Fiches médicaments Réservé aux abonnés

Fampyra

Publié le 20 avril 2013
Par Géraldine Galan
Mettre en favori

La fampridine s’ajoute aux médicaments de la spasticité (baclofène, dantrolène, benzodiazépines, toxine botulique A) et aux méthodes physiques (kinésithérapie, ergothérapie, appareillage, neurochirurgie, chirurgie orthopédique) dans le but d’améliorer la déambulation en cas de sclérose en plaques avec handicap à la marche. Cette molécule, nouvelle sur le marché de l’officine, est déjà utilisée dans le cadre de préparations magistrales hospitalières.

Indication

Fampyra est indiqué pour améliorer la capacité de marche des adultes souffrant de sclérose en plaques avec un handicap à la marche.

Mode d’action

La fampridine inhibe les canaux potassiques. Elle prolonge ainsi la repolarisation et favorise la formation du potentiel d’action dans les axones démyélinisés, améliorant ainsi la fonction neurologique. Elle « pourrait améliorer la conduction dans le système nerveux central ».

Posologie

• Un comprimé à libération prolongé dosé à 10 mg deux fois par jour à 12 heures d’intervalle.

• Le comprimé doit être pris en dehors des repas. Il doit être avalé entier sans être coupé, écrasé, dissous, sucé ou mâché.

• La prescription initiale doit être limitée à 2 semaines. Après ce délai, une épreuve de marche chronométrée est recommandée afin d’évaluer l’amélioration de la marche. En l’absence de progrès, le traitement doit être interrompu.

• Le traitement ne doit pas être poursuivi en l’absence de bénéfice rapporté par les patients.

Publicité

• En cas d’oubli d’une prise, le comprimé ne doit pas être rattrapé.

Contre-indications

Fampyra ne doit pas être administré chez les patients épileptiques ou ayant des antécédents d’épilepsie. Il est également contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale légère, modérée ou sévère (clairance de la créatinine < 80 ml/min).

Grossesse et allaitement

En l’absence de données, la prise de Fampyra est déconseillée au cours de la grossesse et de l’allaitement.

Effets indésirables

• L’effet indésirable le plus couramment rapporté durant les études a été une infection des voies urinaires (chez environ 12 % des patients).

• Les autres effets indésirables sont principalement neurologiques : crises d’épilepsie, insomnies, anxiété, troubles de l’équilibre, étourdissements, paresthésies, tremblements, céphalées et asthénie.

Il convient d’interrompre le traitement par Fampyra en cas de crise d’épilepsie.

Interactions médicamenteuses

Le transporteur de cations organiques OCT2 est impliqué dans la sécrétion active de la fampridine.

• Il est contre-indiqué d’associer de la fampridine avec des médicaments inhibant l’OCT2 tels que la cimétidine.

• La prudence s’impose en cas d’association avec des médicaments substrats de l’OCT2 (carvédilol, propranolol et metformine notamment).

Conservation

Les comprimés se conservent à température ambiante (< 25°C) dans leur emballage d’origine, à l’abri de la lumière et de l’humidité.

FICHE TECHNIQUE

Fampridine 10 mg pour un comprimé à libération prolongée blanc cassé, ovale, biconvexe à bord aplati.

→ Boîte de 28 comprimés, 129,39 €, AMM : 34009 219 395 4 5.

→ Boîte de 56 comprimés, 252,03 €, AMM : 34009 219 396 0 6.

Biogen Idec : 01 41 37 95 95

LA SCLÉROSE EN PLAQUES

Qu’est-ce que c’est ?

La sclérose en plaques (SEP) est une affection auto-immune démyélinisante du système nerveux central (SNC) touchant des sujets jeunes (30 ans en moyenne) et dont l’origine est mal connue. Un désordre immunitaire entraînerait une réponse inflammatoire au niveau du SNC responsable d’une démyélinisation progressive des neurones. Il existe deux formes initiales de sclérose en plaques lors de la déclaration de la maladie :

• la forme récurrente-rémittente (85 % des cas), qui comprend des épisodes symptomatiques de poussées et des épisodes de rémission complète ou non ;

• la forme progressive (15 % des cas), dans laquelle la maladie évolue d’emblée lentement.

Quels sont les signes cliniques ?

La SEP associe des signes généraux (fatigue, troubles de la concentration et de la mémorisation, troubles anxiodépressifs) à des signes neurologiques :

• sensitifs : sensations de chaud/froid, engourdissements, insensibilité ;

• moteurs : baisse de la force musculaire, spasticité, raideur des membres ;

• visuels : neuropathie optique (névrite optique rétrobulbaire) avec baisse de l’acuité visuelle unilatérale et douleurs de l’œil ;

• vésicosphinctériens : mictions fréquentes, impériosité, dysurie ;

• sexuels : troubles de l’érection chez l’homme, sécheresse vaginale et baisse de la libido chez la femme ;

• troubles de l’équilibre provoquant une gêne à la marche ;

• douleurs neuropathiques.

Quelle est l’évolution concernant la marche ?

Il est estimé que la moitié des patients aura une gêne à la marche après 8 années d’évolution de la pathologie, avec nécessité d’une canne après 15 ans et un fauteuil roulant après 30 ans. Les formes « bénignes » sont définies par une absence d’invalidité après 15 ans d’évolution. Elles concerneraient 25 % des malades mais ces formes peuvent s’aggraver tardivement. Des formes au contraire très sévères peuvent aboutir rapidement à un handicap chez 10 % des patients.

Delphine Jonas

DÉLIVRANCE

• Liste I.

• Remb. SS à 15 %.

• Prescription réservée aux spécialistes en neurologie.

• Prescription initiale limitée à 2 semaines.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu (SMR) faible. Le maintien de ce niveau de SMR est soumis à la réévaluation du rapport bénéfice/risque dans un an.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans la prise en charge des troubles de la marche.

→ Population cible estimée à 39 000 patients susceptibles de recevoir le traitement pendant au moins 2 semaines.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE DENIS RICHARD, HÔPITAL LABORIT (POITIERS)

Fampridine : déception

• La fampridine (Fampyra) est un traitement symptomatique des troubles de la marche chez le patient atteint de SEP. Il serait donc permis d’en attendre qu’il améliore de façon claire la capacité des patients à déambuler. Il n’en est rien.

• L’avis de la HAS se base sur deux études de phase III randomisées, en double aveugle versus placebo. Le critère d’efficacité retenu ne repose que sur le temps chronométré de parcours d’une distance limitée. Ces essais montrent que l’efficacité de la fampridine est ténue et ne suffisent pas à attester d’une amélioration de la marche : le gain, d’une petite seconde pour réaliser 7,6 m de déambulation, ne concerne que certains des patients. L’amélioration de la qualité de vie et la réduction du handicap ne sont pas montrées et la capacité de marche n’est, concrètement, pas améliorée. La HAS le résume en les termes : « Fampyra ne répond pas au besoin de santé publique identifié ». Une nouvelle étude, plus pertinente, permettant d’identifier les sujets répondeurs, a été demandée au laboratoire (résultats attendus en juin 2016).

• Pour autant, la fampridine n’est pas dénuée d’effets indésirables parfois sévères, notamment neurologiques et psychiatriques. Par ailleurs, les essais n’excluent pas l’augmentation d’un risque d’infection urinaire.

• La HAS souligne la faiblesse des données d’efficacité et l’index thérapeutique étroit de la fampridine (d’autant qu’elle ne juge pas favorable le rapport bénéfice/risque d’un principe actif proche, la 3,4-diaminopyridine, formulé en préparation magistrale hospitalière).

• Les patients présentant des troubles de la marche liés à une SEP relèvent principalement de techniques de rééducation motrices qui montrent leur intérêt, y compris pour l’amélioration de la vitesse de marche.