Un agencement Canon… ne

La saga de la célèbre pharmacie Canonne, située boulevard Sébastopol à Paris, va pouvoir continuer. L’officine vient en effet d’être reprise après une liquidation judiciaire par Daniel Halfon, ancien président du groupement Co.Pharm.Ec, et Philippe Cohen, respectivement titulaires à Vitry-sur-Seine et à Paris. Cette renaissance prend la forme d’une SEL dont la gérance est confiée à leur associé, Samir Fourati.

L’agencement a été confié à la société Opus qui avait déjà réalisé la pharmacie de Philippe Cohen. Le cahier des charges était à la fois simple et précis : comptoirs-îlots éclatés permettant une interpénétration entre la parapharmacie et le médicament. Yves Fache, architecte d’intérieur d’Opus, proposera finalement de réaliser un noyau central officinal avec des blocs de tiroirs délocalisés pour les fortes rotations, entouré de comptoirs satellites permettant une circulation libre sur l’ensemble de l’espace et un va-et-vient continu entre la zone médicaments et les zones de para.

La façade de la pharmacie, très reconnaissable à ses arceaux lumineux, a été conservée telle quelle. Elle a simplement été rénovée de façon à réduire le nombre de vitrines. Deux seulement ont été conservées sur les cinq initiales : l’une est consacrée à l’orthopédie, l’autre aux promotions. En revanche, les ouvertures sur rue ont été augmentées (trois aujourd’hui), à la manière des pharmacies de centres commerciaux, de façon à multiplier les occasions d’entrer. La vitrine de gauche présente la particularité, eu égard à sa profondeur, d’être visible de l’extérieur et de l’intérieur du point de vente grâce à une structure semi-circulaire en gradins.

L’autre challenge pour cette officine de 200 m2 de surface de vente consistait à intégrer au mieux une forêt de douze poteaux porteurs qui constituaient autant d’entraves à la libre circulation des chalands. Une partie des poteaux sera donc camouflée à l’intérieur des meubles de médication familiale, une autre utilisée comme articulation entre deux gondoles, une troisième valorisée en véritables éléments de décor. Dans ce dernier cas, le poteau devient luminaire, entièrement recouvert de papier japonais épais blanc, texturé et rétro-éclairé, le Drop-Paper.

La signalétique haute décline alternativement les marques ou les familles de produits. Elle est doublée, y compris sur les gondoles, d’une signalétique basse, opaque cette fois-ci pour ne pas générer de saturation visuelle, de couleur bordeaux ou bleu lavande, plus thématique et générique (dermatologie, beauté, santé…). « Vu la dimension de l’officine, il était nécessaire de bien baliser l’espace pour faciliter la libre circulation », explique Yves Fache

Des écrans grand format pour capter l’attention

Le noyau central est également balisé par une signalétique verbale opaque (ordonnances, tiers payant, mutuelles, conseil, médication familiale). Pas d’images ni de caissons lumineux, les pharmaciens ayant décidé de focaliser l’attention des clients sur des écrans à cristaux liquides grand format qui déclineront la communication suivant le concept Clip Santé, mis au point par Daniel Halfon lui-même. A l’entrée de l’espace clientèle, deux vitrines d’exposition basses viennent compenser la diminution du nombre de vitrines en façade. Visible des trois entrées, une immense gondole promotions en gradins s’adosse à la zone centrale et sert, côté comptoir, de rangement pour les gros conditionnements.

Le noyau central incite à tourner dans les deux sens et joue donc son rôle de pivot. On voit très nettement la structure de l’officine depuis chacune des entrées. « Nous avons été très satisfaits de constater que les clients n’avaient pas tendance à s’agglutiner autour du noyau central, confirme Samir Fourati. Ceci est sans doute aussi facilité par le fait que l’équipe sort de la zone comptoir pour accueillir et servir les patients. La circulation dans l’espace de vente se fait selon deux modalités : suivant un grand cercle autour du noyau central et suivant de petits cercles autour des gondoles basses. »

Plusieurs éléments de l’environnement fluidifient la circulation : l’implantation circulaire des linéaires muraux bien sûr, mais aussi un effet d’appel lumineux généré par la signalétique en Drop-Paper qui souligne le cercle et enfin un respect des proportions du volume (la hauteur de plafond par rapport à la largeur de l’espace).

L’éclairage joue aussi un rôle avec ses spots fluo compact insérés dans les dalles autoportantes du plafond pour la zone de passage, et ses lampes à iodure métallique à faisceau large pour les meubles muraux qui permettent une mise en valeur des packagings par atténuation des contrastes. De plus, les meubles ont été choisis sans joues pour ne pas morceler les linéaires et pour donner une impression globale de fluidité. « Moins on a d’interruption dans la lecture, plus on se sent psychologiquement serein et rassuré en terme de comportement d’achat », ajoute Yves Fache du haut de son expérience (250 officines à son actif).

Prochaine étape, l’automatisation de l’officine

Au fond à gauche de l’officine : le corner événementiel, une zone identifiable à son sol bleu lavande contrastant avec le carrelage blanc, où se concentrent plusieurs modules saisonniers et un fauteuil de soin.

Dans un second temps, le fonctionnement de l’officine sera profondément modifié donnant naissance à un nouveau concept officinal fondé sur des groupes de travail différenciés. « Nous souhaitons à terme avoir des pharmaciens ou préparateurs vendeurs spécialisés en zone de vente dont le travail sera de valider l’ordonnance et de récupérer une ordonnance « prêt-à-délivrer », précise Philippe Cohen. L’idée est de dissocier la force de vente, la force de préparation et la force de réapprovisionnement. » Ce qui impliquera sans doute à terme une automatisation partielle ou totale de l’officine. « J’attends notamment la mise sur le marché d’automates plus rapides en terme de délivrance des produits au comptoir », reconnaît Yves Fache.

Quel coût

– Budget total : 1,483 MF, dont 110 000 F de démolition/maçonnerie, 210 500 F d’électricité, 61 000 F de peintures/sol, 38 000 F de plomberie/chauffage/ climatisation, 88 000 F de menuiserie/faux plafond, 110 000 F de miroiterie, 115 000 F d’enseignes, 550 000 F de mobilier, 100 000 F d’honoraires et enfin 100 000 F de travaux supplémentaires non prévus sur devis.

– Agenceur : Yves Fache, société Opus.

– Délais : deux mois et demi (pendant la fermeture de la pharmacie).

– Surfaces inchangées : 200 m2 de surface de vente, 180 m2 d’arrière-boutique.

Nous avons aimé

– L’habillage des piliers en colonnes lumineuses.

– La vitrine en gradin placée en angle pour être visible de l’extérieur et de l’intérieur de l’officine.