Un marché à dévorer
Les compléments alimentaires commencent à entrer dans les moeurs des Français et la pharmacie récolte les fruits de leur foudroyante croissance, et ce d’autant plus que ce marché est encore très officinal puisque nécessitant une caution médicale. En tête des segments porteurs, la minceur, la ménopause et le bien-être.
Le marché des compléments alimentaires est incontestablement en pleine expansion avec une croissance annuelle, tous circuits confondus, de 14 % en valeur pour 2001 selon le Syndicat de la diététique et des compléments alimentaires. Au total, ce marché pèse 76,2 millions d’euros, dont la moitié revient à la pharmacie. Le segment du « bien-être » (tonus, circulation, digestion, féminité, ménopause) représente 44 % de ce marché et a évolué de +10 % ; la « minceur » (drainage, ventre plat, silhouette) en représente le tiers mais a augmenté de 47 % ! Le segment « beauté » (bronzage, phanères anti-âge) constitue quant à lui un peu plus du quart de ce marché, avec une croissance de 8 %.
Le nombre de consommateurs concernés est également en constante augmentation. Leur proportion est passé de 30 % en 2000 à 45 % en 2002, selon Karine Cottin, chef de groupe nutrithérapie Pierre Fabre qui l’explique par le fait que « la dimension prévention, bien-être et soins commence à être comprise du grand public qui est de mieux en mieux informé ».
L’officine, dont le marché est estimé pour 2001 à 255 milions d’euros (+ 16,6 % par rapport à 2000) et 20 millions d’unités vendues (+ 14,5 %), a très largement bénéficié du « boom » des produits pour la ménopause (+ 17,1 % en volume, + 26,8 % en valeur) et également de celui sur les compléments minceur (+ 25,4 %, + 30,3 %), mais avec une abondance de l’offre qui rend parfois perplexe le pharmacien et le consommateur.
LE MARCHÉ EST ENTRÉ DANS UNE CROISSANCE À DEUX CHIFFRES
Bruno Philippon, directeur marketing et commercial Physcience (ex-Orsinia), confirme que le marché des compléments alimentaires est entré dans une croissance à deux chiffres qui se retrouve sur le premier semestre 2002. Physcience a d’ailleurs réalisé une augmentation de 40 % en valeur en 2001. Suite à une communication télé, le laboratoire a également vu les ventes de son produit Pectiligne grimper à 35 000 unités en mars lui permettant de se hisser en ce début année sur la première marche du podium « minceur » devant Nepadrine et Phytofluide (il était en troisième position en 2001).
Si l’offre est pléthorique sur le segment minceur, ce sont les marques connues qui sont en tête des ventes grâce à la crédibilité acquise auprès du public. En marge des compléments alimentaires au sens strict, les grosses cylindrées de la diététique minceur sont Exolise, Mincifit, d’Arkopharma (1 million d’unités vendues par an) et Terrafor, de Claytone (360 000).
« Notre concurrent potentiel reste la GMS avec des produits food « qui font du bien » comme Actimel qui communique sur la même cible que nous », considère André Salkin, P.-D.G. de Claytone. On n’est donc guère étonné de voir un laboratoire comme Physcience lancer une gamme d’aliments fonctionnels à l’officine (thés et cafés favorisant la satiété) pour concurrencer la grande distribution.
LE MARCHÉ DE LA MÉNOPAUSE FRISERAIT LES 5,5 M
Euro(s) EN 2002
OEnobiol annonce une progression en valeur de 19 % en 2001 avec un CA global de 27,9 millions d’euros. Les ventes de ses compléments minceur ont progressé de 25 % durant la même période avec le lancement d’OEnobiol Satiété et Remodelant. Aquadrainant buvable a vu le jour début 2002. Les mêmes progressions sont attendues pour l’année en cours. «On constate que les consommateurs tendent à cumuler deux cures en simultané sur le segment minceur », indique-t-on chez OEnobiol. En parallèle, le laboratoire poursuit sa stratégie de développement dermocosmétique (15 % du CA du laboratoire) en complément des produits oraux : en 2001, la crème Féminité Soja, en 2002 le Gel Liporéducteur.
Dolisos mise aussi sur la minceur avec la gamme Affinex (solution buvable, comprimés drainants, tisane, ampoules, plus un gel minceur lancé en 2002). Ce marché se révèle très sensible à la publicité et permet un écoulement moyen de 200 à 300 000 unités l’année du lancement.
On l’a vu, le segment ménopause se positionne désormais comme un marché majeur, passant de 2,9 millions d’euros en 2000 à 4,5 millions en 2001. Le CA prévisionnel 2002 frise les 5,5 millions. Une tendance lourde liée au vieillissement de la population selon Bruno Philippon. Leader incontesté de ce segment, Phyto Soya d’Arkopharma, lancé fin 1998, a conquis 40% de parts de marché en journées de traitements vendues, devant Yméa de Chéfaro-Ardeval (20%), puis au coude à coude, Evestrel de Theramex et Biopause.
Ces laboratoires sont très présents en visite médicale (généralistes, gynécologues) et proposent parfois comme Arkopharma une gamme complète ménopause : antirides, lingettes vaginales, solution vaginale et… compléments alimentaires.
Cependant, la question du contexte réglementaire se pose plus que jamais. Les laboratoires s’interrogent sur le statut de leurs produits, aujourd’hui sans AMM. Ainsi, des produits à base d’isoflavone de soja – dont Bioptimum Soja de Boiron – ont d’ores et déjà été retirés du marché et certains, comme Arkopharma, sont entrés dans une démarche de demande d’AMM.
BELLES PROGRESSIONS POUR LES SOLAIRES ET LES CHEVEUX
Le créneau solaire a progressé (+ 15 % en unités) de même que les « Cheveux et phanères » (+11,2 %). OEnobiol escompte 900 000 unités en 2002 pour OEnobiol Solaire en tête du classement devant Doriance, Phytobronz OPC et Bergasol. Son dernier-né, Solaire Intégral, qui inclut la protection oculaire (prévention de la dégénérescence maculaire) devrait faire une percée sur le marché en 2002. De même d’ailleurs qu’Héliosélen de Richelet, lancé tardivement durant l’été 2001, ainsi que Phytobronz OPC enfants (sous forme de comprimés à croquer), une nouveauté Arkomédica. A noter que Dolisos a doublé en 2002 ses investissements en presse féminine pour Doriance de façon à accroître sa notoriété spontanée.
Au rang des sorties récentes les plus originales, Convalis de Lero, à conseiller après toute pathologie (infection, intervention, fracture…) pour faciliter la récupération. La marque, qui vient de moderniser son packaging, souhaite d’ail-leurs se positionner comme la gamme conseil du pharmacien. La visite médicale constitue une voie de promotion privilégiée, également exploitée par Dolisos pour sa nouveauté positionnée sur le créneau du stress : Sériane.
On note d’autre part un potentiel important pour les anti-oxydants dont l’intérêt pour la santé à long terme apparaît de plus en plus évident, comme on le constate chez Boiron qui mise sur l’avenir d’un produit comme Bioptimum ARL, même si les références les plus vendues restent Bioptimum Stress et Bioptimum Mémoire. Certains microsegments comme l’immunostimulation ou la protection oculaire devraient également se développer dans les années à venir.
TENTATIVES DE PERCÉE DES GROUPEMPENTS
Ce qui se développe assurément depuis plusieurs années, ce sont les produits à la marque. Plus Pharmacie a sorti cette année un magnésium enrichi en vitamine B6 contre le stress. Un de ses best-sellers reste sans nul doute Oméga 3 Oméga 6, pour la prévention des maladies cardio-vasculaires. Plus Pharmacie s’est aussi positionné sur le ventre plat, un marché jugé intéressant. Les compléments alimentaires représentent 25 % du total produits à la marque du groupement avec des performances parfois inattendues : 14 000 unités de B Concept solaire (marge 65 % !) pour 60 000 OEnobiol Solaire (marge 25 %) dans les officines adhérentes. Luis Moralès prévoit de conquérir 50 % du marché en 2002.
De son côté, Forum Santé vient de se positionner sur le segment des compléments alimentaires avec une préparation pour boisson, Draineur Minceur, signée du tout nouveau laboratoire d’enseigne Forumsanté Lab.
+16,6 %
En 2001, la pharmacie a réalisé un CA de 255 millions d’euros
(+ 16,6 % par rapport à 2000) et vendu 20 millions d’unités (+ 14,5 %).
Source IMS Health
PAROLES DE CLIENTS…
Nathalie, 37 ans, mère au foyer : « Je ne suis pas une consommatrice régulière de compléments alimentaires mais cela m’intéresse. Essentiellement pour perdre du poids : draineurs, brûleurs de graisses… Mais je suis curieuse de tout. Par contre je ne sais pas très bien ce qui peut être à ma disposition et j’aurais besoin de conseils pour me faire découvrir ces produits. J’ai entendu parler de capsules anti-âge ou de préparateurs pour le soleil : je suis très intéressée mais je n’ose pas choisir toute seule car je ne connais pas ces produits. J’aimerais pouvoir les tester… Prendre des capsules tous les jours en cure d’un à deux mois ne me gêne pas du tout. Au contraire. Par contre, ce sera uniquement en pharmacie. Je n’achète pas bêtement ce type de produits. J’ai besoin d’être conseillée. »
Virginie, 38 ans, conseil en communication : « Je prends tous les matins deux capsules de compléments alimentaires depuis plus d’un an. Je souffrais d’une dermatose sur le visage qui se manifestait par des plaques rouges rugueuses sur les joues et le front, parfois même autour des yeux et qui réapparaissaient toutes les deux à trois semaines. Seul traitement pour le dermatologue : cortisone ! J’ai donc essayé par moi-même les compléments alimentaires pour la peau en me disant qu’il devait forcément y avoir un problème de dérèglement interne. J’avais raison ! En quelques mois de prise quotidienne, ma dermatose a complètement disparu… Maintenant, j’alterne les produits : en été, des compléments solaires, parfois des complément cheveux… C’est très efficace ! »
Le top des labos
1 – Arkopharma : 57,3 MEuro(s) (+13,7 %)
2 – OEnobiol : 20,4 MEuro(s) (- 0,1 %)
3 – Physcience : 19,6 MEuro(s) (+16,7 %)
4 – Dolisos : 13,7M Euro(s) (+11,7 %)
5 – Boiron : 10,7 MEuro(s)(+ 0,1 %)
6 – Richelet : 10, 4 MEuro(s) (+16,4 %)
7 – Forte Pharma : 8,3 MEuro(s) (+ 31,9 %)
8 – Ponroy : 7,7 MEuro(s) (-14,3 %)
9 – Lero : 5,5 MEuro(s)
(Source IMS Health, cumul mobile 12 mois à mars 2002.)
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