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Officines en état de choc
Vendredi 26 septembre 10 h 15, une terrible explosion rase une partie du complexe chimique de la Grande Paroisse à Toulouse, soufflant vitres et bâtiments à quatre kilomètres à la ronde. Les officines ont dû très vite oublier leurs propres dommages pour venir en aide aux blessés.
Cinq jours après la catastrophe, le bilan était lourd mais encore provisoire : 29 morts, 2 442 blessés dont 34 dans un état grave. Des dégâts estimés à plusieurs milliards de francs. Sur les cinquante officines de la ville, on estime qu’une sur deux a été plus ou moins touchée par la catastrophe. Et le Conseil de l’Ordre a aussi recensé des dommages en dehors de Toulouse.
Ce drame a été particulièrement ressenti par les pharmaciens qui, au-delà de leur propre traumatisme, se sont vite retrouvés en première ligne pour rassurer, conseiller et soigner les premiers blessés. Au centre-ville, ils ont surtout joué un rôle de conseil : panser quelques coupures, réconforter les gens choqués pour la plupart. Les distributions de masques chirurgicaux se sont multipliées dans la crainte d’une éventuelle pollution chimique. Mais dans les quartiers les plus touchés, les officines se sont parfois transformées en véritables postes de secours avancés.
Ainsi la pharmacie des Oustalous, située à moins de 800 mètres de l’usine AZF, a subi de plein fouet le « blast », l’effet de souffle de l’explosion. Puis, pour Jean Gailhac et Claudine Barthe, responsables des lieux, tout est allé très vite : « Dès les premières minutes, nous avions déjà à l’officine notre voisin qui était blessé. Nous l’avons soigné tout de suite, orienté vers une clinique, puis se fut une succession ininterrompue de blessés plus ou moins graves », se souvient Jean Gailhac. Beaucoup de coupures, une forte demande en antiseptiques et en compresses. « Avec Sophie, notre préparatrice, nous sommes restés toute la matinée à soigner les gens, et des bénévoles se sont spontanément présentés, un infirmier, un médecin lui-même blessé. On a évacué une dame en fauteuil roulant dans la camionnette du postier, et même le vétérinaire a posé des agrafes sur un blessé ! »
Même scénario dans le quartier Croix-de-Pierre, dans la pharmacie de Jean-Paul Gensane, qui raconte : « Nous avons eu une coupure de courant, puis j’ai entendu le souffle, une espèce de bruit sourd. J’ai crié « Tout le monde dehors ! », et c’est quand nous sommes sortis que les vitres se sont brisées. » Là encore, des spécialistes sont venus proposer leur aide : « Une gynécologue, deux infirmières du quartier et deux bénévoles sont immédiatement arrivés sur place… Il y avait beaucoup de sang, des coupures, certaines très graves. Certaines personnes se soignaient toutes seules au milieu des gravats… On ne se rendait pas compte. »
Des demandes de masques à gaz…
Quelques jours après le drame vient le temps de l’incertitude pour les pharmaciens touchés. Pour Jean-Paul Gensane, c’est la colère qui prime : « En tant que pharmacien, j’aurai dû avoir du matériel et des conseils à donner aux gens, mais nous ne sommes pas préparés suffisamment… La police est venue me demander des masques à gaz. Nous n’avons pas ça. » Jean Gailhac confirme la futilité de certains précautions. « On nous dit, en cas de pollution chimique, calfeutrez-vous… Très bien, mais quand les fenêtres volent en éclats, c’est difficile… Et je me voyais mal me réfugier dans une cave en laissant tous ces blessés dans l’officine ! »
La solidarité s’organise
Au Conseil de l’Ordre, on s’organise en direction des pharmacies touchées. « Nous débutons l’état des lieux, explique Françoise Blazy, secrétaire générale de l’Ordre en Midi-Pyrénées. Mais nous sommes d’ores et déjà à l’écoute des confrères et nous essayons de jouer un rôle d’agent de liaison pour nous aider mutuellement. » De même, le Conseil va solliciter les grossistes pour qu’ils aident les pharmaciens sinistrés.
Certains laboratoires, comme Pierre Fabre, ont proposé des produits gracieusement. Les officines ont en effet été dévalisées en compresses et antiseptiques pour les premiers soins. Reste le délicat problème de la reconstruction. Au Conseil de l’Ordre, Françoise Blazy reste malgré tout confiante : « Financièrement, je pense qu’il n’y a pas de détresse. J’ai contacté les banques et les assurances, lesquelles m’ont assuré être mobilisées sur la question. Nous risquons d’avoir plus de problème humainement, avec des confrères et des employés blessés et qui peuvent manquer à certaines pharmacies. C’est sur ce point, je pense, que nous devons nous serrer les coudes. »
Malgré tout, les inquiétudes subsistent dans les quartiers sinistrés. Aux Oustalous, Jean Gailhac reprend les inquiétudes de ses confrères voisins : « La vitrine, les faux plafonds, tout ça se répare… mais le quartier va perdre une partie de sa population, et nous une partie de notre clientèle pendant quelques mois. C’est là qu’on se retrouve tout seul. »
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