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PHARMACIENS MILITAIRES : Bien dans leurs rangers
Depuis 1996 et la fin de la conscription, l’armée s’est professionnalisée tout comme son service de santé. Autrefois recrutés sur concours avant 21 ans, les pharmaciens peuvent aujourd’hui signer un contrat d’un minimum de deux ans. Des postes variés et de plus en plus spécialisés s’offrent à eux .
L‘arrêt du service national obligatoire, décidé le 28 mai 1996, a sonné le démantèlement de l’Ecole nationale des officiers de réserve du service de santé qui accueillait les pharmaciens-chimistes appelés du contingent. Mais ce ne fut pas la seule répercussion sur la branche pharmaceutique du service de santé des armées. « Les pharmaciens appelés représentaient du personnel très compétent, efficace et spécialisé. Leur remplacement n’a été rendu possible que par l’automatisation croissante de nos laboratoires. Néanmoins, afin de pallier leur absence, le service de santé des armées a recruté un petit nombre de pharmaciens officiers sous contrat et a surtout embaucher des militaires infirmiers techniciens des hôpitaux des armées ainsi que du personnel civil, comme des préparateurs ou des techniciens de laboratoire, qui réalisent aujourd’hui les tâches dévolues auparavant aux aspirants, explique Christian Lecarpentier, pharmacien-chimiste général, inspecteur technique des services pharmaceutiques et chimiques des armées. Parallèlement à la disparition de la conscription, nous avons assisté à une réduction des effectifs des pharmaciens, conséquence de la fermeture de plusieurs hôpitaux militaires. »
En 1995, 63 % des pharmaciens des armées provenaient du contingent ! Actuellement, le nombre de pharmaciens militaires est de 208, pratiquement tous issus de l’Ecole du service de santé des armées (ESSA). Localisé à Lyon-Bron, cet établissement recrute sur concours écrit des garçons et filles âgés de moins de 21 ans. Une fois le bac obtenu, ils subissent une seconde session d’épreuves, orale cette fois. « Chaque année, trois à cinq étudiants sont sélectionnés. Ils suivent les cours à la faculté de pharmacie de Lyon, comme n’importe quel autre bachelier. Cependant nous leur offrons une aide technique afin qu’ils réussissent le concours. Notre taux de réussite est quasiment de 100 % », précise Christian Lecarpentier.
Martine Perrin, pharmacienne-chimiste principale, aujourd’hui en poste à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), a choisi cette voie : « Lycéenne, je désirais faire des études pharmaceutiques. Ce n’est que lors de la lecture de fiches informatives au centre de documentation de mon lycée que l’idée de le faire au sein de l’armée m’est venue. La diversité des métiers proposés m’a stimulée et motivée dans la réussite du concours de première année. Par la suite, cette motivation ne s’est jamais démentie et je n’ai pas eu à regretter ce choix. »
Le cursus universitaire est identique à celui des étudiants civils, y compris le stage de deuxième année en officine. Cependant des formations spécifiques complètent l’enseignement : secourisme, épidémiologie, initiation à l’informatique, cours d’anglais médical, voyages d’études à l’étranger… Des stages en unités militaires et au sein d’hôpitaux des armées ainsi que des brevets militaires sont également au programme.
En sixième année, les étudiants-militaires se séparent de leurs homologues civils. Ils poursuivent alors un enseignement spécifique d’un an à l’école d’application du service de santé des armées, à l’hôpital du Val-de-Grâce (Paris). Leur première affectation dépendant de leur classement.
Un métier aux multiples facettes.
« J’ai eu la chance, pour mon premier poste en 1998, de pouvoir partir à Saint-Denis, à la Réunion », rapporte le pharmacien-chimiste Roussel. Ce jeune capitaine, à l’époque âgé de 24 ans, se retrouve responsable de la section de ravitaillement sanitaire locale. « Il s’agissait notamment d’organiser le ravitaillement des médicaments et des consommables en relation étroite avec les médecins et les infirmiers militaires. C’était en quelque sorte une activité de grossiste qui comprenait la gestion du matériel, des hommes – cinq personnes -, le suivi de la chaîne du froid, des bouteilles d’oxygène et des substances vénéneuses dans les infirmeries. »
Tous les pharmaciens-chimistes n’ont pas eu l’opportunité d’une première expérience aussi dépaysante, mais, au gré des mutations, en fonction de l’adéquation des besoins de l’armée et de leurs aptitudes, ils peuvent être amenés à exercer hors métropole. Aujourd’hui encore sept destinations outre-mer (DOM-TOM compris) sont susceptibles d’être proposées. « Les propositions de postes nationaux ou internationaux sont aussi bien destinées aux hommes qu’aux femmes, souligne le général Lecarpentier. Le secteur pharmaceutique se féminise d’année en année. Tout comme la pharmacie civile, le service de santé des armées n’échappe pas à cette évidence. »
Le capitaine Garcia, une jeune femme de 26 ans, est actuellement en poste au service de toxicologie de l’IRCGN. Ce n’est pas l’envie de crapahuter qui l’a motivée à devenir militaire mais les perspectives professionnelles : « L’armée permet d’exercer différents métiers, de ne pas pantoufler dans un même service. De plus, nous pouvons suivre des formations pour étoffer nos connaissances ou nous spécialiser. » Car, une fois diplômé, chaque officier bénéficie d’un plan de formation continue tout au long de sa carrière.
Les salaires sont peut-être moindres que ceux du privé – de l’ordre de 2 200 Euro(s) mensuels en début de carrière – mais, comme le souligne le capitaine Garcia, « la formation polyvalente offre des perspectives de carrière plus qu’intéressantes ». On retrouve, comme dans le civil, les mêmes métiers dans des domaines aussi variés que la pharmacie hospitalière, la biologie médicale, l’approvisionnement pharmaceutique, la transfusion sanguine, la recherche ou encore l’enseignement. A ceci près qu’il est plus facile de changer de métier.
L’armée possède sa propre usine.
Située dans la périphérie d’Orléans, la Pharmacie centrale des armées (PCA) s’étend sur plus de 8 000 m2 et emploie une centaine de personnes parmi lesquelles 10 pharmaciens. Placée sous la double tutelle de l’Afssaps et de la Direction centrale des armées, son mode de fonctionnement y est semblable à celui d’un site industriel civil. Les pharmaciens y occupent des postes de responsables de production, de qualité, de contrôle qualité et des affaires réglementaires.
Si le site d’Orléans ne fournit pas l’ensemble des médicaments nécessaires au contingent (la majeure partie des besoins est issue des laboratoires privés), il produit tout de même près d’une cinquantaine de spécialités sous 80 présentations différentes. La PCA comporte en fait deux activités. L’une dite générique, l’autre plus militaire. La première regroupe la fabrication de formes injectables d’adrénaline, de noradrénaline, de poches de solutés massifs ou de chlorure de sodium. Elle intègre aussi la composition d’antipaludéens, d’antibiotiques, de sirops ou encore de pommades. La seconde se focalise sur la préparation de produits luttant contre les risques chimiques ou nucléaires. Elle est ainsi la seule à produire les comprimés d’iodure de potassium destinés à la population aussi bien civile que militaire. Face aux risques chimiques, la PCA met également au point des seringues « antidotes » aux organophosphorés, des agents chimiques neurotoxiques. L’une des autres caractéristiques de cet établissement est qu’il regroupe sur un même site des unités aptes à produire quasiment toutes les formes galéniques. Bien entendu les cadences dépendent des besoins, de l’actualité. C’est là qu’intervient l’un des services clés du service de santé : le ravitaillement. Dans ce domaine, le pharmacien tient encore un rôle important.
Mission ravitaillement.
Trois établissements centraux de ravitaillement sanitaire dirigés par des pharmaciens sont chargés de fournir toutes les formations en poste aussi bien en métropole qu’outre-mer. C’est à partir d’un catalogue dit « de service courant » que les stocks en matériels et médicaments sont établis. Pour subvenir à tout imprévu, un stock-tampon de cinq mois est mis en réserve dans les établissements centraux. Cela évite notamment les éventuels désagréments du flux tendu de l’industrie pharmaceutique.
Les pharmaciens responsables de ces établissements sont aussi en charge de la préparation du matériel et des médicaments des « formations sanitaires de campagne », nécessaires à toute opération hors Hexagone. Cela peut avoir lieu dans le cadre d’un conflit, d’une mission humanitaire ou de maintien de la paix. Les quantités initialement prévues permettent logiquement de subsister quinze jours sur le terrain. Par la suite, en cas de besoin, une section de ravitaillement s’adjoint au dispositif déjà en place. Selon la taille de l’opération, un pharmacien responsable peut être envoyé sur place. « Ce sera le cas en Côte d’Ivoire, dans le but d’épauler les 1 500 hommes partis récemment. Cela fait suite à l’opération « Héraklès » de 2001 en Afghanistan », précise le pharmacien-chimiste en chef François Queguiner, chef du bureau équipements-ravitaillement au Fort de Vincennes. La qualification du personnel envoyé dépend de la teneur de l’opération. « Généralement, il s’agit de pharmaciens spécialisés dans le ravitaillement. Mais pour une action de maintien de la paix, il n’est pas rare que ce soient des pharmaciens hospitaliers qui travaillent sur ces théâtres déjà installés. »
La mission des pharmaciens en opération extérieure ne se limite pas à une simple gestion des marchandises. Disponibles 24 heures sur 24, ils répondent, en relation directe avec les équipes médicales, aux attentes des unités. Le plus souvent en formation réduite, encadrés de deux à trois personnes, ils délivrent des médicaments mais garantissent aussi la maintenance du matériel médical, si besoin la désinsectisation de la base, le contrôle de la qualité de l’eau. Enfin, le pharmacien disposant d’un laboratoire, il effectue toutes les analyses du centre médicochirurgical. La plupart des interventions du service de santé des armées ont eu ces dernières années un cadre purement humanitaire. Le Ruanda, la République centrafricaine, le Timor-Oriental, le Tchad, l’Afghanistan… autant de pays qui ont vu les militaires aux épaulettes vertes leur venir en aide. « Même si ce n’est pas notre fonction première, conclut François Queguiner, nous participons activement à la remise à niveau des soins dans divers pays. »
A retenir
On compte actuellement 208 pharmaciens militaires, presque tous issus de l’Ecole du service de santé des armées à Lyon-Bron.
L’admission se fait sur concours (épreuves écrites et orales). Il faut être bachelier et avoir moins de 21 ans. Chaque année, trois à cinq candidats sont recrutés.
Selon les besoins, chaque année, un à cinq postes sont proposés à des pharmaciens. Il s’agit d’un contrat initial de deux ans, renouvelable. Des préparateurs peuvent également être recrutés.
La rémunération mensuelle d’un pharmacien en début de carrière est de 2 200 euros.
Contact
Pour tous renseignements sur le concours ou les postes contractuels, vous pouvez joindre le centre de recrutement du service de santé d’une des six régions militaires de France :
– Paris : 01 39 21 22 12.
– Bordeaux : 05 57 85 20 53.
– Lyon : 04 72 00 54 42.
– Metz : 03 87 15 23 87.
– Toulon : 04 94 02 43 83.
– Rennes : 02 23 35 29 28.
Le parcours d’une recrutée
Outre l’Ecole de santé de Lyon-Bron, une autre voie s’offre à ceux ou celles tentés par une carrière militaire. Selon les besoins, chaque année, de un à cinq postes sont ainsi proposés aux pharmaciens déjà diplômés. Il s’agit le plus souvent d’emplois très qualifiés et réservés à des personnes de moins de 52 ans. Recrutées en tant qu’officiers, au grade de pharmacien-chimiste (capitaine), celles-ci souscrivent un contrat initial de deux années qui peut être prolongé par des contrats successifs de durée déterminée renouvelables (deux ans ou plus). A noter que cette activité contractuelle ne peut être prolongée au-delà de 20 années de service dans les armées.
Un respect des capacités. Sandrine Sabini, 27 ans, diplômée de la faculté de Paris-V en 2000, recrutée en février dernier par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), a été séduite par l’emploi qui lui a été proposé par le service de toxicologie de l’IRCGN. « Mon diplôme « option industrielle-chimie analytique » en poche, j’ai d’abord fait un stage de six mois chez Produits Roche en contrôle qualité, puis j’ai travaillé de mars à juillet 2001 pour les laboratoires Serono. C’est à cette période qu’une de mes relations m’a parlé de la possibilité de travailler pour l’armée. J’avoue qu’au cours de mes études je n’avais jamais envisagé cette carrière, d’autant moins que je n’en avais jamais entendu parler. » Envoi d’un CV à la direction du service de santé, lettre de motivation, entretiens. Un mois plus tard une réponse positive à sa candidature lui revient. Nouveaux entretiens, tests… Son profil intéresse le service de santé qui lui propose d’intégrer le service de toxicologie de l’IRCGN. Il aura cependant fallu près d’un an entre les débuts de sa démarche et sa prise de fonction. Mais cette attente valait la peine. « Aujourd’hui je fais un métier hors du commun. Je travaille dans un service de pointe sur des matrices biologiques. Je participe à la mise au point d’une méthode analytique qui consiste à dépister et à doser une quinzaine de molécules, dont les stupéfiants, dans les cheveux. Cela devrait permettre de retracer un profil chronique de consommation. La validation complète de cette méthode sera effective au plus tard l’été prochain. »
La hiérarchie ? La fameuse pesanteur de l’armée ? « Non, ici chacun est très professionnel. Les grades amènent un respect des capacités de chacun que l’on ne retrouve pas forcément dans l’industrie pharmaceutique. » D’ailleurs, son souhait le plus cher est d’intégrer définitivement l’armée. Son contrat prendra fin dans 13 mois. Elle aura moins de 30 ans, âge limite pour entrer en carrière. –
Quand les blouses blanches traquent les criminels
Des pharmaciens travaillent pour l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) de Rosny-sous-Bois. Créé il y a treize ans, il comporte douze départements dont deux sont dirigés par des pharmaciens : biologie et toxicologie.
Le laboratoire de toxicologie est chargé de la recherche de stupéfiants sous forme de substance brute, de l’analyse de médicaments ou de stupéfiants dans les matrices biologiques (prélevés sur les cadavres) et, plus ponctuellement, de l’étude de produits alimentaires potentiellement responsables de décès.
« En 2001 nous avons réalisé 678 dossiers. La taille d’un dossier est extrêmement variable puisqu’elle dépend du nombre de scellés réalisés. Ainsi nous pouvons effectuer jusqu’à 40 analyses selon la quantité d’échantillons qui nous est confiée », confie Martine Perrin, pharmacienne-chimiste principale. Elle encadre trois pharmaciens, tous âgés de moins de 30 ans, et six techniciens. « Nos laboratoires d’analyses sont bien équipés. Ils nous permettent de déterminer avec précision et fiabilité la présence de cannabis, cocaïne, héroïne, ecstasy, champignons hallucinogènes, GHP ou LSD, mais aussi celle de tous les médicaments ou substances chimiques apparentés. Nous recevons des demandes de métropole et des DOM-TOM. Nous ne sommes pas les seuls à effectuer de telles analyses, mais, selon la nature des substances ou des matrices biologiques issues des cadavres à analyser, ou la proximité géographique, le magistrat ou le responsable de l’enquête choisit le laboratoire le plus adapté. »
Un pharmacien à la cour d’appel. Par ailleurs, l’IRCGN accueille le seul expert au ministère de la Défense en empreinte génétique, la pharmacienne-chimiste principale Carlotti. Après avoir obtenu son diplôme de pharmacien et avoir travaillé notamment au laboratoire de chimie analytique de l’arsenal de Toulon, elle a dû passer un DEA de génétique humaine. Aujourd’hui experte inscrite à la cours d’appel de Paris, elle participe aux enquêtes criminelles. L’empreinte génétique inscrite dans nos cellules permet d’identifier avec quasi-certitude un individu et de prouver sa présence sur les lieux d’un crime. A partir d’une tache de sang ou de sperme, des cheveux ou d’un tissu humain retrouvés sur les lieux d’un crime ou d’un délit, elle est capable de déterminer avec précision l’individu à qui ils appartiennent.
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