aurantium et d’acide hydroxycitrique dans Garcinia cambogia donnent à chacune de ces plantes des propriétés pharmacologiques qui font qu’elles répondent à la définition de médicament.? Or il s’agit d’un statut sous lequel elles ne sont pas vendues aujourd’hui… Pour autant, c’est à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes qu’il reviendra de suivre ou non les décisions de l’ANSM et de faire interdire la vente de compléments alimentaires à base de ces plantes.

26 principes actifs sont également visés

Par ailleurs, sept molécules chimiques ne devront plus être employées sous forme de préparations magistrales : il s’agit du clenbutérol (anabolisant utilisé en médecine vétérinaire), du clonazépam, des antidiabétiques exénatide et liraglutide, du méprobamate, de la synéphrine extraite du fruit vert de Citrus aurantium L. et de l’orlistat.

Outre ces interdictions, l’ANSM annonce également des restrictions d’utilisation pour plusieurs principes actifs. Ainsi, le clorazépate dipotassique, le diazépam, la fluoxétine, le furosémide, l’hydrochlorothiazide, l’imipramine, la metformine, le méthylphénidate, la paroxétine, la spironolactone et le topiramate ne pourront plus entrer dans la composition d’une préparation sauf si celle-ci est destinée à un enfant de moins de 12 ans, à un adulte dénutri ou à un adulte souffrant de troubles de la déglutition. Ces préparations étant parfois nécessaires pour adapter la posologie ou la forme galénique de ces molécules à ces patients. Idem pour l’almitrine, le bupropion, le chlordiazépoxide, la duloxétine, la naltrexone, la pirfénidone, le roflumilast et la venlafaxine : l’emploi de ces huit molécules est restreint à des préparations destinées à des adultes souffrant de dénutrition ou de troubles de la déglutition.

Efficacité et innocuité mises en cause

Ces interdictions et restrictions n’entreront pleinement en vigueur qu’à la parution au Journal officiel de ces décisions de police sanitaire prises le 12 avril 2012 par l’ANSM. Se référant à une étude menée dans 200 officines faisant un nombre important de préparations entre novembre 2006 et fin avril 2007, cette dernière se fonde sur le fait que les préparations magistrales n’ont pas démontré leur efficacité, ni leur sécurité d’emploi, mais aussi qu’un tiers de ces préparations sont réalisées d’après des prescriptions visant la perte de poids. L’ANSM reproche également la prescription sous forme de préparation magistrale de molécules détournées de leur autorisation de mise sur le marché tels les antidiabétiques, des diurétiques, les antidépresseurs, sans compter que certaines bénéficient parfois d’un suivi de pharmacovigilance spécifique.

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L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé rappelle enfin qu’elle ne recommande pas « la prescription de préparation magistrale dans le cadre d’une démarche de réduction pondérale ».