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Trois questions à… Michel Lefebvre

Publié le 1 septembre 2001
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Vous avez créé une association de patients suite au retrait de la cérivastatine. Quel est son objectif ?

L’association – dont les statuts ont été déposés lundi 27 août – est un outil : il faut se rassembler pour agir. Les patients ayant subi un traitement par cérivastatine sont très inquiets : ils pensent aux affaires au cours desquelles les pouvoirs publics n’ont pas pris les bonnes décisions comme l’hormone de croissance, le sang contaminé… De plus, l’information est arrivée en plein mois d’août, tronquée et incomplète. Dans un premier temps nous voulons obtenir des réponses.

Quelles actions allez-vous entreprendre ?

Nous analysons la situation au niveau juridique. Parmi les 400 adhérents que compte déjà l’association, des avocats planchent pour déterminer l’action la plus judicieuse : attaquer le fabricant, l’Afssaps, les prescripteurs… Pour moi, le pharmacien n’a qu’un rôle secondaire car il délivre une ordonnance et, s’il ne le fait pas, on peut lui reprocher un refus de vente. Nous ne cherchons pas à faire le procès de toutes les statines, il faut bien lutter contre les maladies cardiovasculaires. Mais il semble que Bayer a eu une démarche commerciale agressive pour promouvoir la cérivastatine et que celle-ci a donc été prescrite en première intention et sans tenir compte des mises en garde. Je suis en colère, car 52 morts cela ne constitue pas un accident industriel à mettre en balance avec les profits des actionnaires de Bayer.

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Que demandez-vous aux pouvoirs publics ?

Ils nous ont montré leur manque de sérieux et leur lâcheté. Quand des difficultés apparaissent ils ne montent pas au créneau mais délèguent les actions au secteur associatif ! Eh bien nous sommes là !

Nous avons demandé un rendez-vous à Bernard Kouchner et je vais aussi contacter la CNAM pour procéder à un recensement des patients ayant pris ces médicaments afin de mettre en place des mesures de surveillance et de les rassurer. L’Afssaps aussi a montré son inefficacité : personne n’a entendu parler des recommandations aux patients de leur communiqué du 8 août ! Mon médecin n’avait encore reçu aucune information officielle la semaine dernière. Il existe une DDASS dans chaque département avec un médecin inspecteur de la santé : à quoi servent-ils ?