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Enquête annuelle de l’APR : L’officine rurale manque de bras
Des difficultés de recrutement en personnel qualifié et une marge qui s’effrite font de l’ombre à une croissance soutenue en 2001. Tels sont les principaux enseignements que l’on peut tirer de la dernière enquête économique de l’Association de pharmacie rurale.
Les pharmaciens ruraux auraient-ils plus de pudeur à communiquer des bons résultats ? Alors que les indicateurs économiques sont à la hausse, le nombre des bilans et comptes de résultats transmis par les adhérents de l’Association de pharmacie rurale (APR) dans le cadre de son enquête économique annuelle a singulièrement chuté (228 contre 688 l’an passé).
Réalisée en partenariat avec Fiducial Expertise, elle porte sur les résultats de l’exercice 2001. La progression du chiffre d’affaires moyen des officines n’est pas, en soi, une surprise. L’activité de l’officine a augmenté de 6,15 %, ce qui porte le CA moyen à 7,89 MF (1,2 MEuro(s))en 2001. Un chiffre retrouvé également dans les statistiques générales de Fiducial Expertise qui constate une progression encore plus importante du CA (+ 6,56 %), mais pour un CA moyen légèrement inférieur : 6,98 MF (1,06 MEuro(s)). C’est la plus forte hausse de CA, devant les officines de centres commerciaux (+ 6,50 %), de centre-ville (+ 6,38 %) et de quartier (+ 5,44 %). « Sur les six premiers mois de l’année, la progression se maintient à 6,20 % pour les adhérents de l’APR alors que la tendance est moins optimiste pour Fiducial », livre avec prudence Christian Ciccione, successeur de Jacques Moreaux sur les enquêtes économiques de l’APR.
Avantage aux associations.
Le taux de marge global baisse en moyenne de 0,37 point, passant de 28,85 % en 2000 à 28,48 % en 2001. Les effets de la dégressivité ont été plus vivement ressentis par les officines rurales du panel de Fiducial Expertise du fait de leur moindre taille (une érosion de 0,51 point). Pour mémoire, en 1990, le niveau moyen de la marge commerciale se situait entre 32 % et 33 %, soit environ cinq points de plus !
Avec un chiffre d’affaires qui continue à bien progresser mais une marge qui s’émiette, l’enquête de l’APR enregistre un excédent brut d’exploitation (EBE) de 11,95 % et un résultat net de 10,78 % en 2001. Sur ces deux ratios, les statistiques de Fiducial Expertise sont meilleures (EBE à 14 % et résultat net à 12,13 %).
Dans les deux études, on constate encore qu’il est préférable d’exploiter en association. Dans les dossiers APR, l’EBE d’une exploitation individuelle ressort à 11,84 % contre 12,58 % en association. Cependant, la propension des ruraux à exploiter en entreprise individuelle reste élevée (69 %), même si l’exercice familial est une caractéristique très marquée.
L’exercice en société gagne 1 point par rapport à l’enquête de 2001 à 31 %. Majoritaires, les SNC sont stables (54 % des officines en société), les EURL (3 %) gagnent 3 points, les SARL (4 %) chutent, probablement à la suite de leur transformation en SELARL qui représentent 7 % des officines rurales en société, alors que ce mode d’exercice était inexistant en 2001. Un résultat qui confirme une évolution déjà perceptible des SEL au plan national.
Difficultés de recrutement.
Les officines rurales paient un lourd tribut à la pénurie de personnel, à l’arrivée des 35 heures, à l’évolution des mentalités et au désir des collaborateurs de l’officine d’avoir plus de temps libre. « Plus importante qu’ailleurs, les difficultés de recrutement en milieu rural exaspèrent les titulaires », rapporte Christian Ciccione. 18 % des pharmaciens interrogés déclarent souffrir d’un sous-effectif. 62 % d’entre eux sont à la recherche d’un pharmacien adjoint et 52 % d’un préparateur. En se pérennisant, cette situation entraîne des dérives : « Le débauchage commence à se développer entre confrères, alerte le nouveau responsable des enquêtes économiques de l’APR. Des pharmaciens sont embauchés d’emblée à des coefficients 550 ou 600 et des BP aux coefficients 300 ou 350, ce que l’on ne voyait pas auparavant. » Pas étonnant que le poste « frais de personnel » s’élève à 9,72 % du CA hors taxes (8,37 % dans l’enquête de Fiducial Expertise).
Globalement, la pharmacie rurale n’a pas été plus créatrice d’emplois en 2002. La part de titulaires ayant recruté un nouveau collaborateur est stable par rapport à 2001 (32,60 % contre 32,50 % l’an passé). Une fois sur quatre, il s’agit d’un pharmacien adjoint. Dans à peine plus d’un cas sur deux, les emplois créés le sont à temps complet, alors qu’en 2001 les emplois à temps partiel étaient majoritaires (55 %). En 2002, les licenciements en officine se situent légèrement au-dessus du seuil incompressible (2,50 % contre 2 % en 2001).
Pas d’effet 35 heures, peu d’investissements.
La loi sur les 35 heures a eu un impact modéré sur l’embauche de personnel. D’après l’enquête, l’application de l’ARTT a engendré des aménagements du temps de travail dans 67 % des cas et des créations d’emplois dans seulement 23 % des cas. Pour pallier le manque de personnel, 23 % des pharmacies rurales ont réduit leurs heures d’ouverture. Les titulaires prennent sur eux – donc sur leur temps libre – le surcroît de travail induit.
Mais les ruraux ne désespèrent pas. 17 % envisagent de créer un emploi, contre 13,30 % en 2001. Un optimisme qu’il convient de tempérer quelque peu. Deux tiers des créations d’emplois prévues sont à ranger dans les propositions de temps partiel. Enfin, dans 40 % des cas, les titulaires visent l’embauche de pharmaciens diplômés.
Alors que l’environnement économique est plus favorable, l’investissement n’est pas pour autant reparti. Seulement 11 % des pharmaciens ruraux ont entrepris des travaux importants en 2001, alors que les intentions au départ étaient de 13,30 %. L’investissement moyen a été de 80 700 euros par officine. Le jeu en vaut pourtant la chandelle : « Cinquante confrères ont eu des progressions de 10 % à 30 % de chiffre d’affaires après travaux d’agrandissement », signale Christian Ciccione.
A retenir
CA moyen : 7,89 MF (1,2 MEuro(s), en progression de 6,15 %.
Taux de marge commerciale moyen : 28,48 % en recul de 0,37 point.
Frais de personnel : 9,72 % du CA HT en moyenne.
EBE moyen : 11,95 % du CA HT.
Résultat net : 10,78 % du CA HT.
67 %
D’après l’enquête de l’APR, les 35 heures ont engendré 67 % d’aménagement du temps de travail.
23 %
Elles ont aussi engendré 23 % de créations d’emplois (contre 13 % en 2001).
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