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Faut vous mettre au parfum

Publié le 12 janvier 2002
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Au gré de mes déambulations urbaines, je me rends parfois dans une pharmacie située juste à côté d’une « Brioche dorée ». Chaque fois je me fais la même remarque : « Hum… ça sent drôlement bon ici ! », et je m’installe dans cette ambiance chaude et croustillante de viennoiserie, tout en laissant mon regard vagabonder sur les rayons, les marques, les comptoirs de l’officine. Mes voisins dans la queue font de même. Pas d’agacement ni de lassitude. Les gens se laissent bercer par les effluves de chocolat, de beurre, de raisins, de lait, de pain tout chaud… On n’est plus dans une file d’attente de pharmacie, mais sous la couette, un dimanche, à attendre béatement le petit déjeuner.

Tout à coup le regard happe un lait corporel au miel, la main s’en saisit, notre tour arrive. « Madame, vous désirez ? – Pardon, j’étais dans la lune… » On pose le lait odorant sur le comptoir et on demande son aspirine. En repartant on est content. On a joint l’utile à l’agréable. Hélas ! dans ma mémoire, seule cette officine (et ce n’est pas de son fait !) dégage des senteurs aussi délicieuses.

La plupart du temps, ce qui caractérise une officine, c’est justement son côté inodore. Même l’hôpital dégage des effluves. Pour vous mettre au parfum, je vais vous filer un petit tuyau. Actuellement circule un bouquin passionnant qui se lit d’une traite : Le Marketing olfactif, aux éditions Presses du management. On y apprend entre autres qu’une odeur peut permettre d’améliorer la prédisposition du consommateur envers une marque ou un lieu de vente.

A une époque où des professionnels du marketing se penchent sur l’olfactif, je me dis vraiment que le pharmacien passe son temps à ne pas vouloir se faire remarquer. Comme si le médicament vous empêchait d’avoir du nez ! Votre discrétion vous perdra, moi je vous le dis !

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Ne rien sentir aujourd’hui équivaut à ne pas avoir d’identité. Il ne s’agit plus seulement de parfumer son corps et ses cheveux, mais des endroits, des lieux publics, des écoles, des métros, des gares… et des commerces. Allez, pour finir, une belle citation, de Ruth Winter : « Si vous voulez qu’ils sachent, dites-leur. Si vous voulez qu’ils croient, montrez-leur. Si vous voulez qu’ils se souviennent, adressez-vous à leur nez. »