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Les médecines alternatives en quête de reconnaissance
Portées par les patients, les médecines alternatives ont le vent en poupe. Une raison de plus pour les médecins qui les pratiquent de revendiquer le droit à une reconnaissance officielle de la part des tutelles et des instances professionnelles.
Le sujet embarrasse l’ordre des médecins. Les tutelles veulent bien reconnaître officiellement certaines thérapeutiques mais aucune valorisation financière n’est prévue et l’homéopathie est régulièrement menacée de déremboursement. Pourtant, côté patients, la consécration des médecines alternatives ne fait plus de doute. C’est en effet grâce à eux que des médecines comme l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie ou l’ostéopathie peuvent revendiquer une place dans l’arsenal thérapeutique moderne.
40 % des Français adeptes de l’homéopathie
L’homéopathie connaît un véritable succès. 18 % de Français déclaraient en 1983 avoir recours à cette thérapeutique ; ils sont désormais plus de 40 %. La moitié des quelque 53 000 généralistes déclarent être prescripteurs occasionnels et 5 000 s’affichent clairement homéopathes. 5 à 10 % des pédiatres prescriraient des traitements homéopathiques.
En 1998, les premières AMM pour des produits homéopathiques voient le jour. Cette thérapeutique fait aussi son entrée à l’hôpital, comme à l’hôtel-Dieu de Lyon où deux homéopathes assurent une consultation dans le service d’hépatogastroentérologie du Pr Christian Trepo, spécialisé dans la prise en charge des patients atteints du sida. C’est aussi par l’hôpital que l’acupuncture a obtenu la légitimation du corps médical. Il existe ainsi une cinquantaine de consultations de ce type dans les hôpitaux français. Et depuis 1991, un DIU d’acupuncture a été créé et six facultés de médecine assurent la formation médicale initiale d’acupuncture. Pourtant 3 000 médecins seulement pratiquent cette thérapeutique alors que 20 % de la population y ont recours. La légitimation passe aussi par l’évaluation, c’est le cas par exemple d’essais cliniques dans le domaine de l’acupuncture et du sevrage tabagique, pour lesquels l’ANAES attribue ainsi un niveau de preuve I aux synthèses méthodiques réalisées. « Ce sont plus de mille études contrôlées randomisées qui prouvent l’efficacité de l’acupuncture dans de nombreux domaines », rappelle le Dr Michel Faure, vice-président du Syndicat national des médecins acupuncteurs français.
Quant à la phytothérapie, pour laquelle la légitimité scientifique semble la plus naturelle puisqu’elle est à l’origine de la Pharmacopée moderne, elle est utilisée régulièrement par seulement 10 % des patients dont 5 % sur prescription médicale. Les médecins proposant une telle alternative seraient moins d’une centaine en France, selon le Dr Jean-Claude Lappraz, vice-président de l’Observatoire des médecines globales.
Enfin, les manipulations (ostéopathie, chiropratique ou étiopathie) ont récemment obtenu une reconnaissance officielle dans le cadre de la loi des malades du 4 mars 2002. 5 % des Français ont recours à ces méthodes largement médiatisées il est vrai par de grands sportifs, comme David Douillet qui affirme avoir remporté la médaille d’or aux JO de Sydney grâce à son ostéopathe…
En quête d’une reconnaissance financière
Face à cette nouvelle légitimité et stimulés sans doute par la grogne de leurs confrères, les médecins pratiquant les thérapeutiques alternatives réclament eux aussi une reconnaissance financière. « Nous ne pouvons accepter plus longtemps un acte de médecine coté à K5 soit 9,60 Euro(s), argumente Michel Faure. Et si nous sommes solidaires des généralistes qui ont obtenu une revalorisation de leur consultation à 20 Euro(s), nous pensons que les médecins acupuncteurs, après sept années d’études de médecine et trois ans de spécialisation, méritent une codification décente ».
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