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Victrelis
Le bocéprévir, commercialisé sous le nom de Victrelis (MSD) et le télaprévir (Incivo), que nous vous avons présenté la semaine dernière, sont les deux premiers inhibiteurs de la protéase du virus de l’hépatite C. Comme Incivo, Victrelis se prescrit en association au peginterféron alfa et à la ribavirine, bithérapie jusqu’ici utilisée dans la prise en charge de cette maladie.
Indication
Victrelis est un traitement de l’hépatite C chronique due au virus VHC de génotype 1. Il doit être prescrit en association avec le peginterféron alfa et la ribavirine. Victrelis est indiqué chez les adultes atteints d’une maladie compensée, non préalablement traitée ou bien en échec à un précédent traitement.
Mode d’action
Le bocéprévir est un inhibiteur de protéase. Précisément, il inhibe la protéase NS3 du virus de l’hépatite C, comme le télaprévir commercialisé sous le nom d’Incivo (voir Le Moniteur de la semaine dernière). Le bocéprévir empêche ainsi la réplication virale dans les cellules infectées par le VHC.
Posologie
• Victrelis s’administre par voie orale à la dose de 800 mg (soit 4 gélules) trois fois par jour au cours d’un repas ou d’un encas. Aucune adaptation posologique n’est nécessaire chez l’insuffisant rénal ou hépatique.
• Quel que soit le statut virologique des patients, le traitement débute par un mois de bithérapie peginterféron alfa-ribavirine. Est ensuite ajouté Victrelis pour des durées variables en fonction du statut virologique.
• Chez les patients non cirrhotiques, non préalablement traités et dont le taux d’ARN-VHC n’est détectable ni aux semaines 8 et 24 de traitement, la durée totale de traitement est de 28 semaines.
Pour tous les autres patients non cirrhotiques – naïfs de traitement ou en échec à un précédent traitement –, le traitement dure 48 semaines : après la première phase en bithérapie, Victrelis est ajouté et cette trithérapie est administrée pendant 32 semaines. Ensuite, la bithérapie est encore poursuivie pendant 12 semaines.
Chez les patients cirrhotiques et répondeurs nuls, la durée du traitement est de 48 semaines, comprenant d’abord 4 semaines de bithérapie puis 44 semaines de trithérapie.
Contre-indications
• Victrelis ne doit pas être prescrit en cas d’hépatite auto-immune.
• Les gélules contenant du lactose, les patients intolérants au galactose, souffrant d’un déficit en lactase de Lapp et d’une malabsorption du glucose-galactose ne doivent pas prendre ce médicament.
Grossesse et allaitement
• Victrelis est contre-indiqué chez la femme enceinte. Les patients traités et leurs partenaires doivent utiliser deux méthodes contraceptives efficaces durant le traitement.
• Faute de données sur le passage du bocéprévir dans le lait maternel, l’allaitement n’est pas compatible avec la prise de ce médicament.
Effets indésirables
Les anémies et les neutropénies sont avec la fatigue, les nausées, les céphalées et une dysgueusie les effets indésirables les plus fréquemment survenus au cours des essais cliniques. Victrelis accroît le risque d’anémie et de neutropénie également associé à la prise de la bithérapie peginterféron-ribavirine. Les dysgueusies sont propres au bocéprévir. En cas d’anémie, la posologie de la ribavirine peut être abaissée ou bien de l’érythropoïétine administrée.
Interactions médicamenteuses
Le bocéprévir est un puissant inhibiteur du cytochrome CYP3A4/5. Ce même cytochrome assure en partie son métabolisme.
• Il ne faut pas associer le bocéprévir à des médicaments dont la clairance dépend du cytochrome CYP3A4/5 et dont l’élévation de la concentration plasmatique peut engendrer des événements graves : midazolam ou triazolam per os, bépridil, pimozide, luméfantrine (Riamet, disponible uniquement à l’hôpital), halofantrine, inhibiteurs de tyrosine-kinase et dérivés de l’ergot de seigle.
• La prise concomitante de Victrelis et de rifampicine, de phénytoïne, de phénobarbital ou de carbamazépine doit être évitée.
• Victrelis ne doit pas être associé aux combinaisons darunavir-ritonavir ou lopinavir-ritonavir. Une surveillance du VIH est recommandée en cas d’association de Victrelis au duo atazanavir-ritonavir.
• La prudence s’impose en cas de prise concomitante de médicaments allongeant l’intervalle QT.
• Une surveillance thérapeutique est également préconisée en cas d’association à un immunosuppresseur, une statine ou la méthadone.
Conservation
A l’officine, Victrelis se conserve au réfrigérateur. Au domicile du patient, le traitement peut être gardé à température ambiante pendant trois mois au maximum, à défaut au réfrigérateur.
FICHE TECHNIQUE
Bocéprévir 200 mg pour une gélule.
Boîte de 336 gélules (4 étui de 84), remb. SS à 65 %, 3313,88 €, AMM : 419 467.9.
MSD France 01 80 46 40 40
L’AVIS DE LA HAS
→ Service médical rendu important.
→ Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) chez l’adulte non préalablement traité et modérée (ASMR III) chez l’adulte en échec de traitement en l’absence de décompensation hépatique.
→ Population cible : de l’ordre de 68 000 patients.
Dites-le au patient
– Prendre Victrelis en mangeant.
– En cas d’oubli d’une prise, le patient doit prendre la dose oubliée (avec de la nourriture) seulement s’il reste au moins deux heures avant la prise suivante.
– Conserver le traitement au réfrigérateur ou à température ambiante inférieure à 30°C pendant un maximum de 3 mois.
DÉLIVRANCE
→ Liste I.
→ Médicament soumis à une prescription hospitalière.
→ Prescription réservée aux spécialistes en gastroentérologie et hépatologie, en médecine interne ou en infectiologie.
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)
Bocéprévir : une réponse virologique soutenue dans le temps
Le bocéprévir (Victrelis) est proche du télaprévir (Incivo). L’avis de la Commission de la transparence repose sur trois études randomisées en double aveugle de phase III évaluant l’association bocéprévir/peginterféron alfa (a ou b) et ribavirine versus placebo/peginterféron alfa et ribavirine. Pour s’en tenir à l’essentiel, l’association du bocéprévir au peginterféron alfa2b/ribavirine (BPR ou BPR-TGR : traitement guidé par la réponse c’est-à-dire selon la réponse du patient au traitement aux semaines S8 et S24) s’est traduite par une augmentation de la réponse virologique soutenue (charge virale indétectable à la 24e semaine de suivi) par rapport à la bithérapie peginterféron alfa2b/ribavirine (PR).
– Chez des adultes non préalablement traités (étude Sprint2, 1 099 patients), elle a permis d’obtenir une réponse virologique soutenue 37,8 % dans le bras « PR » versus 66 % ou 63 % dans les bras « BPR » et « BPR-TGR ». Le pourcentage de rechute a été respectivement de 22 % versus 9 % pour les deux bras bocéprévir.
– Chez des adultes rechuteurs ou répondeurs partiels à un traitement antérieur (étude Respond2, 404 patients), les taux ont été respectivement de 21 % (bras « PR »), 67 % (bras « BPR ») et 59 % (bras « BPR-TGR »).
L’étude P05685 (202 patients), conduite avec le peginterféron alfa2a sur le modèle de l’étude Respond2, a livré des résultats similaires.
La HAS signale l’absence d’études portant sur des populations spécifiques (patients transplantés, coïnfectés par le VIH ou le VHB, etc.), d’autant plus que la fréquence des coïnfections est élevée et constitue un problème de santé publique reconnu.
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