Un marché encore immature
Le développement du marché des « textiles intelligents » dans le domaine de la santé, notamment dans le domaine du maintien à domicile, est encore freiné par de nombreux freins techniques et législatifs.
Les smart textiles sont-ils voués à un très fort potentiel de croissance ? Ce marché émergent est estimé à 1,8 milliard de dollars en 2015, soit tout juste 0,01 % du marché mondial des textiles. Cependant, il y a fort lieu de penser qu’il pourrait croître très significativement avec le temps, notamment dans les secteurs de la dépendance et du maintien à domicile, selon l’analyse du CETI. La progression annuelle du nombre de brevets concernant les smart textiles dans le domaine médical est de plus de 36 %, et dans ce secteur l’Europe est leader (+ de 40 %) et la France 2e en Europe après l’Allemagne. « Des entreprises comme Thuasne (leader européen), Gibaud, Cousin Biotech ou Urgo pourraient être leviers, estime Julien Payen (Up-Tex). Mais les processus sont très longs : très fréquemment, vu les contraintes des AMM, des innovations textiles réalisées par exemple à la demande des secteurs militaire ou sportif sont bloquées dès lors qu’il s’agit de les décliner dans le domaine médical. Il faut faire ses preuves auprès du corps médical, communiquer, homologuer… Cela représente beaucoup d’investissement. »
Verrous techniques, difficultés d’industrialisation, cherté expliquent l’immaturité d’un marché néanmoins prometteur, développant beaucoup de recherches. « C’est le sport qui va le faire démarrer », assure Julien Payen. Voici quelques années, on a peut-être annoncé trop vite que les produits issus des textiles intelligents étaient en passe d’être commercialisés : « On a sous-estimé le temps nécessaire à leur développement, celui-ci s’avérant plus compliqué que prévu, analyse Philippe Guermonprez. Et ce surtout parce que les textiles sont faits pour être portés et lavés, qu’ils doivent être robustes et confortables, des qualités difficiles à obtenir à des coûts praticables sur le marché. » Les observateurs pointent aussi la difficulté de concevoir un tee-shirt faisant du monitoring de personnes âgées, produit auquel de nombreux investisseurs s’intéressent : « En revanche, poursuit Philippe Guermonprez (IFTH), il me semble que l’on peut développer des marchés de niche sur d’autres pathologies. » Et de citer l’exemple du projet français Chaussettes Diabétiques Intelligentes (CDI), qui vise à prévenir les ulcères plantaires de la personne diabétique en faisant un « monitoring spécifique », soit le calcul de la répartition de la tension dans le pied (voir http://bit.ly/12uYcfY).
Autre écueil, le fait que chaque produit doit être irréprochable. « On ne peut pas se permettre d’erreurs », estime Julien Payen. Le monitoring à distance pose de nombreuses questions : comment intégrer ces produits dans notre système de remboursements ? ces technologies interviendront-elles en sus des visites régulières de soignants en HAD par exemple ? lorsqu’une alerte est envoyée, comment évaluer l’urgence ? et si le tee-shirt monitorant les problèmes cardiaques est fiable, que se passera-t-il pénalement lorsque surviendra un accident ? Un champ de réflexion s’ouvre chez les industriels et les soignants.
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