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Innovations 2002 : l’hôpital prend le pas sur l’officine
28 nouvelles molécules ont été mises sur le marché en 2002. Un peu en retrait par rapport à l’hôpital, l’officine accueille seulement 13 principes actifs nouvellement commercialisés en France. C’est certes plus que l’an passé, même si bon nombre de ces innovations enrichissent des classes pharmacologiques déjà étoffées. Parmi les avancées disponibles à l’hôpital, quatre ont déjà reçu un avis d’amélioration du service médical rendu majeur ou important.
Treize à l’officine. Quinze à l’hôpital. Total : vingt-huit. Vingt-huit molécules correspondant à autant de spécialités ont été commercialisées pour la première fois en France au cours de l’année 2002. Comparé à l’année dernière où seulement dix-sept nouveaux principes actifs avaient été lancés (dix à l’officine et sept à l’hôpital), le cru 2002 est finalement assez abondant. Il se situe en tout cas dans la moyenne de vingt-neuf nouveautés établie depuis 1997, exception faite de l’année 2001.
A l’officine, aucune molécule – en l’état actuel des connaissances sur ces nouvelles entités chimiques – ne révolutionne a priori la prise en charge thérapeutique des patients. La plupart – dix sur treize – s’ajoutent en effet à d’autres représentants d’une classe pharmacologique existante. Ainsi l’élétriptan (Relpax) est le quatrième triptan à disposer d’une indication dans le traitement aigu de la phase céphalalgique de la crise migraineuse. Le zofénopril (Zofenil), treizième inhibiteur de l’enzyme de conversion, bénéficie d’une indication dans l’hypertension artérielle légère à modérée et dans l’infarctus du myocarde en phase aiguë, comme deux de ses prédécesseurs, le captopril et le lisinopril. Cinquième fluoroquinolone, la moxifloxacine (Izilox) ne paraît pas plus efficace que ses consoeurs. Elle présente même un risque d’allongement de l’intervalle QT plus important que celui de la ciprofloxacine, de la lévofloxacine et de l’ofloxacine. L’oseltamivir (Tamiflu) est le second inhibiteur de la neuraminidase après le zanamivir (Relenza). Il s’en différencie certes par son mode d’administration – la voie orale au lieu de l’inhalation buccale – et ses indications : non seulement cet antiviral est préconisé dans le traitement de la grippe dès l’âge de un an, mais également en prévention, à partir de l’âge de treize ans. Dans le traitement du glaucome et de l’hypertension intraoculaire, le travoprost (Travatan) a le même mode d’action que le latanoprost (Xalatan). Le bimatoprost (Lumigan) qui dispose des mêmes indications qu’eux s’en rapproche beaucoup. Tous deux se distinguent du Xalatan, notamment par leur conservation à température ambiante et non au réfrigérateur, et l’absence de contre-indication chez les porteurs de lentilles.
A noter également l’arrivée médiatisée de la première pilule adaptée aux femmes qui ont tendance à prendre du poids. Jasmine comporte en effet un progestatif doté de propriétés antiminéralocorticoïdes, la drospirénone, dérivé de la spironolactone associée à l’éthinylestradiol.
Plus subtils sont les cas de la desloratadine, de l’ésoméprazole et de l’interféron alfacon. Ces nouvelles molécules dérivent directement de molécules connues, utilisées depuis de longues années. D’abord la desloratadine (Aerius). Métabolite actif de la loratadine (Clarityne), cet antihistaminique H1 est directement disponible dans le plasma et agit donc plus rapidement. L’ésoméprazole (Inexium) est l’isomère S de l’oméprazole plus connu sous le nom de Mopral. Sa particularité : une possibilité – reconnue par l’AMM – de prise « à la demande » dans le traitement symptomatique du reflux gastro-oesophagien. Quant à l’interféron alfacon-1 (Infergen), il représente une alternative pour les patients atteints d’hépatite C chronique, mauvais répondeurs aux autres interférons ou intolérants à la ribavirine.
Naissance d’une classe innovante : les glitazones
Une seule classe pharmacologique réellement innovante est née en 2002 : celle des glitazones. Elle compte pour l’instant deux représentants : la pioglitazone (Actos) et la rosiglitazone (Avandia). Elles agissent en diminuant la résistance à l’insuline. Traitement de seconde intention, ces médicaments d’exception sont indiqués chez les patients souffrant de diabète de type 2. Prometteuse, cette classe suscite pourtant des interrogations. 0Demeurent inconnus ses effets cliniques bénéfiques à long terme. Si les glitazones provoquent une baisse de l’hémoglobine glyquée, elles peuvent aussi entraîner une prise de poids plus ou moins modérée, de la rétention hydrosodée source d’oedèmes, d’anémie, d’insuffisance cardiaque ou encore des effets indésirables hépatiques.
La classe des kétolides a également été inaugurée cette année avec la télithromycine (Ketek). Elle dérive néanmoins directement de celle des macrolides. Ketek induit peu de résistances pour l’instant, d’où son intérêt dans la prise en charge des pneumonies communautaires. Mais il ne faut pas oublier le risque d’interactions médicamenteuses parfois graves de cet antibiotique avec le cisapride, les dérivés de l’ergot de seigle, certaines statines notamment.
Vfend et Glivec : deux ASMR majeures
A l’hôpital, les innovations concernent d’abord l’infectiologie. Deux antifongiques administrés par voie systémique sont nés. La caspofungine (Caspofungin MSD), première échinocandine, traite les aspergilloses invasives des adultes réfractaires ou intolérants à l’amphotéricine B ou à l’itraconazole. Le voriconazole (Vfend), dérivé du fluconazole, est également indiqué dans le traitement des aspergilloses invasives mais aussi dans celui des infections invasives à Candida résistant au fluconazole et des infections fongiques graves à Scedosporium ou à Fusarium. Etant donné son efficacité sur des souches résistantes aux autres traitements, Vfend dispose d’une ASMR majeure (I).
Le linézolide (Zyvoxid), premier membre de la classe des oxazolidinones, existe sous forme injectable et orale. Ce traitement de seconde intention est indiqué dans les pneumonies nosocomiales et communautaires ainsi que dans les formes compliquées des infections de la peau et des tissus à Gram +. Enfin, le ténofovir disoproxil (Viread) s’adresse aux patients infectés par le VIH en échec virologique précoce aux autres antirétroviraux auxquels il est associé. Il ne nécessite qu’une seule prise quotidienne.
Des progrès intéressent aussi la cancérologie. L’imatinib (Glivec), première des trois innovations dans ce domaine qui doit très prochainement être disponible en ville, est un traitement de la leucémie myéloïde chronique qui s’administre par voie orale. En attendant un recul suffisant pour apprécier le gain en termes de survie, cet inhibiteur de la tyrosine-kinase a tout de même reçu un avis d’ASMR majeure (I) dans la phase chronique de la maladie.
Le bexarotène (Targretin) est un traitement de seconde intention des lymphomes cutanés T, également pris par voie orale. Quant à l’alemtuzumab (MabCampath), c’est un nouvel anticorps monoclonal indiqué dans les leucémies lymphoïdes chroniques.
Trois des nouvelles spécialités de cardiologie sont hospitalières. Le bosentan (Tracleer) est le premier médicament par voie orale indiqué dans le traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire. La drotrécogine alfa (Xigris) s’adresse à des patients en réanimation. C’est une forme recombinante de la protéine C activée qui limite la formation de thrombine. D’où son emploi dans les sepsis sévères. Le fondaparinux sodique (Arixtra), antithrombotique, permet de prévenir les thromboses veineuses en chirurgie orthopédique des membres inférieurs.
Sont également remarquables les arrivées de l’étanercept (Enbrel) dans la polyarthrite rhumatoïde et le rhumatisme psoriasique qui dispose d’une ASMR importante (II). L’acide zolédronique (Zometa), bisphosphonate réservé au traitement des hypercalcémies malignes et en prévention des complications osseuses chez les sujets souffrant d’un cancer, a reçu une ASMR modérée (III).
Enfin, le glatiramère (Copaxone) élargit l’arsenal thérapeutique de la sclérose en plaques. L’agalsidase bêta (Fabrazyme) est le second médicament de la maladie orpheline de Fabry. Et la rasburicase (Fasturtec) traite et prévient l’hyperuricémie aiguë.
Vers une moindre productivité
Mais à l’heure des fusions, l’innovation semble s’essouffler. Aucun laboratoire n’a lancé plus de deux spécialités en 2002. Ils sont cinq dans ce cas : Aventis avec Ketek et Copaxone, Novartis avec Enbrel et Zometa, Pfizer avec Relpax et Vfend, Sanofi-Synthélabo avec Arixtra et Fasturtec et Schering avec Jasmine et MabCampath. Ainsi dix-huit firmes ont commercialisé un seul médicament. Parallèlement, l’Agence européenne du médicament n’a enregistré que 31 demandes de mise sur le marché. Il y en avait eu 58 en 2001…
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