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Stages à tout prix

Publié le 30 mars 2002
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Passer de la théorie à la pratique, tel est l’objectif du stage professionnel effectué par les étudiants en 6e année. Si les démarches pour accéder au rang de stagiaire dans l’industrie pharmaceutique sont bien définies, force est de constater que les indemnisations perçues par les étudiants peuvent varier. Explications.

A entendre Maryvonne Mesqui, responsable de l’OCO de pharmacie (office des carrières et de l’orientation) à Paris-XI, les offres de stage en industrie ne manquent pas en ce début d’année : « Nous avons actuellement beaucoup de propositions, en particulier en contrôle qualité, que nous n’arrivons pas à satisfaire. »

Même écho du côté des associations d’étudiants (filière industrie). Selon Isabelle Vu, responsable des offres d’emploi et du recrutement à l’APIEP*, ce contexte plutôt propice aux étudiants leur permet un plus grand choix. Conséquence, « les sites de production délocalisés et donc loin des facultés ne séduisent pas ». Pour attirer les stagiaires, les laboratoires Galderma proposent d’ailleurs une « prime logement » mensuelle de 305 euros à tout stagiaire sur leur usine d’Alby-sur-Chéran (74).

Pour l’indemnité de stage, les laboratoires disposent en général d’une grille dont les montants dépendent du nombre d’années après le bac. Même si les offres de stage sont supérieures à la demande, ce type de rémunération semble difficilement négociable. Pour exemple, elle est fixée à 838,50 euros chez Galderma (stage de 6e année). Sébastien Larcher, stagiaire au sein des laboratoires Servier, perçoit quant à lui 861 euros par mois. « C’est dans la fourchette », lance-t-il. Maryvonne Mesqui confirme : « Après une période difficile de 1993 à 1997 où les indemnisations de stage ne dépassaient pas 680 euros et se situaient même autour de 230 euros, on assiste maintenant à une hausse des rémunérations, en général aux alentours de 762 euros en ce qui concerne la région parisienne. »

Ne jamais aborder la rémunération dans une lettre de motivation

Virginie Beaurent, à la recherche d’un stage de 3e cycle, estime que les étudiants option industrie n’ont pas à se plaindre. Au regard de leurs homologues en officine, c’est sûr ! Ces derniers ne perçoivent en général que 30 % du SMIC (soit 303,50 euros au 01.07.2001), montant minimal fixé pour le stage 6e année quelle que soit la filière. C’est donc le maître de stage (laboratoire ou titulaire) lui seul qui décide de revoir à la hausse cette gratification de base. Les plus chanceux peuvent percevoir jusqu’à 1 500 euros. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un salaire, les employeurs versent des cotisations patronales sur les sommes payées et les étudiants sont amenés à régler des impôts si leurs revenus annuels le justifient.

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Règle d’or : ne jamais aborder le problème de la rémunération dans une lettre de motivation. « C’est au moment de l’entretien que la question se pose, lorsque le montant n’est pas annoncé d’avance, conseille Maryvonne Mesqui. Mais au-delà des intérêts purement matériels, il faut bien avoir à l’esprit que l’important dans un stage réside dans le profil du poste. »

Sur ce point pas de doutes, tout le monde est d’accord. En premier lieu les étudiants eux-mêmes, conscients de l’étape cruciale que représente cette insertion professionnelle dans leur carrière à venir. Laurence, qui vient de terminer son stage, est formelle. « J’ai choisi mon poste en fonction de la mission proposée et non pas des indemnités. » Cette première expérience lui a permis d’acquérir une vision globale de l’univers marketing puisqu’elle était chargée de réaliser des enquêtes épidémiologiques et des rapports d’experts en relation avec des chefs de produits. Son nouveau défi, alors qu’elle suit un DESS en marketing : trouver un stage de 3e cycle en tant qu’assistant chef de produit.

Des primes sur objectif sont également possibles

Le plus dur n’est pas de décrocher un stage mais plutôt de trouver un poste ciblé. Virginie, qui prépare un master spécialisé en génie industriel, se trouve confrontée à la difficulté d’obtenir un stage dans le domaine du développement, de préférence dans une gestion de projet. Laurence comme Virginie ne se soucient guère des indemnités versées. « Lors des divers entretiens que j’ai passés, j’avoue de pas avoir cherché à discuter d’argent. C’est toujours délicat de négocier alors qu’on ignore si on correspond au profil recherché », explique Laurence.

Les profils recherchés par les industriels ? « Nous sommes très intéressés par des étudiants possédant une première approche industrielle par le biais de stages préalables. Nous attachons aussi beaucoup d’importance à ceux ayant une dimension internationale via des études à l’étranger ou un biculturalisme par exemple », informe Michaël Bret, directeur des ressources humaines pour la partie « manufactoring and technology » de Galderma.

Bilinguisme également fortement conseillé pour les affaires réglementaires chez Aventis Pharma International, avec si possible un DESS de droit des pharmacies. Une fois en poste, place aux initiatives personnelles… Et si les missions accomplies s’avèrent concluantes ou performantes, le maître de stage peut se montrer reconnaissant. « On m’a déjà proposé une prime de 305 euros par mois si j’atteignais mes objectifs », rapporte Virginie Beaurent.

Mais pour Michaël Bret, la meilleure des primes reste l’embauche. Pour lui comme pour beaucoup, le stage équivaut à un moyen privilégié de recrutement. La preuve, 50 % des juniors embauchés en 2001 ont effectué un stage dans l’entreprise. Pas de CDI à l’issue du stage chez Aventis Pharma International, mais possibilité d’un CDD si l’étudiant fait preuve de dynamisme. Sébastien Larcher, lui, ne pense pas à l’avenir (bien qu’un CDD ne lui déplairait pas) et reconnaît au stage un intérêt formateur sans conteste. « Il y a trois mois, j’ignorais encore tout du process pharmaceutique », raconte-t-il. A quand la prime à la satisfaction ? –

Sur la piste d’un stage

Outre la motivation, certaines étapes sont incontournables pour gravir avec succès les marches menant au stage désiré :

– Bien préparer son CV et sa lettre de motivation : suivre les conseils éclairés disponibles sur le site de la faculté de Nancy (http://www.cyberfac-emploi.univ-nancy2.fr).

– Envoyer des candidatures spontanées aux services des ressources humaines des laboratoires pharmaceutiques : le taux de retour est loin d’être négligeable.

– Se rendre aux forums de l’industrie pour rencontrer les laboratoires : « Au dernier forum à Châtenay, j’ai laissé plusieurs CV. Un mois après, j’étais convoquée pour deux entretiens », témoigne Virginie Beaurent.

– Consulter régulièrement les offres de stage sur les sites Internet : celui de l’OCO (http://www.u-psud.fr/chatenay/oco.nsf ), du SNIP (http://www.snip.fr), de l’APIEP (http://apiep.free.fr) et de l’ALEE (http://www.pharmhorizon.com). Ne pas hésiter à regarder les rubriques emploi sur les portails Internet des divers laboratoires.

– Ne pas se fixer à tout prix sur un profil de poste trop pointu : « Souvent les étudiants viennent me voir avec l’idée d’un stage bien précis. En discutant, ils réalisent alors que d’autres profils de poste peuvent leur convenir », assure Maryvonne Mesqui (OCO).