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Amiens s’ouvre à l’industrie

Publié le 19 octobre 2002
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Amiens était la dernière des vingt-quatre facultés de pharmacie à ne pas disposer – volontairement – d’orientation industrie. C’est chose faite depuis la rentrée. Interview de Michel Brazier, doyen, et de Pascal Sonnet, coresponsable de la filière.

« Le Moniteur » : Pourquoi décider d’ouvrir une filière industrie ?

Michel Brazier : La vocation d’Amiens était plutôt de préparer les étudiants à l’officine. Nous avons des liens privilégiés avec la faculté de pharmacie de Lille qui accueillait deux ou trois étudiants – ou parfois aucun – intéressés par l’industrie. Il y avait plusieurs raisons à ce choix : la proximité de Lille et, jusqu’à récemment, le manque de locaux adaptés. Les locaux, des préfabriqués, étaient dispersés dans la ville. Depuis le milieu des années 90, nous avons intégré un centre* qui permet aux facultés de médecine et de pharmacie de disposer de laboratoires, de salles de travaux pratiques équipées, et qui offre la possibilité de dédier des locaux à la recherche. Pour les construire, l’université nous a accordé 700 000 francs de crédits l’an dernier. Les industries locales et de la région parisienne ont mis du matériel à notre disposition (chromatographie, spectromètres infrarouges, matériel de stérilisation) et des aides financières par le biais de la taxe d’apprentissage.

N’est-ce pas une filière de trop ? On a dit naguère qu’il fallait en réduire le nombre dans les facultés de pharmacie…

Pascal Sonnet : On disait il y a deux ou trois ans, effectivement, qu’il existait trop de filières industrie, mais les étudiants inscrits ne sont pas très nombreux. Les facultés de Rennes, de Rouen ont un nombre limité d’étudiants, d’environ six ou sept, et, pour la rentrée, sept sont inscrits dans notre faculté. Dans la région, il y a des offres de stages potentielles : Unither, fabricant d’unidoses, accueille tous les ans un ou deux stagiaires pharmaciens venant de facultés extérieures ; à Compiègne, Aventis peut « absorber » trois étudiants par an ; l’association Capsanté regroupe deux cents PME, qui vont des lits médicaux à l’agroalimentaire et la cosmétique.

Michel Brazier : Depuis trois-quatre ans, nous avons constaté un intérêt certain pour l’option industrie. L’an dernier, dix étudiants sont partis de la faculté pour suivre cette option ailleurs (le numerus clausus est fixé à 61). Il est clair également qu’il existe une pénurie d’emploi à l’officine, mais les étudiants qui se destinent à l’industrie sont motivés. Nous en avons formé beaucoup à l’officine qui se sont en fin de compte tournés vers l’industrie soit en y entrant directement après la thèse, soit en effectuant une formation supplémentaire. Autant offrir toute la palette des formations pharmaceutiques.

Pourquoi une filière « industrie recherche » ?

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Pascal Sonnet : Nous souhaitions quelque chose de très flexible : les étudiants peuvent passer un DESS ou effectuer un DEA pour se former à la recherche dans l’industrie. Ils peuvent s’inscrire en DEA et valider les enseignements à la place des UV prévues. Nous voulons adapter la formation aux besoins de l’industrie, nous adapterons également l’enseignement selon les étudiants.

Michel Brazier : Nous donnerons l’équivalent de la 6e année pour leur DEA à ceux qui veulent en suivre un, puis une thèse de 3e cycle. Nous avions parfois des étudiants qui souhaitaient faire de la recherche : soit ils commençaient après leur 6e année d’études, soit ils effectuaient leur DEA au lieu du stage en officine. Nous ne savons pas encore combien, parmi les sept étudiants inscrits, comptent faire de la recherche mais nous allons mettre en place, au cours de la cinquième année, un module de projet professionnel avec l’école de commerce pour les aider.

Comment la filière est-elle organisée ?

Pascal Sonnet : En 5e année, les étudiants doivent réaliser un stage hospitalier tous les matins à l’hôpital, qu’ils soient en officine ou en industrie. Nous allons essayer qu’ils fassent des stages plus en rapport avec l’industrie, comme la pharmacovigilance, les essais cliniques stériles, des stages en pharmacie centrale. L’après-midi est consacré à des cours d’anglais suivis de cours à l’Institut d’administration des entreprises intitulés « Certificat à l’administration d’entreprises ». Ils étudient le management, l’analyse financière, la gestion des ressources humaines. D’autres étudiants pourront suivre un DESS d’assurance qualité à la faculté de sciences. En 6e année, ils valideront 240 heures de cours à la faculté de septembre à décembre. Ensuite vient le stage de six mois de janvier à fin juin dans une entreprise pharmaceutique.

Avez-vous d’autres projets ?

Michel Brazier : Nous avons passé cet accord avec l’Institut d’administration des entreprises car il propose des matières spécifiques comme la comptabilité, l’analyse financière, le marketing. Si on a un flux d’étudiants réguliers, il y aura sans doute des aspects pharmaceutiques inclus dans ce DESS. Nous proposons durant le cursus les mêmes UV (pharmacotechnie, cinétique…) que dans les autres facultés, mais notre souci est de ne pas refaire ce qui se fait ailleurs en termes de DESS. Nous espérons développer une spécialité sur les biotechnologies appliquées à la santé en connexion avec l’Institut universitaire de technologie de Compiègne. Par ailleurs, la région Picardie étant tournée vers le « végétal », nous avons un projet avec l’IUT pour faire de la recherche-développement et préparer des médicaments.

* Centre de gériatrie Saint-Charles.

Les grands travaux d’Amiens

Depuis le déménagement de l’université de Picardie/Jules-Verne dans de nouveaux locaux, la faculté de pharmacie a entrepris de front plusieurs projets.

Outre la mise en place de la filière industrie, elle a achevé la création d’une vaste bibliothèque universitaire. Destinée au pôle santé de l’université, qui regroupe pharmacie, médecine et IUP dans l’ingénierie de la santé, elle couvre 5 000 m2 sur trois étages et offre quatre à cinq cents places ainsi qu’une soixantaine de postes informatisés.

Pharmacie virtuelle. Une pharmacie virtuelle est en cours d’installation et devrait fonctionner l’an prochain. « Nous avons un local dédié. Nous avons engagé des travaux et acheté du matériel, notamment de l’informatique officinale », précise le doyen Michel Brazier (photo). L’université a versé 300 000 francs. La pharmacie virtuelle sera réservée aux étudiants de 4e année qui suivent l’UV « pratique officinale », en 5e et 6e année. « Nous allons collaborer avec la faculté de médecine qui dispose de deux médecins généralistes maîtres de conférences associés pour que les étudiants travaillent sur la prescription médicale, l’analyse des ordonnances et la dispensation des médicament. Les étudiants pourront observer les difficultés du médecin et du pharmacien. »

LE SALAIRE

Responsable « zone export »

Chaque mois, nous vous présentons

les rémunérations habituellement pratiquées dans une fonction.

– CA géré inférieur à 7,5 MEuro(s)- de 35 ans :

– fixe : 44,1 kEuro(s)- total : 49,5 kEuro(s)

+ de 45 ans :

– fixe : 61,2 kEuro(s) – total : 69,3 kEuro(s)- CA géré supérieur à 7,5 MEuro(s)- de 35 ans : – fixe : 51,2 kEuro(s)- total : 60,4 kEuro(s)

+ de 45 ans :

– fixe : 71,1 kEuro(s)- total : 84,5 kEuro(s)

(Source : Maesina International Search et Hewitt Associates.)