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Pharmacienne de qualité

Publié le 20 octobre 2001
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Nathalie Szafir a trouvé sa voie à l’hôpital. Devenue praticien hospitalier, elle conduit aujourd’hui la démarche qualité à l’hôpital Maison-Blanche de Neuilly-sur-Marne.

Son premier contact avec le monde hospitalier, Nathalie Szafir l’a eu à l’hôpital de Poissy lors de son stage hospitalo-universitaire de cinquième année. L’expérience la séduit au point de demander une dérogation pour faire son stage de sixième année et réaliser sa thèse (l’incidence de la consommation d’alcool sur les crises d’épilepsie chez l’adulte) dans le même établissement. « Ce fut pour moi une ouverture d’esprit, estime-t-elle, car, plus particulièrement attachée au laboratoire de toxicologie, j’ai pu aussi effectuer des gardes en biochimie, bactériologie, immunologie… »

Nathalie avait trouvé sa voie. Elle ne quittera plus l’hôpital sauf pour une brève expérience comme assistante en officine.

Elle travaille pendant cinq ans à la pharmacie de l’hôpital Lariboisière-Fernand-Widal comme attachée puis comme assistante généraliste. Elle s’occupe de la pharmacie de Fernand-Widal et de la dispensation pour Lariboisière. « J’ai pu toucher à la pharmacie hospitalière de façon très large et diversifiée, explique-t-elle. J’ai notamment beaucoup travaillé sur les médicaments contre le VIH au sein du réseau ville-hôpital Nord pour lequel j’ai été amenée à former des officinaux sur ces produits. » Tout en assurant un rôle d’encadrement important, elle passe alors un diplôme universitaire de pharmacologie appliquée à l’officine.

En 1998, Nathalie rejoint l’hôpital de Maison-Blanche de Neuilly-sur-Marne… où elle est restée. Ses missions sont celles d’une pharmacienne hospitalière classique : dispensation, information des services, mise au point de dispositifs médicaux, gestion du stock… Elle reste aussi à Maison-Blanche pour préparer le concours de praticien hospitalier, titre qu’il faut obtenir pour devenir titulaire car l’assistanat est limité à six ans.

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Difficile d’obtenir un poste de pharmacien !

La préparation de ce concours demande un an et, comme l’avoue Nathalie, « ce n’est pas une partie de plaisir ». On peut le préparer comme interne ou assistant, il s’agit du même concours mais les modules diffèrent. Pour Nathalie, il a comporté quatre parties : un dossier sur une classe pharmacologique, en l’occurrence les anti-inflammatoires non stéroïdiens, une étude d’un dossier de médicament, une analyse d’ordonnance et la constitution d’un dossier personnel sur les titres, travaux et services rendus, un CV développé en quelque sorte. L’expérience variée de Nathalie a été un élément important dans sa réussite.

Une fois le concours réussi, encore faut-il qu’un poste de titulaire soit disponible ! En 1999, l’établissement où exerce Nathalie décide de s’engager dans une démarche qualité associée à une procédure d’accréditation par l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation de la santé), procédure d’évaluation rendue obligatoire par les ordonnances Juppé de 1996. La direction de Maison-Blanche propose au chef du service pharmacie de s’occuper de cette démarche. La pharmacie étant un service transversal au sein de l’hôpital, elle joue un rôle charnière ; il y a donc eu création de poste. Nathalie, que l’expérience intéresse, devient coordinatrice de ce vaste projet.

« J’avais déjà travaillé sur une démarche qualité au sein de la pharmacie de Lariboisière », souligne-t-elle. Elle estime que les études de pharmacie, plus que les études de médecine, préparent à ce genre de démarche, étant donné l’importance accordée aux procédures dans ce métier. Méfiante vis-à-vis du discours où les uns rejettent la responsabilité des dysfonctionnements sur les autres, Nathalie pense que la mise en place d’une démarche qualité permet d’améliorer les relations entre les services et les personnels. « On sort de son service, ajoute-t-elle, on va de l’avant en réfléchissant à ce qui ne marche pas. On ne reste pas immobile. »

Créer une démarche qualité : un travail de « relations publiques »

En créant un comité de pilotage et une cellule qualité, Nathalie s’est efforcée de rassembler le maximum de personnes afin d’en faire un vrai projet pluridisciplinaire. Après cette phase d’organisation, plusieurs étapes ont été nécessaires : une étape de sensibilisation, un état des lieux de chaque service, une synthèse d’où se sont dégagés plusieurs thèmes prioritaires d’amélioration (information du patient, prise en charge spécifique en psychiatrie…). Aujourd’hui, la cellule de Nathalie met au point un programme d’amélioration de la qualité tandis que se profile, en parallèle, l’autoévaluation liée à la procédure d’accréditation. Les visiteurs experts de l’ANAES sont attendus en avril prochain.

Le travail de Nathalie est vraiment celui d’une coordinatrice qui se trouve face à des problèmes d’organisation, de validation tout en cultivant des relations régulières avec la direction afin de s’assurer de la bonne continuité de la démarche. Gare, en effet, à celui qui avance seul dans son coin ! Le souci de Nathalie est « d’être aussi transparente que possible et de valoriser ce qui se fait ». Persuasion, disponibilité, sens de l’écoute, esprit de synthèse et souplesse diplomatique sont les principales qualités nécessaires à la conduite d’une telle démarche. Sans oublier l’aspect information qui lui fait publier une lettre mensuelle pour rendre compte de l’avancée de la démarche. Nathalie a conservé quand même une journée pour travailler à la pharmacie afin de ne pas perdre le contact avec son métier de base.

« Cette démarche a eu comme effet, selon Nathalie, de mieux appréhender les relations entre les différents services (y compris la pharmacie). » La qualité a de l’avenir et Nathalie sait que toutes les actions d’amélioration ne seront pas finalisées en avril prochain. Il lui faudra encore motiver et continuer à évaluer.