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L’algodystrophie

Publié le 7 septembre 2013
Par KarellE Goutorbe
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L’algodystrophie est un syndrome douloureux rare, d’évolution variable, dont la prise en charge reste limitée.

Qu’est-ce qu’une algodystrophie ?

Ce syndrome douloureux régional complexe (SDRC) apparaît généralement à la suite d’un traumatisme ou d’une opération chirurgicale pour le SDRC de type I, ou d’une lésion nerveuse pour le SDRC de type II. Favorisé par le stress, il survient, le plus souvent chez les femmes autour de 40 ans, au niveau de la main ou du pied et peut s’étendre à tout le membre. Dû à une perturbation du fonctionnement des nerfs sympathiques, il est à l’origine de fortes douleurs invalidantes.

Quels sont les signes cliniques ?

Dans tous les cas, la douleur est intense, continue et accentuée par le toucher ou la pression de la zone concernée (phénomène appelé allodynie). Elle est associée à des modifications cutanées, vasomotrices, trophiques, sudorales ainsi qu’à la diminution des amplitudes articulaires. Une ostéoporose hétérogène peut apparaître. A la scintigraphie osseuse, une hyperfixation liée à une activité ostéoblastique accrue est observée au niveau de la région atteinte.

Quelle est son évolution ?

L’évolution se fait généralement en trois phases successives :

• Une phase initiale « chaude » (pendant 3 mois environ) : la douleur est vive, diffuse, de type inflammatoire, accentuée par les mouvements et persistante au repos. La peau est rouge, chaude, œdémateuse avec hypersudation.

• Une phase « froide » (les 3 mois suivants) : la douleur disparaît au repos mais persiste lors de la mobilisation. La peau devient froide, sèche, cyanosée avec parfois des troubles des phanères (augmentation ou raréfaction des poils, anomalies des ongles). Les articulations s’enraidissent.

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• Une phase plus tardive : une atrophie cutanée ainsi qu’une rétraction tendineuse et ligamentaire (doigts ou orteils en griffes) peuvent apparaître.

L’évolution est très variable, allant d’une amélioration spontanée en quelques semaines à des douleurs persistantes et handicapantes sur plusieurs années.

Quels sont les traitements possibles ?

• Les corticoïdes oraux (en phase « chaude ») : 30 mg par jour de prednisone (Cortancyl) pendant 2 semaines ou de méthylprednisolone (Médrol) pendant 12 semaines.

• Les biphosphonates (hors AMM) :

• par voie orale : acide alendronique pendant 8 semaines ;

• en intraveineuse : acide alendronique, acide clodronique, acide pamidronique (traitement de 3 à 10 jours).

• La calcitonine (Miacalcic, Calsyn) : 100 UI en sous-cutané ou intranasal une à deux fois par jour durant 2 à 3 semaines (indication retirée de l’AMM en 2004 par manque de preuve d’efficacité).

• Des antalgiques non spécifiques (peu d’efficacité prouvée), des morphiniques en cas de fortes douleurs.

• Les antiépileptiques (gabapentine, prégabaline) et antidépresseurs IRS (fluoxétine, paroxétine…) ou tricycliques dans les SDRC neuropathiques de type II.

• Localement, la stimulation électrique transcutanée ou des patchs transdermiques de lidocaïne (Versatis) soulagent la douleur à court terme.

• La kinésithérapie, l’ergothérapie, la balnéothérapie ainsi que les techniques comportementales peuvent aussi aider le patient.

Cependant, aucun traitement n’est officiellement validé et reconnu dans l’indication algodystrophie, seulement dans certains des symptômes.

Sources : « Algodystrophie alias syndrome douloureux régional complexe de type 1 », Prescrire, 2009 ; 29 (306) : 284-289 ;Trèves Richard, « Que reste-t-il des traitements de l’algodystrophie ? », 21e et 23e Congrès français de rhumatologie, 2008 et 2010, http://sfr.larhumatologie.fr.

QUATRE CONSEILS

• Si une algodystrophie est suspectée, éviter toute pression de la zone concernée et consulter un médecin.

• Suggérer des bains écossais : 4 séries de 4 minutes de bain chaud à 40 °C et 1 minute de bain froid à 18 °C (bain froid de 5 minutes à la fin).

• Evoquer la prise en charge globale et pluridisciplinaire (rhumatologue, centre antidouleur, kinésithérapeute…).

• Possibilité d’utiliser de la vitamine C en préventif (500 mg par jour pendant 50 jours après une opération).