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Se protéger contre les vecteurs
De nombreuses maladies sont transmises par piqûres en zones tropicales (paludisme, fièvre jaune, trypanosomiase, maladie de Chagas, etc.). Or, jusqu’à présent, à part la fièvre jaune et l’encéphalite japonaise B, il n’existe pas de vaccin et, souvent, pas de chimioprophylaxie non plus. La meilleure méthode de prévention est donc la protection contre les piqûres des vecteurs. En moyenne, seuls 16 % des voyageurs utilisent régulièrement des mesures de protection contre les moustiques. Il est essentiel de bien les renseigner avant le départ. La protection relève de trois méthodes simples.
– Connaître et éviter les zones (ou périodes) à risque, donc bien se renseigner avant le voyage. Diminuer l’exposition aux piqûres (limiter les promenades nocturnes, porter des vêtements couvrants…).
– Employer des répulsifs sur la peau et/ou sur les vêtements lors de séjours dans les zones ou aux moments à risque.
– Utiliser des insecticides pyréthrinoïdes sur les vêtements (uniquement perméthrine ou étofenprox de très faible toxicité), sur les moustiquaires et tous les autres matériaux notamment les rideaux, les grillages moustiquaires, les tentes, etc.
Il n’y a pas de répulsif miracle, le choix des méthodes dépend des situations. Il est important de choisir des produits adaptés aux conditions et de respecter scrupuleusement les modes d’emploi, surtout lors de l’utilisation de produits pouvant avoir des effets toxiques comme le DEET ou irritants comme les pyréthrinoïdes.
Insectes et arthropodes diurnes et/ou crépusculaires
Certaines espèces piquent surtout le jour (mouches tsé-tsé, simulies…). La protection personnelle repose sur l’emploi de répulsifs sur la peau et sur l’utilisation de répulsifs ou insectifuges/insecticides sur les vêtements et autres matériaux.
Répulsifs sur la peau
Les répulsifs cutanés actuellement disponibles sont d’origine naturelle ou synthétique.
Leur durée d’action est réduite par le frottement, les conditions tropicales, la sudation, la pluie, le lavage, etc.
Ils sont disponibles sous différentes formes : lotion, crème, vaporisateur, roller, gel, lait…
Il faut les appliquer sur les surfaces cutanées exposées (mains, visage…), renouveler l’utilisation selon la durée d’efficacité du produit utilisé, éviter tout contact avec les yeux et les muqueuses…
Attention : les répulsifs protègent contre les piqûres d’insectes hématophages mais pas contre des insectes piqueurs comme les abeilles et autres !
– Origine naturelle
-> Les huiles essentielles de citronnelle ont une durée de protection faible (1/4 d’heure à 1 heure). Elles peuvent provoquer des réactions cutanées, allergiques et photoallergiques.
-> Le citriodiol, extrait de l’eucalyptus, possède une efficacité de durée comparable au DEET. C’est l’alternative naturelle la plus innovante : Mosi-Guard sera sur le marché français en janvier 2002. Des formulations, récemment testées en Côte d’Ivoire et en Tanzanie, procurent une protection de l’ordre de 6 heures contre les vecteurs du paludisme et de la fièvre jaune. Mais cette durée est réduite à seulement 2 à 3 heures en cas de transpiration. La protection est conservée même contre les moustiques testés résistants aux insecticides pyréthrinoïdes.
– Origine synthétique
-> Le DMP ou diméthylphtalate a une faible durée d’action (1 heure et demie). Il est le plus souvent associé à d’autres actifs. La concentration optimale est de 40%.
-> Le EHD ou éthylhexanediol (Insect Ecran enfant) a une efficacité variable selon l’espèce visée. On peut admettre une efficacité de l’ordre de 2 heures. Sa concentration optimale varie de 30 à 50 %. Il est surtout employé en association à d’autres répulsifs et est considéré comme ayant une efficacité particulière contre les anophèles.
-> Le 35/35 (Cinq sur Cinq Tropic, Prébutix Fort, Moustifluid Zones infestées) possède une durée d’action d’environ 5 à 6 heures. La protection est fortement réduite par la sueur. La concentration optimale est de l’ordre de 20 %.
-> Le DEET (N,N-diéthyl-3-méhylbenzamide), commercialisé depuis 1956 (Insect Ecran, Repel Insect…), est efficace à des degrés divers contre pratiquement tous les insectes et arthropodes hématophages. Mais il faut tenir compte d’une grande variabilité de l’efficacité selon les espèces de moustiques.
Le DEET appliqué sur la peau confère une protection de l’ordre de 6 heures et sa concentration optimale se situe entre 30 et 50 %.
Des risques de toxicité (dermato-, neuro-, immunotoxicité et toxicité systémique) sont rapportés.
Bien que le DEET ait globalement une faible incidence d’effets secondaires étant donné son intense utilisation depuis 35 ans, son emploi nécessite certaines précautions : éviter de procéder à des applications répétées sur le corps d’un enfant ou sur une surface cutanée importante.
Des tests ont récemment montré une absorption cutanée d’environ 10 % du produit par la peau. Ce principe actif ne doit être, préférentiellement, utilisé qu’à des concentrations inférieures à 35 % pour les adultes, et inférieures à 15 % pour les enfants (de 2 à 12 ans), et ce de façon très temporaire.
Le DEET n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 2 ans.
Le produit ne devrait pas être utilisé par les femmes enceintes.
C’est un excellent répulsif mais il doit être utilisé avec le plus strict respect de son mode d’emploi (concentrations, âge du sujet, etc.).
-> Le bayrepel (Autan) serait aussi efficace que le DEET à la concentration de 20 %.
Sa durée d’action est de l’ordre de six heures.
Commercialisé depuis 1998, on manque encore de recul pour évaluer sa toxicité et ses effets indésirables.
Vêtements imprégnés
Les répulsifs sur la peau sont efficaces, mais leur faible durée d’action et leur élimination rapide, notamment en cas de sueur ou d’abrasion par les vêtements, limitent leur emploi. De plus, les piqûres peuvent survenir à travers les vêtements collés au corps.
– Le port de vêtements imprégnés de perméthrine ou d’étofenprox associé à l’application d’un répulsif sur la peau constitue une réelle avancée dans le domaine de la protection personnelle (plus de 95 % de protection) contre les insectes piqueurs hématophages et les maladies qu’ils transmettent.
Mais il n’y a pas de risque zéro ni de protection absolue, et chez un sujet non immun, une piqûre d’anophèle infecté pourrait se traduire par un accès palustre.
– L’étofenprox (Biovectrol Pharma Voyage vêtements et moustiquaires commercialisé en janvier 2002) et la perméthrine (Insect Ecran vêtements, Insect Ecran voilages, Moskizol vêtement, Moustidose spray tissu, Moustifluid lotion tissus et vêtements…) en imprégnation de vêtements procurent une protection efficace contre les moustiques, les phlébotomes, les tiques, les puces, les poux, etc. Ils sont efficaces pendant plus d’un mois et résistants au port, aux lavages à l’eau froide et aux conditions extérieures.
Il est aussi possible d’imprégner (directement par spray) les chaussettes, ce qui procure une protection contre les piqûres aux chevilles, fréquemment observées en période vespérale, mais l’efficacité est de courte durée (2 à 3 heures).
La non-toxicité et l’efficacité de ces produits en imprégnation des vêtements ont été largement étudiées.
– L’imprégnation se fait par pulvérisation ou trempage et résiste à 5 lavages pour le coton, 2 pour le polyester. L’utilisation d’un spray facilite l’imprégnation.
Insectes et arthropodes nocturnes
« Lorsque le soleil se couche, l’anophèle se lève. » Se protéger contre les piqûres d’anophèles constitue la première méthode de prévention du paludisme, sans compter les arboviroses transmises également par les espèces anophéliennes.
Ni le climatiseur ni le ventilateur ne vont tuer les moustiques, l’un les sidère, l’autre les repousse, mais les moustiques restent.
Les répulsifs précédemment cités pour la peau et les vêtements peuvent être utilisés en cas de sortie ou travail nocturnes. La protection pendant le sommeil repose surtout sur les moustiquaires imprégnées.
Moustiquaires imprégnées
La meilleure méthode pour dormir en paix, à l’intérieur comme à l’extérieur, est incontestablement la moustiquaire imprégnée avec un insecticide pyréthrinoïde.
L’imprégnation avec un pyréthrinoïde a plusieurs effets sur le moustique : un effet dissuasif qui limite son entrée dans la maison, un effet excitorépulsif qui le fait fuir et un effet insecticide qui l’assomme ou le tue rapidement. Ainsi, même si la moustiquaire est partiellement trouée et faiblement imprégnée, elle confère toujours un certain degré de protection.
– Les produits utilisés pour l’imprégnation des moustiquaires sont des pyréthrinoïdes : perméthrine (Insect Ecran, Repel Insect), deltaméthrine (5/5, K-Othrine), lambdacyhalothrine (IcoNet), cyfluthrine (Bayer) etc. ; ou un pseudo-pyréthrinoïde : étofenprox (Biovectrol). Les doses sont variables selon les produits.
– Correctement imprégnée, une moustiquaire est efficace 6 à 8 mois.
Il est possible également d’imprégner les rideaux et voilages ainsi que les tentes. Mais l’imprégnation ne résiste pas au lavage.
Des moustiquaires préimprégnées (Modul Aid Pharma Voyage, Cinq sur Cinq, Mousticologne…) sont disponibles en pharmacie.
Une importante avancée technologique vient d’être faite avec les moustiquaires industriellement imprégnées à longue durée d’action et résistantes à plusieurs lavages disponibles en Afrique et en Asie, comme par exemple Olyset Net (où la perméthrine est intégrée au polyéthylène constituant la fibre) ou Permanet (où la deltaméthrine est « collée » à la fibre en polyester).
(1) Laboratoire de lutte contre les insectes nuisibles, Institut pour la recherche et le développement de Montpellier.
(2) Institut pour la recherche et le développement de Bouaké, Côte d’Ivoire.
Serpentins et autres…
– Serpentins
Ils contiennent en général un pyréthrinoïde ou parfois des organochlorés aux effets secondaires notables. Ils se consument en 6 à 8 heures et doivent être renouvelés tous les soirs.
– Vaporisateurs électriques (plaquettes, flacons…)
Le principe est une émission de chaleur (140 à 190 °C pour les plaquettes, 125 °C pour les flacons) qui entraîne l’évaporation du pyréthrinoïde. Une plaquette dure 6 à 8 heures et doit être renouvelée tous les soirs. Un flacon de 30 à 45 ml est prévu pour un mois environ. Certaines plaquettes sont efficaces sans chauffage.
Pour une protection efficace, il faut attendre environ 1/2 heure après le début de la diffusion et doubler la dose si la pièce est grande (> 20 m3).
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