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Bon an, mal an, le générique se met en place, même si les résultats obtenus sont encore jugés insuffisants par la CNAM. Le gouvernement actuel continue de miser sur son développement. Quelle est votre position sur le sujet et sur le rôle des pharmaciens ?

Publié le 16 février 2002
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RPR : « Il faut poursuivre dans ce domaine du développement des génériques et le rôle des pharmaciens est à cet égard indispensable. Il faut donc leur en donner les moyens. »

PS : « La mise en oeuvre d’une politique du générique se fait progressivement, trop lentement, mais sûrement. Les pharmaciens dans leur ensemble participent efficacement à ce développement. Un contrat générique plus incitatif a été mis en place jouant sur les forfaits et les remises. C’est en amont, au niveau de l’industrie pharmaceutique et des prescripteurs, qu’un effort supplémentaire doit être mené pour que la place du générique dans l’offre médicamenteuse en France rattrape celle de l’Allemagne et des pays anglo-saxons. L’autorisation des prescriptions en DCI devrait aider la diffusion des génériques. »

Jean-Pierre Chevènement : « Je suis favorable au développement des médicaments génériques. Nous sommes actuellement à mi-chemin dans une équation qui ne satisfait personne : les prix sont fixés par des accords contournés par tous les partenaires : les laboratoires augmentent la quantité prescrite au-delà des indications retenues par les AMM, en consacrant au marketing pharmaceutique des sommes bien supérieures à celles qu’ils consacrent à la recherche. En retour, le gouvernement, en taxant chaque année les laboratoires de sommes imprévisibles, les oblige à naviguer à vue, sans pouvoir avoir des stratégies sur le long terme. Sur le médicament aussi, notre système de santé doit être revu. »

Jean-Marie Le Pen : « Le marché du générique sert ou servira encore, au nom de la maîtrise comptable, d’agent de redistribution des rôles : les pharmaciens se substituent aux médecins, les génériques aux spécialités. Autant le monopole définitif de l’invention d’une molécule n’est pas une bonne chose, autant il est clair qu’un monopole temporaire est une source financière de la future recherche médicamenteuse. Cette recherche étant dans certaines pathologies onéreuse comme le sida, l’Alzheimer ou le cancer, à l’origine de certaines économies incommensurables, il est clair que le médicament est un facteur d’économie. »

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Robert Hue : « Le générique est positif, même si son introduction masque d’autres problèmes. Ainsi, en échange d’un relatif développement du générique, le gouvernement cède aux laboratoires sur le prix des médicaments innovants. Il me semble que la possibilité offerte aux médecins de prescrire une molécule, plutôt que la marque d’un médicament, va dans le bon sens. »

Noël Mamère : « Il n’y a aucune raison que nos concitoyens payent au prix fort un médicament qu’ils peuvent avoir beaucoup moins cher. Ni les professionnels de santé, ni la Sécurité sociale n’ont pour finalité d’enrichir les laboratoires. L’expérience du département de la Marne a montré que si les médecins et les pharmaciens étaient prêts à jouer le jeu avec une Caisse primaire d’assurance maladie volontaire, on pouvait atteindre un taux similaire à celui de l’Allemagne, 40 %. Le rôle du pharmacien est fondamental, surtout si les médecins se mettent à prescrire en DCI. Mais là aussi il faut que la structure du revenu du pharmacien soit un encouragement à la qualité et à l’économie. »

Alain Madelin : « Les pharmaciens ont joué le jeu, mais le développement des génériques dépend aussi de chacun d’entre nous, en tant que patients. Chacun sait qu’il est difficile de changer ses habitudes, surtout quand il s’agit d’une mamie qui prend le même traitement depuis des années. Les médecins ont également un rôle à jouer au quotidien, dans leurs prescriptions. Il faut donc continuer à développer les médicaments génériques, mais il faut dans le même temps avoir le courage de conduire une politique du médicament qui favorise l’innovation et qui optimise le service rendu à la collectivité. »

François Bayrou : « Pour relancer le générique, nous devrons réunir tous les acteurs de santé pour négocier un contrat d’objectif avec des engagements forts. Nous pourrions par exemple nous engager à ne pas toucher aux marges pendant cinq ans à condition que tous les médicaments à service médical rendu insuffisant soient soustraits, dès maintenant, au remboursement. »

Claude Le Pen : « La langue de bois domine ! »

Les réponses des candidats aux questions concernant l’officine sont décevantes. La langue de bois domine. Il convient avant tout de rassurer les pharmaciens avec une touchante unanimité : pas de bouleversement du tissu officinal, pas de déréglementation, méfiance vis-à-vis des chaînes et des regroupements (à part Démocratie libérale), sauvegarde du service de proximité, pas de modification de marge sans concertation, amélioration du dialogue, etc. Tout cela est-il bien crédible ? Un point divertissant est la politique du générique : à part le FN qui lui est hostile (au nom de la confusion des genres !), tous réclament une politique plus active, sans réellement convaincre. Et pour cause : aucun ne voit qu’aujourd’hui le patient est le principal facteur de blocage. Pourquoi en effet accepterait-il une politique à laquelle il n’a strictement aucun intérêt, si ce n’est celui, vague, lointain et équivoque, de faire faire des économies à la Sécurité sociale ? Aucun ne perçoit le lien, pourtant évident, entre la politique de prix administrés et le développement des génériques. Aucun pays à prix administrés n’a de marché générique développé. Tous les pays à prix libre ont des marchés génériques forts !