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« Le directeur de l’Assurance maladie n’est pas respectueux de la loi »

Publié le 15 septembre 2012
Par Magali Clausener
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Peut-on dire que la généralisation du « tiers payant contre génériques » crée des difficultés pour les patients ?

On aurait voulu assassiner la politique de génériques qu’on n’aurait pas fait mieux ! La vraie difficulté est que le directeur de l’Assurance maladie n’est pas respectueux de la loi. L’application des choix de l’Assurance maladie est différente d’un département à l’autre. Alors que nous avons besoin d’une politique de soutenabilité des comptes de l’assurance maladie, on pilonne la politique de génériques et on soulève en cascade des problèmes. La loi prévoit des exceptions. Je comprends qu’on veuille affirmer la politique de génériques et fixer des objectifs, mais, des patients, on aurait dû s’en faire des alliés. Là, on fait marcher les patients à la schlague.

La directrice de Renaloo estime qu’il aurait dû y avoir une réflexion en amont, notamment avec les médecins. Qu’en pensez-vous ?

Est-ce que tout cela manque de coordination Probablement. L’Ordre des médecins a donné sa position en 2010, l’Académie de médecine il y a quelques mois, l’Académie de pharmacie aussi, et un avis différent… Tout le monde a joué contre les génériques. Chacun a sa part de responsabilité. Les labos n’ont pas joué le jeu, les médecins non plus. Les patients ne sont pas associés à la politique de génériques. Il n’y a pas de démocratie sanitaire ! La représentation des usagers est une chose, leur participation en est une autre. Il faut regarder ce qu’il se passe dans les pays européens. En France, on ne prescrit pas en DCI. A force de ne pas faire de réformes, on se retrouve dans des situations inextricables. Dans le cas des génériques, il vaut mieux s’inquiéter des problèmes avant que le coup d’accélérateur ne soit donné. Sinon, cela risque de piétiner. Nous sommes juste en train de dire que l’on doit fixer une ligne de conduite pour les médicaments à marge thérapeutique étroite.

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Croyez-vous qu’une table ronde de haut niveau puisse résoudre les problèmes ?

Il ne s’agit pas de parler pendant des mois. Une table ronde de haut niveau réunirait tous les acteurs. En une journée, tout pourrait être bouclé : le matin, avoir une vision partagée du sujet, l’après-midi, décider d’une stratégie. Quant au tiers payant, il suffirait de le rendre obligatoire dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, puisque la loi prévoit des exceptions.

Vous affirmez que Frédéric Van Roekeghem ne respecte pas la loi. Seriez-vous prêt à aller devant le tribunal administratif ?

Pour l’instant, il est trop tôt d’envisager une telle action. On en est au tir de roquette, on prépare les M16. On ira jusqu’au bout !

* Collectif interassociatif sur la santé