ACTEUR DE LA CITÉ

Quand il reprend la pharmacie de la Canche à Marconnelle dans le Pas-de-Calais en 2015, Jean-Luc Hitimana reçoit une vingtaine de clients par jour. Surtout des personnes âgées. D’où l’idée du titulaire de multiplier les services pour quelques pathologies particulièrement présentes dans la région – le diabète et le cancer – et d’essayer d’apporter des solutions pour répondre aux besoins des plus jeunes.

Tisser des liens.

C’est dans cet esprit que Jean-Luc Hitimana noue des collaborations avec d’autres professionnels, comme un podologue. Le jour de notre reportage, une patiente, Annick, vient pour une nouvelle paire de semelles. La pharmacienne, Anne-Claire, la reçoit dans la salle de confidentialité. Le protocole à suivre sur un logiciel spécifique démarre par un questionnaire. Puis, l’adjointe réalise une photo et une empreinte des pieds de la sexagénaire et précise que le dossier partira chez leur partenaire Orthosteda, société spécialisée dans la fabrication de semelles orthopédiques sur mesure pour les officines basée à Dieppe en Seine-Maritime (lire l’interview de Stéphane Dagicour, fondateur d’Orthosteda p. 21). Mine de rien, la pharmacienne apprend, au détour d’une phrase, que sa patiente est diabétique. Une prochaine fois, la pharmacie de la Canche pourra donc lui proposer un suivi spécifique pour cette maladie, que l’équipe assure ici à l’aide de l’application My Espace Diabète et via la machine Sudoscan du fournisseur Impeto Medical, pour mesurer la sensibilité des mains et des pieds. Plus original encore, l’officine travaille avec un coiffeur : Dominique Dupuis, spécialiste de la prothèse capillaire, travaille la marque de perruques NJ Création Paris. Une autre fois, c’est un cardiologue qui a passé l’après-midi à l’officine pour rencontrer les patients et les conseiller. Petit à petit, la pharmacie de la Canche tisse un réseau de professionnels au profit de ses patients.

Un engagement citoyen qui paye.

Pour intéresser les plus jeunes, le nouvel agencement, terminé en 2019, a consacré une place importante au rayon pour les bébés. Cet assortiment implanté comme un shop-in-shop capitalise en plus sur la mascotte du groupement Giropharm, Lili. La petite fille est mise en scène via des adhésifs posés au dos d’une gondole. La marmaille est ainsi incitée à rester dans ce petit espace aménagé en U et équipé de quelques jeux et d’une tablette tactile. Au comptoir, l’équipe officinale a une approche qui va encore plus loin. Ainsi le jour de notre reportage, la préparatrice Catherine questionne une petite Manon : « As-tu déjà eu le dernier album de Lili ? » La fillette connaît le personnage mais n’a pas lu ses aventures depuis longtemps. Elle repart donc avec les deux derniers exemplaires… Une manière de tisser des liens avec les enfants et leurs parents. « C’est un outil qui permet de faire la différence », estime le titulaire, lui-même père de trois fillettes. Il s’est d’ailleurs impliqué pendant quatre ans pour ouvrir une crèche dans le village de Marconnelle. Celle-ci a pris place dans son jardin derrière la pharmacie faute d’un autre emplacement disponible. Au même titre que la téléconsultation et le suivi des patients chroniques, une crèche répond aux préoccupations de la population. Autre signe d’intégration de la croix verte dans le village : le centre local qui accueille les mineurs migrants non accompagnés l’a sollicité pour réaliser des piluliers. À Marconnelle, la pharmacie de la Canche a su générer la confiance.