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- LES 15 QUI ONT FAIT 2012
XAVIER BERTRAND Ex-ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé
Interviewé par Le Moniteur en pleine campagne électorale pour la présidentielle, Xavier Bertrand paraît fatigué, stressé et impatient. Dans son entretien « bilan », le ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy s’avère cependant satisfait par la signature de la nouvelle convention pharmaceutique. Il est vrai que celui que l’on qualifiait de « ministre des médecins » a toujours soutenu les pharmaciens dans leur souhait d’évolution du métier et de leur mode de rémunération. Le ministre, constamment en lien avec Frédéric Van Roekeghem, suit toutes les négociations conventionnelles. C’est lui qui décide d’accorder une marge plus importante sur les grands conditionnements, une condition demandée par les syndicats de pharmaciens lors des négociations avec l’Assurance maladie. Même si Xavier Bertrand reste sur ses positions : les Français consomment trop de médicaments, les prix des produits sont trop élevés et les médicaments au service médical rendu insuffisant doivent être déremboursés. Il ne répond pas non plus à toutes les demandes des pharmaciens : le décret sur les holdings ne paraît pas, les textes sur la préparation des doses à administrer ou la rétrocession non plus. Le ministre fait un dernier geste en faveur de la profession avant son départ en adressant un courrier à la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique pour rappeler à l’ordre les grossistes-répartiteurs qui facturent des frais de livraison aux officines.
FRÉDÉRIC VAN ROEKEGHEM DIRECTEUR DE L’UNCAM ET DE LA CNAMTS
Frédéric Van Roekeghem est un vrai politique et un négociateur infatigable. Directeur général de la CNAMTS, il participe à toutes les réunions avec les syndicats de pharmaciens et n’hésite pas à passer une nuit entière avec eux pour aboutir à un texte conventionnel consensuel. Il réitère d’ailleurs avec les médecins (21 heures de négociations) pour parvenir à un accord sur les dépassements d’honoraires. Ce serviteur de l’Etat, pour lequel économies doivent rimer avec efficience, désormais en lien avec Marisol Touraine, reste incontournable. C’est lui qui va encore mener les négociations avec les représentants de la profession pour définir les modalités des honoraires de dispensation et celles de l’accompagnement des patients sous anticoagulants oraux.
PHILIPPE GAERTNER PRÉSIDENT DE LA FSPF
« C’est l’un des moments les plus importants des dernières décennies pour la pharmacie française ! », a déclaré Philippe Gaertner le 29 mars suite à l’assemblée générale de la FSPF qui a voté à l’unanimité la signature de la convention pharmaceutique. Le président du syndicat porte en effet ce projet de longue date et croit fermement que les nouveaux modes de rémunération des pharmaciens vont donner au réseau officinal un nouveau souffle. Il reste sur ses positions, fort de la représentativité de la FSPF, premier syndicat de pharmaciens.
GILLES BONNEFOND Président de l’USPO
« C’est une convention de rupture et d’envergure. » Gilles Bonnefond, président du syndicat « outsider », ne ménage, comme ses concurrents syndicalistes, jamais sa peine pour défendre les pharmaciens. Il se bat également pour un nouveau mode de rémunération et l’introduction d’honoraires de dispensation, même si ses positions divergent de celles de la FSPF. Il maintient aussi le cap sur les dossiers qu’il considère importants : les frais de livraison facturés par les grossistes, les TFR et avant tout « un contrat avec l’Etat » assurant une enveloppe financière au réseau officinal.
BERNARD DEBRÉ UROLOGUE, DÉPUTÉ UMP ET COAUTEUR DU « GUIDE DES 4 000 MÉDICAMENTS UTILES, INUTILES OU DANGEREUX »
Bernard Debré est un vieux complice de Philippe Even. Les deux professeurs de médecine ont déjà commis plusieurs ouvrages ensemble pour dénoncer notamment le lobbying des laboratoires pharmaceutiques. Lors de l’affaire du Mediator, Bernard Debré n’a pas hésité à aller voir son ami Nicolas Sarkozy pour faire valoir son expertise. Le député UMP a ainsi remis un rapport sur le Mediator en mars 2001 rédigé avec… Philippe Even, mettant notamment en cause l’ex-Afssaps et la Haute Autorité de santé. Les deux auteurs prônaient déjà le déremboursement total des médicaments « qui ne valent rien ».
Christian Lajoux Président du Leem et président de Sanofi-Aventis France
Président du Leem depuis 2006, Christian Lajoux a dû encore monter au créneau cette année. L’industrie pharmaceutique n’a pas fini de payer l’affaire du Mediator, mais également ses taux de croissance, même si ces derniers ne sont plus à deux chiffres. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 enfonce le clou. Pour Christian Lajoux, l’industrie pharmaceutique française est en danger : son chiffre d’affaires, ses emplois, sa recherche et son développement. D’où, en octobre 2012, une nouvelle campagne d’information dans la presse régionale quotidienne « afin de rappeler que l’industrie du médicament est un atout stratégique pour la France ». Sur le départ (un nouveau président du Leem a été désigné le 4 décembre), Christian Lajoux a signé un livre qui résume son message : Médicament : l’état d’urgence.
DOMINIQUE MARANINCHI Directeur général de l’ANSM
Nommé en 2011 à la tête de l’Afssaps, après le scandale du Mediator, Dominique Maraninchi a été renouvelé dans ses fonctions à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui remplace l’Afssaps. En charge de réorganiser l’agence et de rendre plus transparent son fonctionnement, ce cancérologue a surtout brillé cette année par son silence lors des polémiques sur le générique. A l’exception de quelques remarques lors de conférences de presse ou d’interviews, Dominique Maraninchi n’a pas pris une seule position clairement affirmée au nom de l’ANSM sur la qualité des génériques. Une attitude que lui reproche la profession pharmaceutique. Quant au livre de Bernard Debré et de Philippe Even, le directeur général de l’ANSM a réagi tardivement, un mois après sa parution et dans une interview donnée à Libération, en défendant notamment le rôle de l’agence et « le bon usage du médicament ».
Marisol Touraine Ministre de la Santé
Elle a haussé le ton. Les négociations étaient au point mort, les syndicats avaient quitté la table, elle les a rattrapés par la manche. Jusque-là, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé n’avait pas fait de bruit. Mais cet accord sur les dépassements d’honoraires, elle le voulait. Et pas n’importe comment, « en négociant ». « On m’a conseillé de passer par le législatif mais ce n’est pas dans mes habitudes », avait-elle rassuré lors de la journée de rentrée du Centre national des professions libérales de santé. Accord sous influence ? Accord il y a eu, même si au bout du compte personne n’en est vraiment satisfait. Après ce démarrage feutré en 2012, on attend la suite, et notamment une vraie loi de santé publique comme elle l’a promise : « pacte de confiance » pour l’hôpital, « grande loi d’accès aux soins » dont on ne connaît pas les contours, réforme de la tarification à l’activité ou encore service public d’information sur la santé.
PASCAL BRIÈRE PRÉSIDENT DU GEMME
Avec la réactivation du dispositif « tiers payant contre génériques », suite à la signature de la convention pharmaceutique, les génériques se sont retrouvés sur le devant de la scène en 2012. L’accord, qui vise à atteindre un taux national de substitution de 85 %, a-t-il permis de relancer le générique ? Pascal Brière, président du Gemme, sonne l’alerte : « Certes, le marché se développe, mais pour autant le dispositif n’est pas forcément le meilleur car il évolue dans un climat de contrainte. » Les pharmaciens devront donc « convaincre les patients de la qualité et de l’efficacité des génériques, sinon ce ne sera qu’un feu de paille ».
CATHERINE LEMORTON Présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale
En juin, la bouillonnante pharmacienne, députée PS de la première circonscription de Haute-Garonne, a été désignée par le groupe socialiste présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Un poste de confiance et de reconnaissance puisqu’elle a travaillé sur les « relations avec les professionnels de santé » aux côtés de Marisol Touraine pendant toute la campagne présidentielle de François Hollande. Rapporteuse de la mission parlementaire sur le médicament en 2008, la députée avait dénoncé le manque de transparence de fixation des prix et le lobbying pharmaceutique. Elle appelle de ses vœux des réunions régulières du Conseil stratégique des industries de santé et navigue, comme tous les décideurs politiques, entre économies et sécurité. « Jérôme Cahuzac ne doit pas perdre de vue que nous sommes un des pays où il y a le moins de contrefaçon. C’est parce qu’il y a une sécurité de la chaîne d’approvisionnement : or, elle a un prix », déclarait-elle le 5 octobre dernier à L’Usine nouvelle. Elle le redira le 13, au Moniteur.
Christian Saout
En octobre, Christian Saout a annoncé sa démission du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS), qu’il présidait depuis 2007. L’ancien président d’AIDES, magistrat au tribunal administratif de Nîmes, avait obtenu une mise à disposition par le Conseil d’Etat, vacance à laquelle Xavier Bertrand avait mis fin à l’été 2011. Mise à l’écart forcée ? Christian Saout avait dû alors reprendre sa charge à temps plein, la fonction devenant incompatible avec son engagement associatif. Lui qui avait dénoncé une année des patients 2011 sans avancée majeure, déplorait, à l’automne, que la proposition du CISS de créer un fonds pour financer la représentation des usagers ne soit pas inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 : « Après dix ans de purge, à peine relevés par les années Bachelot qui avait au moins de la considération pour ce que nous exprimions, nous n’attendions pas que l’on nous claque la porte au nez au lendemain du 6 mai 2012. » Christian Saout, connu pour son ton sarcastique, a annoncé qu’il continuera à se battre pour la reconnaissance des droits des usagers sous d’autres formes, comme un livre, des articles ou un blog.
MICHEL LEGMANN PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES MÉDECINS
L’année de Michel Legmann n’a pas commencé sous le signe de la confraternité. Lors de la présentation de ses vœux à la presse, le 26 janvier, le président du Conseil national de l’ordre des Médecins – élu en 2007 – avait exprimé ses doutes sur la capacité des pharmaciens à mener à bien leurs nouvelles missions (comme la prise de tension ou la mesure de la glycémie) et sur leur indépendance. La provocation méprisante avait ulcéré ces derniers. Nouvelle levée de boucliers, en mai – au sein de sa profession cette fois –, lorsque ce proche de Nicolas Sarkozy, électroradiologiste libéral et par ailleurs adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine, délégué aux professions libérales et à la sécurité, propose de plafonner les dépassements d’honoraires et d’encadrer l’installation des jeunes médecins. Une tentation coercitive sur laquelle il opérera un virage à 180 degrés à la rentrée, s’opposant vivement à la procédure de sanction proposée en cas de dépassements d’honoraires abusifs, dans le cadre des négociations entre l’Assurance maladie, les complémentaires et les syndicats.
Michel Caillaud Ex-président de l’UNPF
Président de l’UNPF durant quelques mois, Michel Caillaud a néanmoins participé à l’élaboration de la convention pharmaceutique et à sa signature. « Moyennement satisfait » par le texte, Michel Caillaud reste sceptique sur l’avenir du réseau officinal. L’UNPF n’a en effet jamais soutenu les honoraires de dispensation. Mais ce n’est pas lui qui signera ou non les prochains avenants : il a passé la main à Françoise Daligault le 11 juin 2012.
Etienne Caniard Président de la Mutualité française
« L’objectif majeur des mutuelles est le “zéro renoncement aux soins” », a affirmé Etienne Caniard, le 20 octobre, lors de son discours d’ouverture du 40e congrès de la Mutualité française qu’il préside depuis 2010. Pour cela, les complémentaires santé, présentes dans les négociations qui ont abouti à l’accord sur les dépassements d’honoraires, sont prêtes à débourser : « Entre 150 à 175 millions d’euros, soit la moitié de ce que l’Assurance maladie est prête à mettre sur la table, pour revaloriser les tarifs opposables de base (…). C’est un effort considérable qui permettra de dégager des marges de manœuvre pour l’Assurance maladie et limitera les dépassements qui s’élèvent aujourd’hui à 2,4 milliards et dont nous prenons en charge 800 millions », a annoncé Etienne Caniard le 17 octobre dans Le Figaro. La Mutualité française s’est associée à MG-France pour considérer dans un communiqué commun que l’accord signé le 25 octobre 2012 constituait une première marche essentielle pour aller vers une modernisation de la médecine ambulatoire.
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