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« La profession a toujours su réagir »
Alain Delgutte, pharmacien depuis 1987 et titulaire d’une officine dans la Nièvre, a été élu président du conseil central de la section A de l’Ordre des pharmaciens le 11 juin dernier. Il succède à Jean-Charles Tellier, qui n’était pas candidat à sa propre succession. Interview du nouveau représentant des pharmaciens titulaires.
LE MONITEUR : Quelles sont les priorités de votre mandat ?
ALAIN DELGUTTE : J’ai trois priorités pour les trois ans à venir : assumer nos missions ordinales, sécuriser notre exercice et « réenchanter » le métier. Dans le premier volet, il s’agit d’assurer une veille sur ce qu’il se passe au niveau de l’Union européenne. Les décisions européennes ont des conséquences de plus en plus importantes sur le plan national.
Il s’agit également de mettre en œuvre le suivi du développement professionnel continu et d’inciter les confrères à se former dans ce cadre. Il faut leur faire comprendre son intérêt. Nous attendons encore des textes, mais nous menons déjà une réflexion sur la communication sur le développement professionnel continu auprès des pharmaciens. Il y a également la mise en place du dispositif * qui permettra aux pharmaciens de déclarer les formations suivies en 2012. Ceux qui auront suivi une formation recevront une lettre de « félicitations ». Les autres recevront une lettre d’alerte et de motivation. Il n’y aura pas de sanction pour 2012. Enfin, nous devons former les conseillers ordinaux à la conciliation suite à la parution au J.O. le 8 mai dernier du décret sur le sujet. Décret qui permet d’observer désormais une phase de conciliation entre le pharmacien ou le patient plaignant et le pharmacien poursuivi, avant d’aller devant la chambre de discipline. C’est un nouveau rôle. Nous allons mettre en place une formation e-learning adaptée qui devrait être accessible fin 2012.
Qu’entendez-vous par « sécuriser l’exercice » ?
Ce point concerne des sujets récurrents comme l’arrêté sur la préparation des doses à administrer [PDA, NdlR] et les EHPAD et des projets d’arrêtés sur un guide des bonnes pratiques et sur une convention type avec les EHPAD. En matière de PDA, il faut que nous ayons des règles du jeu rapidement. Beaucoup de pharmaciens font bien, d’autres non. Et beaucoup ne se lancent pas dans la PDA faute de règles. Ce sujet est urgent et nous y travaillons. Nous sommes aussi préoccupés par le décret sur les SPF-PL. S’il est publié, nous devrons réagir rapidement. Autres sujets : l’e-prescription que l’Assurance maladie veut mettre en place et la certification des logiciels d’aide à la dispensation.
Vous dites vouloir « réenchanter le métier ». C’est-à-dire ?
Il faut accompagner les pharmaciens dans le cadre des nouvelles missions de la loi HPST et nous réfléchissons sur ce sujet. Ne faut-il pas aussi communiquer auprès de la clientèle sur ces nouvelles missions ? C’est une question. Mais tous les textes concernant la loi HPST ne sont pas sortis. Nous sommes aussi en attente des avenants à la convention pharmaceutique sur le suivi des patients sous anticoagulants oraux et des patients asthmatiques. Tout cela va se mettre en place en 2013. Ce troisième objectif comprend également le maillage officinal et le rôle des pharmaciens du fait de l’absence de certains professionnels de santé. Nous avons été invités à la dernière réunion de l’observatoire, lequel a été mis en place par la convention pharmaceutique. Nous allons présenter notre logiciel de cartographie. Nous sommes partenaires des syndicats. Enfin, nous travaillons sur les études de pharmacie. Il faut déjà que nous fassions un état des lieux objectif sur la PACES [première année commune des études de santé, NdlR]. L’Ordre a réalisé un film pour les étudiants intitulé Pharma, c’est pour moi !. Des réunions d’informations ont eu lieu en région, mais nous sous sommes rendu compte que l’information n’était pas faite de la même façon partout en France. Il faut essayer d’uniformiser la présentation de la filière.
D’autres sujets vous préoccupent encore ?
Oui, par exemple, les SISA [sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires, NdlR] dont les pharmaciens sont écartés en raison de la TVA qu’ils acquittent. Nous avons interpellé les députés sur cette aberration. Nous suivons également le problème des quotas d’alcool qui n’ont toujours pas été fixés. Enfin, nous poursuivons nos autres actions comme celles de lutter contre l’exercice illégal de la pharmacie.
Etes-vous optimiste pour l’avenir de la profession ?
J’ai confiance en la profession, car elle a toujours su réagir. Elle a cette volonté. Cela va bouger. Je reprends la devise de Danton : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ».
* Voir page 32.
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