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Les lactobacilles

Publié le 2 mars 2013
Par Damien Lacroix
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Qu’est-ce que c’est ?

• Les lactobacilles sont des bactéries anaérobies facultatives à gram positif. Ils font partie de la famille des probiotiques.

Où les trouve-t-on ?

• Différentes espèces de lactobacilles sont naturellement présentes dans le tractus digestif et le vagin. La plus commune dans la bouche est Lactobacillus acidophilus, qui cohabite avec L. bifidus dans l’intestin (cette espèce constitue l’essentiel de la flore intestinale du nourrisson). Dans le vagin, le bacille de Döderlein (L. acidophilus vaginalis) est prédominant. Une partie des germes présents dans le vagin proviendrait du tube digestif.

• Les lactobacilles servent à la fabrication des yaourts par fermentation.

Quel est leur rôle ?

• Les lactobacilles produisent de l’acide lactique et du peroxyde d’hydrogène (H2O2) qui inhibent la plupart des germes pathogènes au niveau vaginal tels que Gardnerella vaginalis et Mycoplasma hominis.

• Dans le tractus digestif, ils empêchent physiquement le développement des germes pathogènes : c’est l’effet de barrière.

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• Ils stimulent les fonctions immunitaires de l’organisme (favorise la production d’anticorps). Le rôle de l’immunité au niveau digestif est encore mal compris mais semble impliqué dans le développement des allergies.

• Ils participent également à la digestion du lactose, l’absorption des vitamines du groupe B, de la vitamine K, des acides gras et des minéraux comme le calcium.

Dans quelles situations sont-ils indiqués ?

• Les lactobacilles sont efficaces en prévention des diarrhées iatrogènes induites par un traitement antibiotique. Leur intérêt est en revanche modeste en traitement des autres diarrhées aiguës.

• Dans le syndrome de l’intestin irritable, les lactobacilles diminuent le nombre de selles liquides. Les lactobacilles inactivés, c’est-à-dire non revivifiables, sont également efficaces mais leur mode d’action reste mal connu (effet barrière, apport en éléments nutritifs favorables à la croissance d’autres bactéries lactiques…).

• L’intérêt de la supplémentation en lactobacilles a été suggéré chez les femmes atteintes de vaginites et de cystites bactériennes récidivantes. L’allégation retenue pour les produits utilisés par voie orale est « protection de la flore vaginale » (Bion Flore intime, Lactibiane Cnd…). Il existe également des tampons imprégnés (Florgynal tampons probiotiques…) à utiliser en période de menstruations.

Quelles sont les doses adaptées ?

• La supplémentation doit apporter environ 10 milliards de bactéries par jour, en cure de une à deux semaines. A titre de comparaison, un yaourt apporte entre 5 et 10 milliards de germes.

• Pour les compléments alimentaires, il faut vérifier que la souche est identifiée (nutrivigilance) et que le dosage des unités de prise est cohérent avec la dose quotidienne proposée.

• Deux médicaments contiennent des lactobacilles. Bacilor en sachet (1 à 4/j), à partir de 2 ans ; existe en gélule pour l’adulte (2 à 8/j). Lactéol est indiqué chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte à la même posologie (1 à 2 sachets par jour, 2 à 4 gélules de Lactéol ou 1 à 2 de Lactéol Fort).

Quels sont les risques ?

• Une étude a évoqué le développement de l’obésité comme effet indésirable chez les enfants supplémentés en probiotique. Ce résultat n’a pas été confirmé et les différentes études publiées à ce jour divergent.

• L’utilisation est déconseillée en cas d’immunodépression, de maladie inflammatoire intestinale à un stade avancé ou de cirrhose en raison du risque de passage dans la circulation générale. Elle est également à éviter chez la femme enceinte en raison du manque de données.

À RETENIR

• La consommation d’alcool, de sucres rapides, d’aliments carnés, une antibiothérapie et les infections (salmonelles, shigelles…) peuvent déséquilibrer la flore digestive.

• Les lactobacilles peuvent être proposés à des patients souffrant de troubles digestifs fonctionnels ou qui ont un traitement antibiotique (en cas d’antécédent de diarrhée iatrogène), ou lors du traitement d’une vaginose bactérienne.

A.L. Tarrerias et al., « Effets des lactobacilles inactivés sur la sévérité des symptômes : observatoire sur 297 patients IBS diarrhéiques », Digestive Diseases 2011 ; 29:558-91 ; Dr Pierre Champy, « Probiotiques et prébiotiques », DIU, Paris-Descartes 2011-2012 ; « Pancréatites aiguës sévères traitées par probiotiques : surmortalité dans un essai », Prescrire, 2009 ; 29 (309) : 511-512.