- Accueil ›
- Business ›
- Economie ›
- Stratégie et Gestion ›
- HOMOLOGIES FRANCOPHONES
HOMOLOGIES FRANCOPHONES
Quid de la pharmacie clinique hors de nos frontières ? elle est souvent bien plus développée qu’en France, ce qui permet de mieux appréhender ses avantages tant financiers qu’en matière de santé.
Québec
Le modèle québécois de pharmacie clinique s’appuie sur le concept de « soins pharmaceutiques ». « Nous nous sommes inspirés du pharmaceutical-care américain », précise Ema Ferreira, pharmacienne au CHU Sainte-Justine et professeur de clinique à l’université de Montréal. Les soins pharmaceutiques englobent des actes tels (distribution de médicaments…) mais aussi des principes (maintenance et développement d’une relation de confiance avec les patients, évaluation de la pharmacothérapie, réévaluation du plan de soins, documentation des interventions…). « La mise en œuvre des soins pharmaceutiques implique différentes étapes, à commencer par l’obtention des informations auprès du patient, l’analyse de l’information, la conception d’un plan d’intervention et l’application de ce plan », ajoute Ema Ferreira. En 2003, la définition légale du métier de pharmacien a été modifiée pour intégrer ces nouvelles missions : émettre une opinion pharmaceutique, effectuer le suivi thérapeutique, initier ou ajuster un traitement selon l’ordonnance, prescrire la contraception d’urgence, etc. Plus récemment, la Commission parlementaire du Québec a voté la loi 41 qui permettra aux pharmaciens d’effectuer cinq nouveaux actes : prolonger une ordonnance déjà active, adapter l’ordonnance selon le poids ou d’autres paramètres, administrer les médicaments pour les premières doses, effectuer une demande de tests de laboratoires, contribuer à la résolution de certains problèmes, autrement dire prescrire dans des cas bien définis.
Au départ développés à l’hôpital, les soins pharmaceutiques sont aujourd’hui de plus en plus pratiqués à l’officine. Un mouvement porté par les différentes lois, même si des freins demeurent : seulement certains actes sont rétribués (distribution des médicaments, opinion pharmaceutique, refus d’ordonnance, contraception d’urgence et préparation de piluliers, entre autres). Les services plus spécialisés tels l’ajustement d’une anticoagulothérapie, des visites à domicile, les suivis systématiques ne le sont pas. Quant aux nouvelles missions introduites par la loi 41, rien n’est encore arrêté quant à la rémunération.
Belgique
La pharmacie clinique « est la partie de l’exercice pharmaceutique où le pharmacien procure au patient des soins qui optimisent l’utilisation de la médication, la promotion de la santé, le bien-être et la prévention des maladies ». Cependant, bien qu’il existe en Belgique une volonté de faire entrer la pharmacie clinique dans les hôpitaux, il n’y a pas pour l’instant de reconnaissance du titre de pharmacien clinicien. L’arrêté royal du 21 janvier 2009, qui propose un guide de bonnes pratiques pharmaceutiques, met en avant la notion de soins pharmaceutiques et de prise en charge des patients. « Le pharmacien s’assure qu’il n’y a pas d’interactions entre les différents produits, valide le contenu et le contexte de la demande, soit l’âge, l’état physiopathologique, l’historique médicamenteux, etc. C’est déjà de la pharmacie clinique !, souligne Christian Elsen, vice président de l’Association pharmaceutique belge. Mais on peut aller plus loin dans le suivi pharmaceutique en le personnalisant et en l’axant sur certains types de patients. »
Le texte de loi paru le 1er janvier 2012 fait pour la première fois référence au suivi en matière de soins pharmaceutiques. Mais, pour le moment, aucun protocole n’est établi et rien n’est standardisé. « Ces actes de suivi pour les soins pharmaceutiques exigent du temps et des moyens, et nous sommes en négociation pour une rémunération (1) », rapporte Christian Elsen
Suisse
Deux systèmes développant la pharmacie clinique ont été mis en place. Dans le premier, créé depuis le début des années 90, la pharmacie clinique se pratique dans les « cercles de qualité médecin-pharmacien pour la prescription des médicaments ». Comme l’explique Christian Repond, président des pharmaciens du canton de Fribourg, « un groupe de médecins de premier recours se réunit autour d’un pharmacien animateur qui dispose de l’ensemble des données de prescription des médecins libéraux ainsi que d’un dossier scientifique. Ces outils permettent de comparer les prescriptions par rapport aux bonnes pratiques. L’objectif est d’amener les médecins vers un consensus de prescription ». En 2010, une économie de 180 000 euros sur les coûts de prescription, par an et par médecin, a été réalisée.
A l’heure actuelle, une quinzaine de cercles fonctionnent dans le canton de Fribourg et d’autres cantons ont adopté cette démarche. « Le problème est de trouver le pharmacien qui animera le cercle car c’est un énorme travail et qui n’est pas rémunéré (1) ! » Le second système a été mis en place en 2002 dans les établissements médico-sociaux (EMS) du canton de Fribourg. Le principe : chaque EMS mandate un pharmacien pour effectuer la gestion médicamenteuse sur la base d’un cahier des charges précis. Le but : établir un consensus avec les médecins et infirmiers pour optimiser le choix des médicaments. Ensuite, le pharmacien achète les médicaments au meilleur prix. Aujourd’hui, plus aucun lit n’est déficitaire par rapport à l’enveloppe budgétaire et, côté caisses d’assurance maladie, une économie de plus de 7 millions a été dégagée. « Tout le monde a tiré un énorme bénéfice du travail des pharmaciens et nos honoraires pour ce travail d’expertise ont pu être revus à la hausse (2) », se réjouit Christian Repond. Grâce aux moyens développés dans ces deux modèles, les pharmaciens d’officine disposent d’outils très utiles et efficaces pour le développement de leurs compétences sur le terrain, notamment dans le cadre de la pharmacovigilance et de l’optimisation des thérapies.
(1) Les pharmaciens belges perçoivent déjà une rémunération principale en honoraires de 80 %.
(1) Un système de rémunération basé sur les prestations du pharmacien est en vigueur depuis 2001.
(2) 1,30 franc suisse par jour et par patient.
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- Prophylaxie pré-exposition au VIH : dis, quand reviendra-t-elle ?
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?

