Un appétit d’ogre au service du marketing
Après la répartition, une création de parapharmacie et une expérience dans l’OTC, Nathalie Archier est devenue directrice marketing Nestlé Clinical Nutrition.
Elle ne marche pas, elle court. Si sa voix est posée et ses jugements réfléchis et argumentés, elle sait prendre des décisions à la vitesse de l’éclair. Ce qui intéresse Nathalie Archier : atteindre ses objectifs avant même que ses concurrents n’aient eu le temps de fixer les leurs. A cette célérité, s’ajoute un solide appétit qui la pousse toujours à relever de nouveaux défis. Après un parcours varié, Nathalie Archier est devenue directrice marketing chez Nestlé Clinical Nutrition.
Création d’une parapharmacie. Lors de ses deux années au secrétariat de l’AEPIC, association estudiantine de la faculté de Clermont-Ferrand, qui a pour but de nouer des contacts entre étudiants et industriels, Nathalie Archier découvre le monde de la répartition alors en pleine mutation. « Le dynamisme des personnes de ce secteur rencontrées lors de mes études m’avait épatée », se souvient-elle.
Après un DESS en répartition pharmaceutique, la jeune femme trouve tout naturellement sa place chez IFP Santé où elle participe à la fusion avec ERPI. « J’avais entre autres en charge la gestion des supports promotionnels. C’était les prémices de la communication de groupe », explique-t-elle.
Nathalie est séduite par le travail d’équipe omniprésent, une constante qu’elle retrouvera dans les postes qui lui seront proposés par la suite. Notamment lors de la création d’une parapharmacie en grande distribution qui se révélera un challenge difficile et éprouvant – eu égard aux nombreuses procédures judiciaires qui ponctueront la création du site – et hautement formateur. « La grande distribution m’a beaucoup appris. C’est un monde professionnel très vivant et très prenant en termes d’effort, de tension et d’amplitude horaire. En tant que chef de département, je participais au comité de direction mais je pouvais aussi bien tirer une palette dans mon rayon ! »
Au bout d’un an et demi, Nathalie revient au coeur de son métier, le médicament. « De plus, les perspectives d’évolution étaient restreintes, je ne serais pas devenu directrice de supermarché. » C’est une annonce dans L’Express qui lui apporte la solution et lui ouvre les portes de l’OTC.
Retour à l’industrie pharmaceutique. « Je suis entrée chez Boehringer Ingelheim comme chef de produits, je travaillais sur des antalgiques et en gastroentérologie. » Elle suit alors un chemin classique : de chef de groupe, elle devient quelques années plus tard responsable marketing. « Mes missions étaient assez larges et couvraient tous les aspects de la vie du produit : le réglementaire, la production, la communication, la promotion et le commercial. » Un poste à la mesure de ses ambitions qui lui demande une grande polyvalence tout en lui laissant beaucoup d’autonomie. « Le marketing tient une place centrale dans la vie du produit. C’est d’autant plus passionnant que l’on ne travaille jamais seul. On est toujours plus dans le futur que dans le présent et en tout cas jamais dans le passé. J’ai eu aussi la chance de travailler sur des acquisitions en relation avec l’international, de préparer des études de déremboursement et de faire des campagnes institutionnelles. »
Autant de missions qui n’auraient sans doute pas été de son ressort dans un groupe plus important. Parmi les meilleurs souvenirs engrangés lors de son passage chez Boehringer Ingelheim, Nathalie garde en mémoire l’obtention du prix Apotheka pour la trousse à pharmacie de vacances du laboratoire en 1998. Mais difficile de rester bien longtemps au même endroit pour cette amatrice de sensations fortes. Contactée par un chasseur de têtes, face au prestige de la société qui la courtise, elle n’hésite pas une seconde.
Nestlé, premier dans l’agroalimentaire. « A la renommée des marques de Nestlé, numéro un mondial de l’agroalimentaire, correspond aussi une dynamique marketing au niveau international. Et puis la nouveauté m’attirait. Nous avons un statut de laboratoire pharmaceutique au sein de l’entité Nestlé. » La jeune femme est responsable d’un très large portefeuille de produits qui va de la nutrition orale aux produits de diététique minceur en passant par la nutrition entérale. « Notre champ d’action en termes de produits, de cibles de communication, de patients finaux est très large et exclut toute routine dans le travail. Cela permet aussi une réflexion globale et transversale. Ainsi nous proposons un médicament et des produits de diététique soumis au remboursement pour lesquels nos clients sont surtout des hospitaliers. Il nous faut donc répondre aux appels d’offres dans le cadre très réglementé de l’obtention des marchés hospitaliers. Mais nous nous adressons aussi aux prescripteurs de ville, à l’officine ou sur certains produits directement au grand public. »
Si c’était à refaire ? « Je n’hésiterais pas une seule seconde ! » Même si elle confirme la nécessité de posséder quelques années d’expérience pour s’épanouir pleinement dans un tel poste. « Il faut avoir acquis le sens de l’organisation, pouvoir prendre du recul par rapport à l’ensemble des produits très hétéroclites et être capable d’aider ses collaborateurs à s’épanouir, cela s’acquiert au fil de sa propre carrière », précise-t-elle.
Quant aux perspectives d’avenir de ce secteur pour les pharmaciens, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : « Le secteur de la nutrition est un marché en plein développement qui offre de grandes opportunités aux scientifiques au sens large et aux pharmaciens en particulier. D’ailleurs les officinaux l’ont déjà compris et nous posent beaucoup de questions… »
Le parcours de Nathalie
– 1968 : naissance à Colmar.
– 1991: diplômée de la faculté de Clermont-Ferrand.
– 1992 : DESS répartition pharmaceutique à Limoges.
– 1993 : décroche un poste à IFP Santé (actuel Alliance Santé).
– 1995 : ouvre une parapharmacie de grande distribution.
– 2000 : responsable marketing chez Boehringer Ingelheim.
– 2002 : directrice marketing chez Nestlé Clinical.
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Comment la politique américaine pourrait aggraver le risque d’épidémies
- Regroupement : rêver d’un centre-bourg pour se réveiller en centre commercial
- Compression veineuse : un marché sous pression
- IA en santé : « Sans règles, pas de marché ; sans marché, pas de money »
- Dépister et accompagner les femmes en surpoids
- Journée de sensibilisation aux HPV : les évolutions possibles de la vaccination
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- Territoires fragiles : le zonage change, ferez-vous partie des pharmacies qui bénéficieront de l’aide ?
- Méningites : vaccination massive en région rennaise
