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Le chocolat retrouve son cachet
A l’occasion des Journées du patrimoine, les associations Connaissance du Val Maubuée et Sauvegarde du patrimoine pharmaceutique organisent, au siège de l’ordre des pharmaciens, une exposition grand public que les gourmets ne rateront pas. Les puristes, eux, se souviendront que le chocolat a longtemps eu sa place dans des médicaments en raison de ses vertus thérapeutiques.
Du 15 septembre jusqu’à la fin de l’année, l’exposition « Le chocolat, remède à tous les maux » égayera le siège du Conseil national de l’ordre des pharmaciens. L’occasion pour chacun de mieux connaître les vertus culinaires, diététiques et thérapeutiques d’un aliment dont les propriétés étaient autrefois largement mises à profit dans le domaine pharmaceutique.
Car, si l’axe principal de l’exposition concerne bien le cacao dans la pharmacopée et le chocolat médicinal, sa culture, ses origines, sa fabrication, ses principaux pays producteurs et consommateurs, mais aussi le chocolat dans ses approches médiatique, sociologique et artistique, sont évoqués au travers de panneaux didactiques, de livres, d’affiches et d’objets de collection.
Des outils technologiques permettent même aux visiteurs de voyager encore plus loin dans cet univers sucré : des bornes de consultation offrent une déclinaison virtuelle de l’événement, avec la possibilité de naviguer sur des sites Internet consacrés au sujet, dont Medpic.
Des conférences dynamisent l’ensemble, chaque lundi de 19 heures à 20 heures, autour de quatre grands thèmes : « Du cacao au chocolat », « Chocolat et santé », « Le chocolat Meunier », « Chocolat et art », animées par des spécialistes abordant des thèmes aussi variés que les qualités nutritionnelles du cacao et son utilisation dans la fabrication des suppositoires, ou encore le traitement du chocolat dans la publicité et ses ustensiles de préparation au cours des siècles…
Les murs de l’Ordre estampillés Meunier
L’originalité de cette exposition tient aussi beaucoup au lieu où elle est organisée. Avant de devenir le siège social de l’ordre des pharmaciens, le 4 de l’avenue de Ruysdaël appartenait à Gaston Meunier, chocolatier mondialement connu et petit-fils de pharmacien…
Cette coïncidence illustre bien les rapports étroits entre chocolat et pharmacie, que l’ordre des pharmaciens a voulu mettre en exergue. Car si le chocolat est par excellence un aliment consommé pour le plaisir, il a longtemps été un médicament préparé par les pharmaciens. Oui, cacao et pharmacie sont bel et bien fortement liés historiquement, et visiter l’exposition permet aisément de s’en convaincre.
Depuis des siècles, on attribue en effet au chocolat de multiples vertus. A commencer par des vertus nutritives, propres à « conserver la santé, prolonger la vie des vieillards et […] réparer les forces épuisées », selon Cailus, dans son Histoire naturelle du cacao et du sucre publiée en 1719. A cette époque toujours, selon Nicolas Lemery, pharmacien célèbre, le chocolat est « un fortifiant de l’estomac et de la poitrine, […] qui calme la toux. Il rappelle les forces abattues et excite la vigueur ». Le beurre de cacao est, quant à lui, « une huile fortifiante et résolutive [à appliquer] sur l’estomac quand il est trop débile ».
Spécialités pharmaceutiques au cacao
De nombreuses spécialités pharmaceutiques à base de cacao ont donc vu le jour au cours des siècles. Le chocolat est d’abord utilisé comme excipient pour améliorer le goût des pilules, puis se décline au XIXe siècle sous forme de pastilles et tablettes vendues en officine, en tant que « chocolat de santé ». Voient ainsi le jour toutes sortes de chocolats à visée thérapeutique : les chocolats analeptiques au salep contre les maladies chroniques accompagnées d’une grande fatigue physique, les chocolats au cachou, qui sont stomachiques, les chocolats vermifuges à l’ambre gris, purgatifs à la poudre de jalap, ferrugineux à la limaille de fer porphyrisée, antivénériens au chlorure mercurique, fortifiants au goudron…, tous fabriqués par des pharmaciens.
Hélas !, de nos jours les spécialités à base de cacao ont déserté les officines, même si le chocolat de régime Dardenne résiste et le chocolat No Stress a fait son apparition.
Il préviendrait l’HTA et calmerait la spasmophilie
Cette désaffection s’explique certainement par le fait qu’il est souvent consommé avec mauvaise conscience et culpabilité, celles-ci étant alimentées par nombres d’idées reçues sur les conséquences néfastes qu’entraînerait sa consommation sur la santé. Pour beaucoup, esthétique et consommation de chocolat sont antinomiques. Pourtant, il faut l’admettre, c’est un aliment à part entière qui se digère rapidement, riche en minéraux, en vitamines et en substances antioxydantes. Anti- dépresseur et anxiolytique, il préviendrait l’hypertension artérielle et calmerait la spasmophilie.
L’exposition légitime donc la place du chocolat dans l’équilibre alimentaire et analyse sa place dans la société, tout en relatant son histoire et ses rapports à la pharmacie.
Le chocolat a bon coeur
De récentes études cliniques et épidémiologiques semblent indiquer qu’une consommation régulière de chocolat diminue les risques cardiovasculaires. D’ores et déjà, il est pratiquement admis que les flavonoïdes et plus particulièrement les procyanidines contenus dans le cacao sont directement impliqués dans ce phénomène. Ces derniers sont des polyphénols qui exerceraient une activité cardioprotectrice à plusieurs niveaux.
Leur consommation réduirait tout d’abord l’activation et l’agrégation plaquettaires, principaux facteurs de risque reconnus dans la formation des caillots sanguins. Une étude clinique américaine (université de Californie), dont les résultats ont été présentés le 4 septembre dernier, vient de le mettre en évidence chez des volontaires ayant consommé du chocolat à teneur élevée en flavonoïdes. Le cacao pourrait donc avoir un effet similaire à celui de l’aspirine sur la coagulation sanguine, elle-même utilisée de façon quotidienne pour diminuer les risques d’infarctus du myocarde, d’embolie cérébrale et de thromboses veineuses profondes.
D’après cette même étude, la consommation des flavonoïdes du cacao augmenterait la capacité antioxydante totale du plasma et réduirait donc la concentration plasmatique de produits lipidiques oxydés.
Une consommation avisée de chocolat semble donc stimuler un ensemble de mécanismes cardioprotecteurs, qui incitent le Pr Keen, responsable de l’étude, à déclarer que « le chocolat peut contribuer à une alimentation saine et équilibrée ».
2001 à Paris, 2002 en province
Parrainée entre autres par le ministère de la Santé et l’Académie nationale de la pharmacie, l’exposition « Le chocolat, remède à tous les maux » est présentée en avant-première à Paris du 15 septembre au 28 décembre à l’ordre des pharmaciens (4, av. Ruysdaël, Paris VIIIe), pour devenir ensuite itinérante. Les villes qui l’accueilleront par la suite ne sont pas encore connues. Elle est actuellement ouverte au grand public sur réservation au 01 56 21 35 24, les lundis de 14 h 00 à 20 h 30, et du mardi au vendredi de 14 h 00 à 18 h 00.
L’entrée étant gratuite, c’est l’occasion de redécouvrir un composé qui avait le mérite plus qu’appréciable de rendre certains médicaments agréables à prendre…
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