LES TRÉSORS CACHÉS DE L’ORDRE
Pour la seconde année, L’Ordre a ouvert ses portes lors des journées du patrimoine. L’occasion de découvrir le charme architectural et décoratif de cet ancien hôtel particulier et d’accéder aux collections jalousement gardées. Visite guidée.
L’Ordre des pharmaciens, créé en mai 1945, a d’abord séjourné square de Luynes dans le VIIe arrondissement de Paris. C’est en 1951 qu’il s’installe au 4, avenue Ruysdael dans un hôtel particulier du parc Monceau. En 1975, l’Ordre acquiert le numéro 6 de la même avenue, dont l’entrée possède une voûte identique au numéro 4.
L’hôtel particulier du n° 4 appartint à Gaston Menier, héritier des fondateurs de la chocolaterie du même nom. Il y fit construire dans la cour un pavillon au décor normando-mauresque. Un mélange qui témoigne du goût éclectique des Menier, que l’on retrouve également dans les demeures jouxtant le parc Monceau, où se côtoient une pagode chinoise rouge vif et le très épuré hôtel de Moïse de Camondo au style néogothique hyperclassique, abritant aujourd’hui le musée des Arts décoratifs – Nissim de Camondo.
Autour du parc règne une atmosphère propice aux arts et à la culture.? La princesse Mathilde, fille du plus jeune des frères de Napoléon, qui habitait à deux pas des Menier, recevait toute la fine fleur de la littérature du XIXe siècle, dont Flaubert et Maupassant.
Gaston Menier écrivait des pièces de théâtre qu’il produisait et mettait en scène au dernier étage du pavillon mauresque où il s’était fait construire un théâtre d’une centaine de places.
L’hôtel particulier de l’Ordre comporte une enfilade de quatre salons (un minimum pour recevoir !) : le salon d’angle donne sur le parc Monceau et l’avenue Ruysdael ; le salon de marbre est l’ancienne salle à manger ; le salon de bois, resté dans son jus, possède de superbes boiseries supportant des miroirs du XVIIIe siècle ; enfin, le salon de pierre comporte une cheminée monumentale et sa porte-fenêtre s’ouvre sur le jardin.
Cet escalier décoré en mosaïques de pâtes de verre vénitiennes date de 1879.
Plus sobre, cet escalier de pierre n’en est pas moins spectaculaire. Il dessert les étages du n° 4 de l’avenue Ruysdael et date de la fin du XIXe siècle.
Dans un style un peu clinquant, Gaston Menier a fait créer une douzaine de panneaux représentant des scènes de la mythologie. Jupiter, Zeus, Poséidon, Héra ou Junon y prennent place.
Au rez-de-chaussée, sous une verrière, se niche un petit musée privé. Manuscrits, ouvrages anciens, dont des incunables, gravures et estampes y constituent une très intéressante collection de pharmacopées, codex, formulaires et livres de recettes rassemblée par Henri Leclerc, historien de la pharmacie, et Maurice Bouvet, un collectionneur. Dominique Kassel, la responsable des collections d’histoire de la pharmacie, gère ce patrimoine depuis vingt ans. Elle montre ici l’une de ses pièces préférées : une édition d’une pharmacopée italienne datant de 1574 à la magnifique page de titres-frontispices où figurent les armes des Médicis.
En 1997, l’Ordre récupère le droguier de Jean-Antoine Brutus Menier, grand-père de Gaston, qui fonda la maison Menier en 1816, spécialisée dans la fabrication et la vente de produits pharmaceutiques. Jean-Antoine Brutus passa son diplôme de pharmacien à 44 ans ! Un droguier désigne à la fois le cabinet ou l’armoire à drogues et la collection de bocaux contenant les médicaments, rangés dans un ordre méthodique. Le droguier Menier se compose de 793 bocaux de drogues simples, donc licites, végétales, minérales ou animales qui représentent l’échantillonnage de toutes les substances utilisées au XIXe siècle par les pharmaciens pour fabriquer leurs remèdes. Objet phare des collections de l’Ordre, on trouve dans ce droguier épices, condiments, plantes tinctoriales, tous les quinquinas exploités par Pelletier et Caventou et toutes les variétés de cacao exploitées par Emile-Justin Menier, fils de Jean-Antoine Brutus. Après ses études de pharmacie, Emile-Justin démocratisera le chocolat et vendra la branche pharmaceutique de l’entreprise Menier à son concurrent François Dorvault, fondateur de la Pharmacie centrale de France.
Ce meuble remonte à la création de la pharmacie Stahl de Barr (Bas-Rhin) en 1707 ! La partie inférieure est dans son décor de l’époque avec les peintures vertes à l’assiette, les noms des plantes… Les matières séchées (plantes, parties animales, substances minérales) étaient contenues directement dans les tiroirs ou dans les boîtes de pharmacie en bois appelées silènes, parfois creusées directement dans le tronc d’un arbre.
Dominique Kassel déballe ici des automates de la fin du XIXe siècle représentant un apothicaire et Diafoirus, le fameux médecin du Malade imaginaire. « Mon travail consiste aussi à dénicher dans des greniers des bandes Velpeau ou molletières de la Première Guerre mondiale taillées dans des draps », explique-t-elle.
Un grand nombre de dons parviennent à l’Ordre : « Les personnes nous proposent ce dont elles ne savent que faire : factures, ordonnanciers… », indique Dominique Kassel, qui montre ici une affichette présentant un système pour garder au chaud les aliments. « Tout est important pour mieux comprendre l’histoire, et il faut se montrer extrêmement sélectif et ordonné. » La conservatrice travaille en collaboration avec d’autres musées et bibliothèques.
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