Négociations salariales : les syndicats de salariés en rangs serrés

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Négociations salariales : les syndicats de salariés en rangs serrés

Publié le 20 janvier 2023
Par Yves Rivoal
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Comme pour la réforme des retraites, les syndicats de salariés d’officine font bloc après la négociation salariale qui s’est tenue le 16 janvier lors de la dernière Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI). Ils ne signeront pas l’accord proposé par les chambres patronales.

Après s’être accordé un délai de réflexion, la CFDT et l’Unsa ont annoncé ce vendredi qu’elles n’allaient pas signer l’accord proposé par les chambres patronales sur une augmentation de 1,8 % du point, s’alignant ainsi sur la position de FO, de la CGT et de la CFE-CGC. « Même s’il y a eu deux accords en mars et en août l’année dernière, cette proposition n’est tout simplement pas entendable puisqu’elle ne fait que répondre à l’augmentation du Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance, NdlR) qui vient talonner les premiers coefficients de la grille », explique Stevan Jovanovic, secrétaire fédéral en charge de la branche santé libérale de la CFDT Santé-Sociaux. 

Même constat du côté de la CGT Pharmacie d’officine. « Ces 1,8 % ne sont pas à la hauteur des besoins et des attentes des salariés des officines puisque nous sommes largement en dessous de ce qu’il aurait fallu faire pour compenser l’inflation », explique Eric Sellini, son secrétaire fédéral. La CFE-CGC ne signera pas, elle, pour des questions de principe « Nous avons toujours dit que tant que le premier coefficient de la grille pour les pharmaciens adjoints n’atteindrait pas au minimum le plafond de la Sécurité sociale, nous ne signerions aucun accord, rappelle Roger Halegouet, représentant de la branche Pharmacie d’officine à la CFE-CGC Chimie. Nous respectons donc notre engagement. Nous considérons par ailleurs qu’avec 1,8 %, les chambres patronales se moquent de nous. Lorsqu’elles nous rappellent les 6 % d’augmentation de l’année dernière, en réalité, les 3 % accordés en mars ne faisaient que combler le retard pris l’année d’avant. Au final, l’augmentation n’aura donc été que de 3 %. » « Afin d’éviter une nouvelle année blanche pour les salariés de la branche, les syndicats vont donc demander rapidement l’ouverture d’une CPPNI (Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation, NdlR) extraordinaire afin de relancer les négociations », dévoile Joël Grebil, secrétaire général d’Unsa Chimie Pharmacie.

Perte d’attractivité et turnover 

Pendant la séance, les syndicats de salariés ont présenté leurs revendications. « A la CFDT, nous avons réclamé une augmentation du point qui placerait le coefficient à 10 % au-dessus du Smic, avec le maintien des écarts pour les suivants afin d’éviter d’avoir à courir tous les trois mois derrière chaque augmentation du Smic, confie Stevan Jovanovic. Nous avons également rappelé que nous revendiquons la suppression de l’échelle de raccordement pour que tous les salariés bénéficient pleinement des augmentations des salaires. » La CGT a elle soumis une grille démarrant à 2 000 € brut pour le coefficient 100, et qui finit à 10 000 € pour le dernier coefficient de la grille. « Ce travail de revalorisation des salaires sur la branche que nous appelons de nos vœux permettrait d’apporter une réponse aux problématiques d’inflation subie par les salariés, mais aussi à la perte d’attractivité constatée des métiers de l’officine », assure Eric Sellini. 

Pour la CFE-CGC, les 1,8 % ne permettront pas non plus de mettre un terme à la vague de turnover qu’elle observe en ce moment dans les officines. « De plus en plus de salariés décident de quitter la profession après une période Covid très éprouvante, constate Roger Halegouet. La Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la branche pharmacie d’officine a d’ailleurs demandé à l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) de réaliser une enquête afin d’essayer de comprendre les raisons de cette vague de démissions inquiétante. » De son côté, la CFDT profitera d’une réunion programmée le 9 février prochain avec Pierre Ramain, le directeur général du travail, sur la question des salaires dans les laboratoires, pour aborder aussi la question des officines. « Je lui expliquerai que nous sommes confrontés à un blocage sur les négociations salariales qui empêche la mise en place d’une dynamique favorable à la branche, alors que celle-ci n’arrive plus à attirer de personnels qualifiés », précise Stevan Jovanovic.

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