- Accueil ›
- Thérapeutique ›
- Médicaments ›
- Recherche et innovation ›
- Les laboratoires visent les patients via Internet
Les laboratoires visent les patients via Internet
Après s’être intéressés aux professionnels de santé, les laboratoires créent aujourd’hui des sites destinés au grand public. Une réponse à un besoin d’information croissant des patients. Une façon aussi de communiquer à moindre coût.
Le diabète remporte les suffrages. En quelques mois, plusieurs sites ont fait leur apparition sur le sujet : Diabet.fr à l’occasion du Salon mondial du diabète début novembre, Mondiabete.net il y a quatre mois et, l’an prochain, le site d’Aventis. Pour Novo Nordisk, « les diabétiques sont très demandeurs d’informations sur cette pathologie chronique. Internet permet de les toucher directement et de traiter de sujets jusqu’à présent relativement tabous (sexe et diabète, grossesse et diabète…) ».
« Le problème n’est pas le manque mais la qualité de l’information, précise de son côté Aziz Soudani, responsable de la stratégie Internet des laboratoires Lilly. Les informations sur le diabète sont plus faciles à mettre en oeuvre que dans d’autres pathologies, comme la schizophrénie par exemple, car il existe un consensus sur les traitements, les programmes alimentaires, des outils précis à proposer… »
Le diabète, mais aussi la migraine, le cancer, le sida… sont l’objet de sites développés par les laboratoires. « Les laboratoires ont monté ces sites pour répondre à un besoin d’informations des patients, explique Frédéric Lorre, auteur d’ une étude sur « Les nouvelles approches marketing des patients »*. « Mais ouverts aux patients, ils sont aussi un outil de publicité supplémentaire, précise-t-il. Il est plus coûteux de faire de la publicité directe auprès du grand public pour des produits OTC ou des campagnes sur des pathologies que de créer des sites grand public. »
Ils ont commencé à apparaître il y a deux ans, après une première vague de sites institutionnels puis une seconde vague d’adresses destinées aux professionnels de santé. Les laboratoires n’ont pas tous adopté la même politique : certains ont préféré développer des espaces patients sur leurs sites institutionnels, comme Novartis. La filiale française du groupe suisse vient de lancer un site spécifique à la pharmacie.
Outre la mise à disposition d’une série d’études de qualité de vie autour de certaines maladies neurologiques, six pathologies (Alzheimer, asthme, cancer du sein, diabète, épilepsie, Parkinson) sont déjà présentées sous forme de fiches de synthèse. « Nous essayons d’étendre ce type de communication. Il est important que le grand public connaisse mieux les entreprises du médicament, constate Patrick Bonduelle, responsable Internet de Novartis. Plutôt que de communiquer sur les résultats financiers, il est temps d’expliquer comment nous participons à l’amélioration de la qualité de vie. »
De plus en plus de sites spécifiques
De son côté, Organon a divisé son site par domaines thérapeutiques : gynécologie, psychiatrie et surtout fertilité, le plus détaillé. « La fertilité est un sujet particulièrement émotionnel pour les patientes. Elles s’intéressent de près aux traitements qu’on leur administre, souligne Laure Gobber, chargée de la communication. Le site doit être entièrement refondu début 2002. La maison mère souhaite aussi s’orienter vers des adresses spécifiques par pathologie. Soit nous créerons des sites à part entière, soit nous adapterons ceux qui existent à l’international sur la psychiatrie, la gynécologie… » Car, pour communiquer sur Internet, les laboratoires français doivent obéir à une réglementation précise (voir encadré), plus stricte qu’aux Etats-Unis. De plus en plus, la tendance est de développer des sites patients autonomes. Lipha dispose déjà de Alcoweb, de Chirarter (pour les patients hospitalisés pour pontage) et de Exfoliac, sur les problèmes dermatologiques des adolescents. D’autres projets sont en cours. GlaxoSmithKline a mis au point trois sites mixtes grand public/professionnels de santé sur l’herpès, la migraine et le sida, Lilly prévoit l’an prochain de traiter la schizophrénie et la santé de la femme et Fournier les lipides…
« Le lancement du site Aventispharma correspond à la politique globale d’Aventis Monde de développer des espaces patients, explique de son côté le Dr Jean Nau. Nous comptons faire du site institutionnel un carrefour renvoyant aux futurs sites, comme Zoomcancer. Ce dernier est emblématique de ce que nous voulons faire : des actualités médicales mises à jour régulièrement, des informations sur la vie au quotidien (hygiène de vie mais aussi réinsertion sociale, assurances complémentaires…).
Reste à se faire connaître alors qu’il existe déjà des sites santé à profusion sur le web. « Nous avons chargé une société de cette tâche pour augmenter notre visibilité : elle s’occupe de préparer les mots clés, de nous référencer auprès des moteurs de recherche en tenant compte de leurs spécificités… », précise Jean Nau.
Informer aussi les professionnels de santé
Autre technique : passer par les professionnels de santé. Il n’y a pratiquement pas de publicité directe des sites, à quelques exceptions près. Il n’est de toute façon pas question pour l’industrie de se trouver en porte à faux avec les professionnels. « Nous ne sommes pas en compétition avec les praticiens, précise Aziz Soudani, de Lilly. Les données fournies sur le site sont un prolongement de la consultation. »
Aventis doit lancer une campagne de communication en fin d’année directement auprès des médecins et via la presse médicale. Organon a promu son site auprès des gynécologues qui pourront offrir des brochures à leurs patients. « Internet facilite le travail du médecin, qui peut renvoyer le patient vers le site pour certaines informations », détaille Patrick Bonduelle, de Novartis. « La communication patients est un relais de la communication médicale. Si les médecins ne sont pas touchés, ils auront moins tendance à répondre à la demande du patient », souligne Frédéric Lorre.
Or, le développement de sites Internet, partie d’une stratégie plus globale de communication auprès du grand public (via le petit écran, les brochures…), vise aussi pour l’industrie à mieux faire connaître les pathologies et les traitements. Et donc à mieux vendre leurs produits.
* « Les nouvelles approches marketing des patients », étude Eurostaf, avril 2001.
Une communication encadrée
En décembre dernier, l’Afssaps a fixé, en concertation avec le SNIP, des règles de bonnes pratiques concernant la communication sur Internet. Les laboratoires peuvent citer leurs produits, à quelques conditions : créer une rubrique spécifique, présenter les photos des conditionnements et formes galéniques, la notice et les mentions « tels quels sans artifice de mise en valeur ». L’entreprise peut mentionner ses perspectives de recherche et de développement à condition que cette mention ait un caractère informatif et non promotionnel. L’Agence est particulièrement réticente pour les forums de discussion, « compte tenu de leur caractère difficilement contrôlable ». Elle ne les interdit pas mais demande un encadrement étroit, avec un modérateur notamment. Les laboratoires suivent aujourd’hui de près ce qui se passe au niveau européen : en juillet dernier, la Commission européenne a proposé que l’industrie pharmaceutique puisse vanter ses produits sur ordonnance auprès du grand public.
- Petit récap des nouvelles règles sur le tramadol et la codéine au 1er mars 2025
- La liste des médicaments biologiques substituables par le pharmacien s’élargit
- Analogues du GLP-1 : alerte sur les faux justificatifs
- Tramadol et codéine : les points clés de l’ordonnance numérique sécurisée
- FreeStyle Libre 2 Plus est pris en charge
- Méningites : vaccination massive en région rennoise
- Autotests grippe/Covid-19 : les pharmaciens en alerte sur leur fiabilité
- Sanctionnée pour s’être installée trop rapidement à proximité de son ancienne officine
- Nutrielement : N Lab lance sa gamme sport et bien-être en pharmacie
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie

