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Caprelsa
Caprelsa est un traitement de première intention spécifique du cancer médullaire de la thyroïde à visée curative. Il n’existe pas d’autre alternative médicamenteuse validée pour cette pathologie.
Indications
Caprelsa (vandétanib) est indiqué dans le traitement du cancer médullaire de la thyroïde (CMT) agressif et symptomatique chez les patients qui ont une maladie localement avancée non opérable ou métastatique.
Mode d’action
Le mécanisme d’action exact du vandétanib dans le CMT est inconnu. Cet inhibiteur de protéine-kinase inhibe la migration, la prolifération et la survie de cellules endothéliales stimulées par le VEGF (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire). Il réduit l’angiogenèse induite par les cellules tumorales ainsi que la perméabilité des vaisseaux tumoraux et leur densité.
Posologie
La dose recommandée est de 300 mg en une prise par jour, à peu près au même moment avec ou sans aliments. La dose peut être réduite à 200 mg ou 100 mg si nécessaire.
En cas de difficulté à avaler, les comprimés peuvent être dispersés en une dizaine de minutes (ne pas les écraser) dans un demi-verre d’eau non gazeuse, à l’exclusion de tout autre liquide. La solution obtenue doit être bue immédiatement. Un éventuel résidu sera à nouveau mélangé avec un demi-verre d’eau et absorbé de suite.
Contre-indications
Caprelsa ne doit pas être utilisé en cas de syndrome du QTc long congénital, ou d’utilisation concomitante de médicaments connus pour allonger l’intervalle QTc et/ou entraîner des torsades de pointes : érythromycine IV, cisapride, mizolastine, certains antiarythmiques…
Ce médicament est aussi contre-indiqué chez les patients ayant un intervalle QTc supérieur à 480 msec.
Grossesse et allaitement
Chez les femmes en âge de procréer, une contraception efficace doit être instaurée pendant toute la durée du traitement et pendant au moins les 4 mois qui suivent la prise de la dernière dose.
Une patiente qui débute une grossesse pendant le traitement ou qui prend Caprelsa pendant la grossesse doit être informée de la possibilité d’anomalies fœtales ou de fausse couche.
Le traitement par vandétanib contre-indique l’allaitement.
Effets indésirables
La prise de Caprelsa peut provoquer fréquemment des diarrhées, des éruptions cutanées, des nausées, de l’hypertension et des céphalées. Des infections des voies respiratoires supérieures, des insomnies, des troubles de la vision, des allongements de l’intervalle QTc ou une asthénie sont aussi souvent observés.
Interactions médicamenteuses
Le vandétanib étant un inducteur modéré du CYP3A4, des précautions doivent être prises en cas d’association avec les estroprogestatifs, les immunosuppresseurs ou les antinéoplasiques comme le docétaxel et le bortézomib.
Chez les patients traités par dabigatran, digoxine ou metformine, une surveillance renforcée et une adaptation des doses de ces médicaments peuvent être nécessaires.
La prise d’inhibiteurs de la pompe à protons ou d’inducteurs puissants du CYP3A4 (rifampicine, millepertuis, carbamazépine…) n’est pas recommandée pendant le traitement par Caprelsa.
Des précautions sont également requises en cas d’association du vandétanib à des inhibiteurs puissants du CYP3A4 (kétoconazole, clarithromycine, ritonavir…).
L’utilisation concomitante de Caprelsa et d’ondansétron n’est pas recommandée.
Conservation
Les comprimés sont à conserver à une température n’excédant pas 30 °C.
Surveillance particulière
Un ECG et une mesure de la kaliémie, de la calcémie, de la magnésémie et du taux de thyréostimuline doivent être effectués au début du traitement puis 1, 3, 6 et 12 semaines après. Ces examens seront répétés tous les trois mois pendant au moins un an, ainsi qu’en cas de réduction de dose due à un allongement du QTc ou après une interruption de dose de plus de deux semaines. Ils peuvent être aussi réalisés lorsque l’état clinique du patient le nécessite.
FICHE TECHNIQUE
Boîte de 30 comprimés pelliculés.
→ Vandétanib 100 mg pour un comprimé rond, biconvexe et blanc, 1 556,29 €, AMM : 34009 220668 0 6.
→ Vandétanib 300 mg pour un comprimé ovale, biconvexe et blanc, 4 586,61 €, AMM : 34009 220669 7 4.
AstraZeneca 01 41 29 40 00
LE CANCER DE LA THYROÏDE
Comment fonctionne la thyroïde ?
La thyroïde est une glande endocrine située à la base du cou. L’hypophyse, dont l’activité est régulée par l’hypothalamus via la TRH (thryrotropin-release hormone), sécrète la TSH (thyroid-stimulating hormone ou thyréostimuline). La TSH stimule la thyroïde qui sécrète les hormones thyroïdiennes, triiodothyronine (T3) et thyroxine (T4).
Quels sont les différents types de cancers de la thyroïde ?
Environ 4 000 cancers de la thyroïde sont diagnostiqués chaque année en France. Parmi eux, les plus fréquents (environ 85 % des cas) sont les cancers papillaires et les cancers folliculaires (ou vésiculaires), dits « différenciés ». Les cancers anaplasiques (moins de 5 % des cas) et les cancers médullaires (5 à 10 % des cas) sont rares. La survie relative à 5 ans est d’environ 94 % pour les cancers papillaires et folliculaires, la survie globale à 5 ans d’environ 85 % pour les cancers médullaires. En revanche, les survies relatives à 1 et 3 ans des cancers anaplasiques ne sont que de 14 et 8 %.
Qu’est-ce qu’un cancer médullaire ?
Le cancer médullaire se révèle généralement par un nodule thyroïdien avec euthyroïdie ou un goitre multinodulaire, souvent associé à des adénopathies satellites. Le cancer médullaire se développe aux dépens des cellules C parafolliculaires de la thyroïde, responsables de la sécrétion de calcitonine. Le diagnostic et le suivi reposent sur le dosage de la calcitonine. On distingue la forme sporadique (deux tiers des cas) et la forme héréditaire, associée à la mutation RET. La mutation RET, retrouvée dans plus de la moitié des cancers médullaires (statut mutationnel positif chez 56,5 % des patients, négatif chez 2,4 % et inconnu chez 41,1 % d’entre eux), est un facteur de mauvais pronostic et donne des formes agressives de la maladie.
Delphine Guilloux
L’AVIS DE LA HAS
→ Service médical rendu important.
→ Amélioration mineure du service médical rendu (ASMR IV).
→ Population cible estimée entre 70 et 130 patients.
DÉLIVRANCE
→ Liste I.
→ Remb. SS à 100 %.
→ Médicament soumis à prescription hospitalière.
→ Prescription réservée aux oncologues ou aux médecins compétents en cancérologie.
→ Une nouvelle prescription est requise à chaque délivrance.
Dites-le au patient
En cas d’oubli d’une dose, le patient doit la prendre dès qu’il s’en aperçoit sauf si le délai avant la dose suivante est de moins de 12 heures.
Le patient doit toujours avoir avec lui la carte d’alerte qui lui a été remise par le prescripteur.
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)
Vandétanib : une option innovante
• Le vandétanib a été évalué sur 2 études de phase II non comparatives réalisées à des posologies distinctes et ne pouvant être analysées. Seule une étude de phase III en double aveugle versus placebo a été retenue par la HAS (étude 58/ZETA). Elle a permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance de ce médicament à la dose de 300 mg/j chez des patients ayant un cancer médullaire thyroïdien localement avancé non opérable ou métastatique. 331 sujets ont été inclus.
• La médiane de survie sans progression a été estimée selon un modèle statistique à 30,5 mois dans le groupe vandétanib versus 19,3 mois dans le bras placebo (en raison de l’inclusion de patients présentant une maladie d’évolution lente), soit un gain absolu d’environ 11 mois. Si le pourcentage de réponse objective est plus élevé dans le groupe vandétanib que dans le groupe placebo, aucune réponse complète a été observée. Ni la qualité de vie, ni la survie globale ne diffèrent entre les deux bras de l’étude.
• La dose susceptible de limiter l’incidence des événements indésirables cardiaques, très sévères (allongement de l’intervalle QTc au-delà de 500 msec, avec risque de torsade de pointes observé chez 11 % des patients), reste à déterminer (150 ou 300 mg/j). La Commission de la transparence souhaite que l’efficacité du vandétanib soit évaluée selon le statut de la mutation du gène RET (« rearranged during transfection ») codant pour un récepteur associé à une protéine-kinase et impliqué dans le développement des tumeurs médullaires thyroïdiennes.
• Le vandétanib constitue une option thérapeutique innovante (il n’existe pas d’autre anticancéreux ayant la même visée thérapeutique) au prix d’une meilleure appréciation de son effet selon le statut mutationnel du gène RET.
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