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- Eviter les diarrhées
La diarrhée du voyageur ou turista est volontiers abordée avec une certaine désinvolture compte tenu de sa grande fréquence et de son habituelle bénignité. Il ne faut néanmoins pas perdre de vue que, du fait notamment de l’évolution du profil des voyageurs, cet incident dans le ciel bleu d’un séjour tropical peut parfois tourner au cauchemar, particulièrement chez les personnes âgées ou fragilisées. Par ailleurs, son coût pour la collectivité est loin d’être négligeable du fait du nombre de personnes concernées.
Lorsqu’elle survient, la réhydratation en est le traitement principal. Dans 2 % des cas elle peut passer à la chronicité, ce qui doit conduire le patient à consulter pour rechercher prioritairement un parasite voire une cause organique sous-jacente révélée à cette occasion.
Données épidémiologiques
La diarrhée est le problème de santé le plus fréquent pour les voyageurs se rendant d’une zone à niveau d’hygiène élevé vers un pays à niveau d’hygiène inférieur (environ 40 % des voyageurs présentent alors un épisode de diarrhée). Ainsi, 4 millions de Français sont exposés annuellement au risque. La diarrhée apparaît en général au début du séjour : 90% d’entre elles surviennent dans les 14 premiers jours.
Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’un événement bénin et de courte durée (1 à 5 jours). Cependant, dans quatre cas sur dix, ces troubles digestifs amènent le voyageur à modifier son emploi du temps et dans 20 à 30 % des cas ils le conduisent à un alitement de quelques jours.
Etiologies
Les étiologies sont essentiellement microbiennes bien que des causes non infectieuses (stress, décalage horaire, changement d’alimentation…) soient possibles. L’infection digestive provient de l’absorption d’aliments contaminés (plus que de l’eau de boisson). Parmi les agents infectieux en cause, les bactéries sont à l’origine de près de 80 % des diarrhées du voyageur. Les 20 % restant se partagent entre les étiologies virales et, à un moindre degré, parasitaires.
Prévention
Le lavage des mains reste le premier geste d’hygiène et le seul dont l’efficacité a été prouvée. En l’absence d’eau il est possible d’utiliser des gels bactéricides sans eau (Bacti Control, Assanis…). Les recommandations habituelles faites aux voyageurs (éviter les crudités, les restaurants locaux, les boissons non encapsulées, etc.) n’ont jamais prouvé leur efficacité et celle-ci est certainement limitée. L’important est de retenir que seuls les aliments servis brûlants sont sans risque… ce qui relativise la sécurité des buffets des grands hôtels.
La prophylaxie médicamenteuse se fait essentiellement par les quinolones (1 comprimé par jour pendant toute la durée du séjour), avec des utilisations très limitées (situations où une « indisposition » serait mal venue, déficits immunitaires, risque de décompensation d’une maladie sous-jacente…) et pour une durée de séjour de 2 à 3 semaines au maximum.
Conduite face à une diarrhée aiguë
Dans la grande majorité des cas, le voyageur se traite lui-même pendant le séjour.
La première règle à recommander dans tous les cas est la compensation hydroélectrolytique (thé, jus de fruits et gâteaux salés par exemple), traitement de base nécessaire, très souvent suffisant et pourtant paradoxalement très méconnu. La guérison survient en 24 à 72 h.
-> Les protecteurs de la muqueuse intestinale tels que la diosmectite ou surtout les antisécrétoires comme le racécadotril devraient être préférés aux ralentisseurs du transit.
-> Le lopéramide est illogique sur le plan physiopathologique (allongement du temps de contact du germe avec la muqueuse). Il est toutefois très utilisé comme traitement symptomatique et doit faire effet dans les 48 h. Il peut être source d’inconfort digestif secondaire (douleurs abdominales, constipation…). Il est contre-indiqué en cas de fièvre ou de sang dans les selles.
-> Dans quelques cas (tableau sévère ou persistant, fièvre, personne fragilisée…), le voyageur peut être amené à utiliser des antibiotiques (quinolones à la posologie de 2 comprimés par jour pendant 3 à 5 jours voire en une monodose de 2 comprimés).
-> Les antiseptiques intestinaux (nitrofurane, quinoléine) n’ont a priori pas leur place dans ce traitement, leur efficacité n’ayant jamais été démontrée.
* Consultation de médecine tropicale et des voyages, hôpital Avicenne, Bobigny, et Institut de médecine et d’épidémiologie africaine, hôpital Bichat-Claude-Bernard, Paris.
Risque de contamination par les aliments
– Risque élevé
Fruits de mer,
poissons et viandes mal cuits, plats préparés consommés froids,
glaces artisanales,
crudités, fruits préépluchés, lait et produits laitiers,
aliments avec trace de moisissures,
eau du robinet,
boissons non encapsulées.
– Risque faible (ou nul)
Plats cuits consommés chauds, pain, biscuits et aliments secs, confiture, miel, fruits épluchés par le voyageur, eau et boissons encapsulées, eau décontaminée, boissons chaudes.
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