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La résurrection de l’officine-test
Il était une fois cinq étudiants hypermotivés. Avec la volonté de dynamiser la filière officine, ils ont transformé l’officine-test de la faculté de Châtenay-Malabry, tombée en décrépitude, en un pôle actif de formation à la pratique officinale.
Créée dans les années 80 à l’initiative du Pr Patrick Bourrinet, l’officine-test de Châtenay-Malabry a été l’une des premières pharmacies expérimentales. Alors gérée par quelques adhérents de la corpo, elle a connu au fil du temps les affres de l’abandon, faute d’étudiants pour l’animer. Les professeurs Eric Fouassier et Gilbert Fournier, actuellement responsables de la filière officinale, y ont organisé des jeux de rôle à partir de 1997 pour les enseignements dirigés de communication. « Mais cette activité seule ne suffisait pas à la relancer, compte tenu de ses dégradations. Recréer un espace selon le modèle des officines actuelles était devenu une nécessité », explique Eric Fouassier. Message reçu par cinq étudiants alors en 5e année, bien décidés à passer à l’action.
Démarchage.
Le projet « officine-test » a donc pris racine en mars 2002. « Le mobilier était devenu vétuste. Il n’y avait pas d’ordinateur et les quelques boîtes de produits exposées n’étaient plus d’actualité. » Christine Tran Khoi, membre actif du « club des cinq », retrace ainsi l’état des locaux. « Beaucoup d’entre nous se plaignaient du manque de pratique en filière officine », raconte Nathalie Vu, également responsable du projet. Le temps était venu de donner une seconde chance à l’officine expérimentale… et de trouver des sponsors pour sa rénovation.
Pharmagora 2002 tombe à pic ! Ce sera l’occasion pour notre groupe d’étudiants de démarcher laboratoires et répartiteurs. « Notre philosophie revient à laisser l’entière initiative aux étudiants. Il nous paraît important qu’ils puissent s’investir sans être pris dans le carcan enseignant », confie Eric Fouassier, qui les a néanmoins épaulés dans les négociations et orientés vers d’éventuels partenaires.
Restait encore à trouver un statut juridique à la nouvelle officine-test. D’où son rattachement au COC (Cercle des officinaux de Châtenay), association regroupant le personnel de la faculté et d’anciens étudiants. Sous le symbole du lien entre l’université et la vie active, c’est avec enthousiasme et motivation que nos cinq étudiant se sont présentés à leurs futurs bienfaiteurs.
Métamorphose.
Leur projet a séduit les professionnels, dont une banque. « Nous avons vite bénéficié de dons et récupéré de nouveaux meubles en octobre », relate Christine Tran-Khoi. L’officine-test nouvelle version et flambant neuve est inaugurée le 28 novembre dernier. Comptoirs modernes, lumières, nombreux produits factices mis en valeur (OTC et parapharmacie), ordinateurs…, la transformation est frappante. Mais les responsables de l’officine n’ont pas attendu sa métamorphose pour commencer à la faire vivre. Ils ont donc pris le taureau par les cornes et, depuis le mois de juin dernier, ils organisent eux-mêmes (actuellement deux fois par semaine) des conférences axées sur une pathologie à l’intérieur de l’officine. Les laboratoires, assureurs ou répartiteurs interviennent une fois par mois, toujours autour de thèmes très pratiques comme la démonstration de glucomètres pour les diabétiques, la présentation de différentes gammes ou les étapes de la première installation.
Loin d’être obligatoires et totalement indépendantes de l’enseignement universitaire, ces prestations regroupent vingt à trente étudiants à chaque séance. « Nous sommes vraiment satisfaits ! », lance Christine Tran-Khoi. Et pour cause. Au prix de leurs efforts, ils ont réussi à regrouper les officinaux de Châtenay.
La pratique avant tout.
Les enseignants ne s’en plaignent pas. « Nous désirons faire de cette officine un pôle fédérateur plutôt que de reproduire – forcément moins bien – le fonctionnement d’une véritable pharmacie », estime Eric Fouassier. En outre, le contact avec des officinaux est assuré tous les quinze jours à travers des commentaires d’ordonnance. Des manifestations entièrement mises en place (depuis la rentrée 2002-2003) par deux assistants bénévoles dont Nicolas Mimoun, diplômé en juillet dernier. « Je me suis tout de suite proposé. Il y a longtemps que j’avais envie d’animer ce type de formation. Et rien de mieux comme local que l’officine-test ! », raconte-t-il.
Objectif numéro un : apporter aux étudiants des conseils très pratiques. Ainsi Nicolas Mimoun se sert-il de copies de véritables ordonnances et les commente de façon à optimiser la délivrance au comptoir. Exemple : une prescription de Nivaquine permet d’aborder les conseils aux voyageurs en rappelant les règles hygiénodiététiques et la nécessité d’une protection solaire. « Les séances sont très interactives. Elles se déroulent de manière informelle car les étudiants de 4, 5 et 6e année qui y assistent posent beaucoup de questions », commente Nicolas Mimoun, ravi de contribuer à l’application des cours théoriques. Son souhait : continuer sur cette voie le plus longtemps possible.
Un projet pérenne.
Qu’il se rassure, les rénovateurs de l’officine-test actuellement en 6e année et effectuant leur stage en pharmacie ont déjà des successeurs. La relève est donc assurée par des étudiants en 4e et 5e année, déjà très investis. Sophie Meyer, l’une des responsables « nouvelle génération », ne cache pas son enthousiasme : « Je me sens très concernée par le projet, c’est l’opportunité pour moi de travailler avec une équipe, d’avoir des contacts avec les laboratoires, de prendre des initiatives et surtout d’étendre mes connaissances. Travaillant à l’officine, les conférences que nous organisons m’aident beaucoup. » Le bouche-à-oreille aidant, les animations proposées à l’intérieur de l’officine-test rassemblent désormais un auditoire de plus en plus conséquent.
Pour autant, le chantier de l’officine-test n’est pas encore terminé. Une bibliothèque est en cours de formation. La création d’une association d’étudiants officinaux (le première à Châtenay !) pourrait bien voir le jour prochainement. « Nous allons y réfléchir », avoue Sophie Meyer. Qui a dit que la filière officine de Châtenay-Malabry n’était pas active ?
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