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Satisfait ou remboursé

Publié le 8 septembre 2001
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C’est toujours quand on ferme les yeux que quelque chose nous tombe sur la tête. Cet été, alors que je commençai à goûter les effets d’un repos bien mérité, un dossier du Monde intitulé « A quoi servent les 835 médicaments jugés insuffisants mais remboursés ? » m’apparut entre le seau et la pelle. Du même coup, j’apprends que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a établi le 7 juin une liste de médicaments pas vraiment satisfaisants. Qui m’en a informée ? Personne. Mon médecin m’a prescrit fin juin de l’Efferalgan (faisant partie de la fameuse liste) et un sirop pour la toux (lui aussi dans le collimateur) comme si de rien n’était… Mon pharmacien m’a fourni les médicaments sans plus d’explication. C’est la rentrée, on ne va pas commencer à se chercher des poux…

Au début, j’ai épluché cette suite de noms. Certains m’étaient familiers et faisaient partie de mon armoire à pharmacie. En cas de problème, ils avaient fait leurs preuves. Rien que sur la douleur, ils avaient agi dans la demi-heure qui avait suivi la prise. Comment pouvait-on les juger, soudainement, « insuffisants » ? Les passer aux oubliettes après tant de services rendus ? Dans ma petite tête de cliente lambda, les questions et les doutes affluent.

Il me semble que le médicament parcourt en France un long chemin avant de recueillir l’autorisation de mise sur le marché. Ce qui jette un fameux discrédit sur les spécialistes qui donnent leur accord…

J’imagine l’affolement dans les milieux concernés, industrie pharmaceutique et autres professionnels de santé. Un manque à gagner certain, car le patient n’accepterait pas de payer ses cotisations et de se laisser prescrire des médicaments non remboursés. Alors le gouvernement, dans sa grande bonté, a calmé les esprits en s’opposant au déremboursement. C’est pas courageux ça ? N’y aurait-il pas de l’élection dans l’air ? Nous prendrait-on pour de grands naïfs, pour ne pas utiliser un autre qualificatif ?

A la fin de l’article, je lus : « Culturellement, les Français ne sont pas prêts, estime le Dr Fleurette de l’Afssaps, mais [apprécions ce « mais » qui a toute son importance] nous avons choisi de publier la liste au nom de la transparence, pour que tout cela chemine dans l’esprit du public. » Que doit comprendre le public ? Que ces médicaments sont nuls ? Que les remboursements des médicaments comme au bon vieux temps, ça va bien ? Qu’on va devoir mettre la main au porte-monnaie plus souvent ?

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J’adore quand je lis toujours dans le même article qu’il faut accroître l’information sur le médicament et que « le toilettage de la Pharmacopée française devait permettre de faire de la pédagogie à l’attention du grand public ». De Gaulle avait déclaré, avec humour (?), que les Français étaient des veaux, mais le grand homme n’est plus et les Français sont mûrs pour être informés, entre autres, sur le médicament. Informés, avant qu’on ne nous coupe le robinet à remboursement. Au fait, les élections c’est quand ? Jusque-là il ne nous arrivera rien. Pharmaciens, assurés, ne dormons que d’un seul oeil !