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Croissance sous haute surveillance

Publié le 29 juin 2002
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Les ventes de médicaments continuent, en France comme dans l’ensemble des pays industrialisés, d’afficher une belle progression. Mais après les envolées relevées entre 1999 et 2001, le marché a marqué l’année dernière une pause sensible. Maîtrise oblige.

Le marché manifeste toujours une belle santé, mais après une période de croissance à deux chiffres, le médicament remboursable est revenu l’an dernier à une progression beaucoup plus sage. De + 17 % en valeur (prix public TTC) et + 6,8 % en unités, entre 1999 et 2001, la croissance est tombée dans l’Hexagone à + 6,6 % en valeur (soit + 8 % en prix grossiste HT) et à + 1,8 % en unités, entre 2000 et 2001.

Des chiffres qui font de la France – pour une fois – la bonne élève du marché pharmaceutique. La croissance enregistrée dans notre pays est en effet inférieure à celle affichée en Europe (+ 9,4 %) et dans les principaux marchés du Vieux Continent, tels l’Italie (+ 12 %), le Royaume-Uni (+10,9 %) ou l’Allemagne (+ 9,7 %). Pour autant, avec 17,1 milliards de dollars dépensés en 2001, la France demeure le 4e marché pharmaceutique mondial, derrière les Etats-Unis (168,5 milliards), le Japon (48,5 milliards) mais tout juste derrière l’Allemagne (17,2 milliards).

On note que l’évolution en valeur des ventes de médicaments a été plus importante sur deux ans que l’évolution en unités. De même, la structure des ordonnances établies par les médecins a peu évolué, le nombre moyen d’unités prescrites par ordonnance ayant même légèrement baissé, passant de 4,5 unités début 1999 à 4 unités fin 2001. « Il est très clair, selon Jean-Marie Hardré, directeur général adjoint d’IMS Health, que le prix moyen de la spécialité continue à augmenter de manière très significative.»

UN PRIX MOYEN SITUÉ ENTRE 52 ET 56,50 F

Cette augmentation des prix explique le différentiel constaté entre l’évolution des ventes en unités et en valeur. Situé au début de l’année 1999 dans une fourchette de 46/48 F, le prix moyen de la spécialité pharmaceutique est passé, en 2000, à 50/52 F, pour évoluer en 2001 à 52/ 56,50 F.

Une hausse des prix qui, curieusement, n’aura donc pas « boosté » la courbe des dépenses de médicaments. IMS Health attribue le ralentissement relatif de la croissance à la diminution des pathologies hivernales. Bien qu’entre janvier et décembre 2001, le prix moyen de la spécialité prescrite ait augmenté de 8,8 % en raison essentiellement des nouveaux produits mis sur le marché, cette hausse de la valeur des prescriptions n’a pas suffit à compenser la baisse de leur nombre.

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La trentaine de classes thérapeutiques qui composent, à elles seules, 80 % du marché du médicament, ont connu en 2001 des fortunes diverses. En unités vendues, les analgésiques continuent de se tailler la part du lion (plus de 14 % du marché), suivis, loin derrière des antibiotiques et des psycholeptiques (6 %). Par rapport à 2000, les analgésiques ont progressé de 6 %, « preuve, selon Jean-Marie Hardré, que les campagnes contre la douleur portent leurs fruits ». En revanche, faute de pathologies, les antibiotiques ont accusé une baisse de quatre points, tout comme les antitussifs.

On note en outre une forte baisse des ventes de vasodilatateurs périphériques, victimes de déremboursements, et de la classe des diurétiques, remplacés par des médicaments de génération plus récente. Au chapitre des hausses, on note la forte progression des hypolipidémiants (plus de 8 %), des antiacides/antiulcéreux et des anti-inflammatoires.

En termes, non plus de volume mais de CA, ce sont les antibiotiques qui, une nouvelle fois, occupent la plus haute marche du podium, avec près de 7 % du marché. Ils sont talonnés par les hypolipidémiants, les analgésiques et les anti-acides/anti-ulcéreux. L’évolution entre 2000 et 2001 révèle une véritable explosion des anti-inflammatoires (+ 55 %), à porter à l’actif du Célébrex, devant les anti-viraux, les trombolytiques et autres antiacides/antiulcéreux. En revanche, le chiffre d’affaires des vasodilatateurs et des antitussifs marque un net recul par rapport à l’année précédente.

CÉLÉBREX, NOUVELLE STAR DU PALMARÈS

La concentration du marché des médicaments demeure une constante. En effet, alors que près de 5 000 médicaments sont aujourd’hui référencés, 40 % des unités vendues concernent 100 produits seulement. Là encore, les antalgiques tiennent le haut du pavé, puisque les premiers du classement sont Doliprane, avec 75 millions d’unités vendues en 2001, suivi d’Efferalgan (55 millions), de Dafalgan (35 millions) et Di-Antalvic. Ensuite, mais en net retrait, vient le Spasfon (20 millions).

En chiffre d’affaires, où 43 % des ventes sont générées par 100 médicaments, Célébrex est venu bousculer une hiérarchie jusqu’alors bien établie en s’emparant de la troisième place. Une performance accomplie en moins de un an et demi d’existence, et au prix d’une augmentation de 800 % ! Cet AINS est cependant encore loin derrière le numéro un, Mopral, et son dauphin Tahor. Il est talonné par l’antiagrégant plaquettaire Plavix qui, fort d’une croissance de ses ventes en France de + 48 %, pointe désormais à la quatrième place. Relégué au cinquième rang, Zocor conserve pourtant, au niveau mondial, son statut de numéro trois.

Autant de données qui confirment le dynamisme du marché des médicaments remboursables, et qui illustrent la part importante que prennent des spécialités innovantes, au prix souvent élevé, en termes de valeur plus que de volume. Preuve que celles-ci ne tardent pas à être reconnues sur le marché des ventes de médicaments prescrits.

+ 6,6 %

En France, le marché du médicament remboursable pesait 15,9 milliards d’euros en 2001 (+ 6,6 % en valeur par rapport à 2000, + 1,8 % en volume).

Source IMS Health