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LA RÉPARTITION VEUT UN FORFAIT
Le 30 janvier, devant la commission des Affaires sociales du Palais-Bourbon, Hubert Olivier, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), a annoncé vouloir évoluer rapidement vers une forfaitisation à la boîte. Et de citer en référence le modèle allemand.
Il faut déconnecter pour partie nos ressources de l’évolution du prix et de la valeur du médicament. » Il ne s’agit pas de propos de pharmaciens d’officine, mais de ceux d’Hubert Olivier, président de la CSRP. Le 30 janvier, lors de son audition par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, présidée par Catherine Lemorton, députée PS, Hubert Olivier a annoncé la volonté des grossistes-répartiteurs de changer de mode de rémunération. Alors que leur marge a déjà été modifiée le 1er janvier 2012. Mais cette modification n’a pas a priori apporté la stabilité espérée de leurs ressources. « Depuis dix ans, la marge n’a cessé de baisser en valeur absolue », a expliqué Hubert Olivier aux députés présents. Un phénomène qui s’est accéléré en 2012 en raison de la baisse du marché du médicament en France (– 3,3 %), « de l’impact de la nouvelle marge, moins productive », et de « l’essor important du générique ». Sans oublier les ventes directes, qui représentent 37 % des volumes totaux de vente de médicaments. « Une spécificité française, une anomalie par rapport à l’Europe », a souligné le président de la CSRP, qui a évoqué 15 % de ventes directes en Allemagne et une moyenne européenne qui se situe entre 10 et 12 %. Et par conséquent un manque à gagner important pour le secteur de la répartition (voir infographie ci-contre).
50 millions sur les génériques et un forfait à la boîte
De fait, les répartiteurs voient leurs profits diminuer. Hubert Olivier a ainsi indiqué que chaque boîte de médicament remboursable non génériqué distribuée génère un profit de 3 à 5 centimes, alors qu’une boîte de génériques entraîne une perte de 9 à 16 centimes. « Lorsque vous prenez la péréquation de l’ensemble de ces produits, nous sommes arrivés à un résultat égal à quasiment zéro », a-t-il relevé. Et d’enfoncer le clou : « Notre profession met en œuvre ses obligations de service public sans gagner d’argent ». D’après les prévisions de la CSRP, à partir de 2013, la Répartition sera en perte d’exploitation sur son activité de service public. Et, à partir de 2015, elle ne sera « plus en mesure de générer un équilibre économique » sur l’ensemble de ses activités.
Pour faire face à cette situation, Hubert Olivier a exprimé deux demandes aux députés. La première, « immédiate et urgente », est d’obtenir 50 millions d’euros sur les génériques, soit 10 centimes par boîte sur les 500 millions de boîtes qui seront livrées en 2013. « Il faut trouver une mesure pour permettre d’accroître la rémunération du répartiteur », a-t-il fait valoir. La seconde demande concerne une forfaitisation à la boîte inspirée du modèle allemand afin de stabiliser les ressources des répartireurs. « Notre marge est de 6,68 %. En Allemagne, ils ont un forfait fixe de 70 centimes par boîte et une marge de 3,36 %. Notre revenu à la boîte est de 60 centimes par boîte. Nous sommes déjà en dessous du forfait allemand », a fait remarquer le président de la CSRP.
La Répartition veut alerter les pouvoirs publics
Sera-t-il entendu ? Emmanuel Déchin, secrétaire général de la CSRP, a confirmé au Moniteur que la Chambre avait déjà adressé un courrier au ministre de la Santé et à Bercy le 10 décembre dernier. Si Marisol Touraine n’a pas encore répondu, la CSRP a été reçue par le cabinet de Jérôme Cahuzac. Et devrait rencontrer d’autres interlocuteurs. « La situation de la Répartition aujourd’hui est mal connue, explique Emmanuel Déchin. Nous sommes dans une phase de sensibilisation, de pédagogie et d’alerte. » Faut-il encore pouvoir entamer des discussions avec les pouvoirs publics. « Les pouvoirs publics veulent faire des économies sur les médicaments. Les laboratoires sont très forts pour faire du lobbying en mettant en avant les emplois et l’outil industriel. Les pharmaciens aussi avec leur présence sur le territoire. Le maillon faible c’est la Répartition, dont la position n’est pas claire en raison de ses autres activités, analyse Emmanuel Sève, directeur d’études chez Xerfi-Precepta. La forfaitisation peut être une solution judicieuse pour les répartiteurs, un moyen de clarifier leur rôle de service public et de le valoriser. La question est de savoir si les pouvoirs publics sont prêts à financer leur mission de service public ou s’ils estiment que la répartition gagne de l’argent avec ses autres activités. »
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