Une apothicairerie des temps modernes
Le réagencement de la pharmacie Zeitoun a été une affaire d’équipe. Les trois assistantes ont en effet activement participé à la rédaction du cahier des charges, au choix des couleurs et de la configuration de l’espace. Du sur mesure qui s’éloigne des sentiers battus de l’agencement mais qui donne au final une officine mariant fonctionnalité, modernité et tradition.
Patrick Zeitoun, président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne, a réagencé cet été son officine de Maisons-Alfort. « J’avais une officine très classique de 65 m2, créée en 1943, dans laquelle j’exerçais depuis 20 ans. Nous avions eu un développement constant mais nous souffrions du manque de place au point de ne pas passer certaines commandes par impossibilité de stocker ! J’étais tout à fait conscient de mes carences en terme d’exposition et de merchandising mais les contraintes fonctionnelles avait eu raison de mes velléités de rationalisation. »
Une véritable entrave à l’exercice quotidien jusqu’à ce qu’il apprenne, il y a un an, la construction d’un immeuble neuf à 18 mètres de l’officine, sur le même trottoir, en remplacement d’une fabrique d’arômes alimentaires. Patrick Zeitoun décide alors de s’installer dans un local de 165 m2.
Une aubaine qui va changer sa vie professionnelle et… privée : « J’ai aujourd’hui un bureau de 10 m2 qui m’évite de travailler la nuit chez moi. Je règle quasiment tout pendant les heures de faible affluence, ce que je ne pouvais faire dans un recoin de un mètre carré. »
Mais entre la signature et le transfert, il se sera écoulé 8 mois émaillés de nombreux incidents dont l’écroulement d’une grue sur la chaussée ! Un retard qui n’a été gérable que dans la mesure où Patrick Zeitoun continuait à travailler dans l’ancienne officine. Une fois le chantier terminé, le transfert a été fait en trois jours sur un week-end et un lundi, jour de fermeture. Ceci grâce à une organisation sans faille, chaque module et chaque famille de produits ayant été numérotée et étiquetée.
L’équipe a testé les couleurs avant les travaux
Des circonstances qui ont également poussé le titulaire à s’improviser maître d’oeuvre, dirigeant de fait les travaux et coordonnant onze entreprises dont un fabricant de meubles, la société Herger. Patrick Zeitoun a mobilisé toute son équipe, notamment ses trois assistantes, pour réaliser les plans de l’officine et faire le cahier des charges. « Nous avons été tous ensemble à Pharmagora, tout noté, tout confronté et mis noir sur blanc ce que nous voulions, c’est-à-dire des meubles à tiroirs pour le stockage direct qui améliore la qualité du merchandising, des étagères de 20 cm de profondeur au lieu des 30 cm habituels, une signalétique visuelle par Duratrans avec des couleurs chatoyantes qui permet une certaine souplesse d’exposition. » L’équipe a d’ailleurs poussé le professionnalisme jusqu’à élaborer une maquette 3D en carton du futur agencement.
Aujourd’hui, la clientèle dispose d’un espace de 60 m2 (limité pour ne pas dépayser sa clientèle habituée à un petit espace de circulation) entouré de meubles en bois recouvert d’un stratifié beige et bordeaux, à étagères de verre translucide montées sur crémaillères pour une totale amovibilité et une parfaite adaptabilité à la hauteur des produits au centimètre près.
Les couleurs ont été testées en miniature, ce qui a permis à l’équipe d’éliminer l’option de départ, un bois clair souligné de vert, jugée trop classique. Contrairement aussi aux conseils des spécialistes, Patrick Zeitoun s’est prononcé en faveur d’un meuble à tiroirs et encadrement signalétique clair sur fond de meuble foncé pour faire ressortir les produits, et non l’inverse.
La maquette a également permis d’intégrer parfaitement les poteaux porteurs et de ménager une entrée avec un sas à droite. Ce sas, adapté au passage des poussettes et des fauteuils roulants, intègre l’entrée pour les livraisons ainsi qu’une vitrine promotionnelle ou informative abritée.
Un rejet unanime de l’informatique encastrée
L’implantation des modules muraux s’est effectuée en fonction des impératifs de l’officine : « Notre pharmacie n’a pas vocation à vendre beaucoup de parapharmacie. Nous avons donc décidé de développer des articles de pharmacie pure – qu’on ne vient pas forcément chercher chez nous – qui ont été implantés à droite en entrant, en point chaud sur la zone de passage vers les comptoirs. » En l’occurrence, deux modules consacrés à l’herboristerie pour l’« image » apothicaire, deux modules vétérinaires, dont une vitrine fermée qui présente des médicaments avec AMM (les prix sont mis en évidence pour inciter les clients à la comparaison), des soins des pieds et des achats du quotidien. A gauche en entrant, dans une zone tiède, on trouve la petite orthopédie (colliers cervicaux, ceintures, coudières, chevillères…).
C’est la même logique d’exposition qui a poussé Patrick Zeitoun à implanter l’hygiène féminine sur une des deux gondoles centrales, tout en transparence avec de vastes plateaux de verre pour laisser passer la lumière. Des gondoles qui jouent parfaitement leur rôle de ronds-points, étudiées pour pouvoir recevoir les petits présentoirs, les faire tourner et désengorger les comptoirs.
Les comptoirs, entièrement dessinés par une assistante de Patrick Zeitoun, ont été eux aussi réalisés sur mesure, dans une taille non standard pour mettre les postes informatiques sur le comptoir. « Nous en avions tous assez de l’informatique encastrée avec ses verres antireflets qui se rayaient au bout de quelques mois d’utilisation ! »
L’espace entre les comptoirs limite les effractions
A L’arrière des comptoirs, toutes les étagères sont modulables et adaptables aux changements de format des feuilles de soins. « Nous avons privilégié le fonctionnel jusque dans l’arrière-boutique en adoptant des meubles sans portes pour faciliter l’accès au stock. » L’espace entre deux comptoirs – 30 cm seulement – a été étudié pour limiter les effractions (on ne peut pas passer de face vers l’arrière-boutique) et laisser à l’équipe le temps de déclencher l’alarme.
Et pour faire perdurer la tradition des apothicaires qui lui est chère, Patrick Zeitoun a récupéré de son ancienne officine un meuble en chêne fin xviie, début xviiie. « Je voulais personnellement réintégrer cet élément du patrimoine officinal auquel les clients étaient très attachés : deux d’entre eux m’avaient même offert de le racheter. Je crois qu’on est revenu du néon et de l’hypermodernisme. Les meubles de tradition comme celui-ci sont sécurisants. Ils donnent une touche de sérieux au pharmacien qui apparaît comme héritier d’une tradition. »
Ce meuble placé en biais à droite derrière les comptoirs est un véritable élément de décor. Peu chargé, il contient des bocaux en porcelaine et des pots de verre qui seront remplis de plantes sèches. Visible de loin, il s’inscrit dans un large espace de délivrance. Car Patrick Zeitoun, sans doute par réaction aux conditions d’exercice dans son ancienne officine, a voulu une pharmacie spacieuse : 100 mètres carrés pour l’arrière-boutique dont les allées entre les épis sont volontairement larges, ce qui s’avère extrêmement pratique pour le rangement. Ceci d’autant plus que l’ordre de stockage a été mûrement réfléchi pour induire un gain de temps : dans l’enfilade de la zone de déballage, les sirops, plus lourds, puis les gros volumes et les comprimés. On retrouve ce souci de rationalisation dans le choix fait par le titulaire de dédier exclusivement un poste au tiers payant dans un coin du préparatoire de 8 mètres carrés.
Quel coût
– Budget : 350 à 400 kF (dont 220 000 F de mobilier).
– Maître d’oeuvre : Le titulaire.
– Fabricant de mobiliers : Herger.
– Avant : Une surface totale de 65 m2, dont 20 m2 de surface client.
– Après : Une surface totale de 165 m2 dont 60 m2 d’espace de vente, 10 m2 de bureau et près de 100 m2 d’arrière-boutique.
Nous avons aimé
– L’intégration d’un meuble d’apothicaire.
– La présentation sous vitrine dans l’espace de vente des médicaments vétérinaires.
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