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TROIS CONSEILS POUR REJOINDRE UNE MAISON DE SANTÉ
Introduites dans le Code de la santé publique en 2007, les maisons de santé pluriprofessionnelles sont ouvertes aux pharmaciens depuis 2001. L’opportunité pour eux de faire évoluer leur métier tout en percevant de nouvelles rémunérations. Un enjeu de taille symbolisé par l’éducation thérapeutique du patient.
S’installer à proximité d’autres professionnels de santé (médecins, kinés, infirmiers…) afin de développer un projet de santé commun. Telle est la raison d’être des maisons de santé. Y sont déclinées des activités de soins de premier recours, des actions de santé publique, de prévention, d’éducation pour la santé et des actions sociales. Reconnu et validé par l’agence régionale de santé (ARS), le projet donne lieu à une rémunération en contrepartie des actions menées, qui sera répartie entre les professionnels. Il appartient au pharmacien de se lancer dans l’aventure de manière avisée.
1 Suivre une formation conforme au référentiel
Le forfait versé à la maison de santé s’élève à 250 € par patient suivi et par an. Il couvre les réunions de coordination entre professionnels visant à organiser les actions, les séances d’éducation thérapeutiques du patient (ETP) et l’équipe de soins de premier recours en suivi de cas complexe (ESPREC). En l’absence de réglementation précisant les modalités de la répartition du forfait, il est primordial que les professionnels s’entendent. « Pour notre part, nous les rémunérons tous de manière égale, soit 37 euros de l’heure pour les réunions de coordination et 50 euros de l’heure pour les séances d’ETP ? », indique Laurent Verniest, médecin à la maison de santé de Steenvoorde (Nord). Après avoir suivi une formation conforme au référentiel de la HAS (http://bit.ly/13TIOAZ), Isabelle Bataille, titulaire à Steenvoorde, s’est engagée dans le programme d’ETP lancé par la maison de santé auprès du patient diabétique de type II. Pour ses 40 heures de formation, elle a perçu une indemnité de 1 400 € de l’ARS destinée à couvrir les frais de son remplacement. « J’ai sensibilisé les patients diabétiques au comptoir et leur ai proposé un bilan ETP individuel ? », explique-t-elle. Ces bilans, d’une durée de 35 minutes à 1 heure, sont rémunérés de 20 à 50 €, montant prélevé sur l’enveloppe globale de la maison de santé. La pharmacienne a ensuite réalisé, des séances ETP de 2 heures pour lesquelles elle a perçu 100 € pour chacune.
L’enveloppe est amenée à évoluer avec l’évaluation de l’activité des maisons de santé. Réalisée sur la base d’indicateurs de qualité, cette évaluation pourra augmenter de 15 % le montant du budget accordé la deuxième année. Au 1er janvier 2014, les conventions conclues entre Assurance maladie et professionnels de santé pourront définir la rémunération de l’exercice pluriprofessionnel sur la base des résultats des expérimentations. « Pour l’heure, aucun reste à charge pour le patient n’existe, et nous espérons qu’il en sera de même une fois le cadre conventionnel posé », confie Brigitte Bouzige, vice-présidente de l’USPO et membre du bureau de la Fédération française des pôles et maisons de santé (FFPMS).
2 Ne pas se focaliser sur la rentabilité
Prendre part au projet requiert un investissement en temps. Ainsi, la préparation des séances d’ETP nécessite de se replonger dans les cours, puis de s’absenter de l’officine 2 h par semaine. Les plannings doivent donc être revus pour garantir la présence d’un pharmacien au comptoir. « La rémunération perçue ne permet pas de faire face à tous les remplacements, observe Isabelle Bataille. L’implication dans ces missions coûte donc plus qu’elle ne rapporte, mais il faut y voir une évolution du métier, ne pas raisonner en termes de rentabilité. » Souvent installés dans une officine séparée des locaux de la maison de santé, les pharmaciens doivent également participer aux frais de la salle de réunion mise à disposition par la mairie. Un surplus de charges évalué par certains à 25 % par rapport à celles à payer pour l’officine. « Malgré tout, le projet n’est pas de nature à désorganiser l’économie de l’officine, rassure Isabelle Bataille, sauf peut-être pour le jeune installé, pour qui la présence de l’adjoint doit être calculée à l’heure près. » Des gains financiers pourront en revanche émaner de la fidélisation liée aux actions entreprises. Sur ce point, les constats varient selon les officines. Valérie Bourrel, titulaire à Axat (Aude), a vu sa clientèle augmenter de 5 %, alors que Norbert Flaujac, titulaire à Pont-d’Ain (Ain), note quant à lui + 25 % pour son chiffre d’affaires et + 20 % pour sa clientèle. Quant à Elisabeth Krafft-Lambinet, titulaire à Brin-sur-Seille (Lorraine), elle estime à 10 % l’augmentation de sa clientèle, pour un chiffre d’affaires constant malgré la conjoncture difficile.
3 Choisir son degré d’implication
Formaliser un projet de santé, sa construction juridique (société interprofessionnelle de soins ambulatoire…), et rechercher des professionnels et des financements ne s’improvise pas. « Au départ, j’étais en contact une fois par semaine avec le médecin moteur du projet, se souvient Annie Hervé, titulaire à Saint-Ouen-des-Alleux (Ille-et-Vilaine), et des réunions avaient lieu avec le kiné, les médecins, les infirmiers et le maire pour lui démontrer les avantages du projet. » Parfois, le pharmacien n’adhère au projet qu’une fois celui-ci formalisé. Son investissement dépend alors de l’organisation définie en amont. « Les pharmaciens pourraient intervenir sur d’autres séances d’éducation thérapeutique que celle relative au traitement, explique Vincent Hulin, médecin exerçant à la maison de santé de Laventie (Ille-et-Vilaine). Mais nous privilégions le binôme d’un médecin et d’un spécialiste pour chaque sujet : un diététicien pour la séance diététique, un podologue pour celle concernant le pied du diabétique… »
La maison de santé de Steenvoorde fait quant à elle intervenir deux pharmaciens différents, en fonction de leurs disponibilités. Acteur essentiel de la maison de santé, le pharmacien est indispensable à la mise en application de certains projets, tel l’ESPREC.
Cinq étapes
• Se rapprocher des autres professionnels de santé. La maison de santé doit compter au minimum deux médecins et un professionnel paramédical (infirmier, masseur kinésithérapeute…).
• Rechercher les financements nécessaires à la mise en place du projet. Le fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins, relevant de l’agence régionale de santé (ARS), peut participer au financement des études préalables et à l’ingénierie à hauteur de 50 000 euros.
• Elaborer des actions de santé publique, de prévention, d’éducation pour la santé, des actions sociales en cohérence avec le schéma régional d’organisation des soins.
• Créer une société interprofessionnelle de soins ambulatoires conférant le statut de maison de santé. C’est à ce titre que celle-ci pourra percevoir une rémunération en contrepartie des actions menées.
• Faire valider le projet auprès de l’ARS.
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