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Le potard déchaîné

Publié le 15 mars 2003
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Chaque faculté de pharmacie a désormais son canard, du plus paillard au plus sérieux. Comment se conçoit un numéro ? Quel est son impact au sein du monde universitaire ? Confessions de quelques rédacteurs en chef.

Le Potard à Montpellier, La Grappe à Bordeaux, Le Papier CHU à Limoges, LSD à Lille… Qu’importe si le professionnalisme et le bon goût ne sont pas toujours au rendez-vous, les journaux estudiantins ont le mérite de dynamiser les facs de pharmacie.

Mensuelle ou trimestrielle, la parution ne relève d’aucune règle. Une seule condition : le dépôt légal à la Bibliothèque nationale de France, obligatoire pour les brochures ou périodiques mis à la disposition d’un public en dehors du cercle familial. Il faut ensuite rassembler une bonne dose de courage et de savoir-faire pour se lancer dans le journalisme amateur. La majorité des journaux est gérée par des associations (en particulier les corpos). Côté matériel, il suffit d’avoir à sa disposition un ordinateur mais surtout un logiciel de PAO. La plupart des étudiants chargés des infographies et de la maquette ont appris sur le tas. Ensuite, les objectifs et le résultat final dépendent de la personnalité des concepteurs.

Direction Dijon, Lille et Strasbourg pour en savoir plus sur ces journaux très appréciés des étudiants.

Le Barbiturique à Dijon : « Du temps mais pas de l’argent ».

Le titre a fêté ses cinq ans et paraît deux fois par an (plus deux Mi-Barbituriques). Julien Combaret, président de l’Association bourguignonne des étudiants en pharmacie, donne le ton : « Nous n’avons pas choisi le terme « barbiturique » pour choquer, il faut l’interpréter sur le mode de la plaisanterie. » En effet, le journal se veut avant tout drôle bien que sa quarantaine de pages comporte une première partie très éducative. « C’est l’occasion pour nous de rendre compte des assemblées générales, de la réforme des études, ou bien de formations, souligne le responsable, nos buts principaux étant de rapprocher tous les étudiants de notre association et de détendre. »

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Au sommaire : blagues, bandes dessinées et chansons paillardes fidèles à l’esprit estudiantin. Et peu importe ce qu’en pensent les enseignants… En tout, ils sont une dizaine à se répartir les tâches de la rédaction et de la mise en page. « C’est du temps mais pas de l’argent », confie Julien Combaret. Car l’imprimeur (sous contrat avec l’association) édite gratuitement les 500 exemplaires du journal. Au final, l’opération s’avère même financièrement positive grâce aux différentes annonces des partenaires.

LSD à Lille : « La recette a du succès ».

Entendez par LSD : L’Epi de Soil Dernière, L’Epi de Soil étant un quartier proche de la faculté de pharmacie. Pas vraiment de tendance psychédélique pour ce journal qui existe depuis plus de trente ans, mais un cocktail savamment dosé de rigolade et de sérieux.

Ce mensuel fonctionne grâce à la sueur de deux personnes entièrement dévouées. Nicolas Huret et Charles Fauchille le reconnaissent : « Le journal nous accapare environ dix jours par mois mais en contrepartie, on s’amuse vraiment à le faire ! » Nos deux corédacteurs en chef ne se prennent vraiment pas au sérieux et leur bonne humeur se ressent au cours des vingt pages. Fidèles à la réputation des corpos, le sexe et la « picole » arrivent en tête des thèmes abordés. Mais les informations pédagogiques ont également leur place (bien que réduite). Les lecteurs peuvent par exemple apprendre le fonctionnement du conseil d’université. L’impression du journal est quant à elle assurée par la photocopieuse de l’association. D’après Alexandre Mallet, président de la corpo, « la recette a du succès ». « Le jour de la parution, tous les étudiants défilent à la corpo. Les profs viennent même se servir », assure-t-il.

Le Comprimé à Strasbourg : « Un organe fédérateur ».

Créé il y a deux ans en même temps que l’association Le Comprimé, le journal a reçu le prix Varenne 2002 des journaux universitaires (voir encadré p. 57). « Il manquait une entité entre le sérieux de l’association des étudiants en industrie (Cephi) et le côté « cancans » de l’amicale. Nous avons donc pris la place légitime qui restait », retrace Matthieu Miehé, rédacteur en chef. Le journal n’est évidemment pas le premier à la faculté d’Illkirch-Graffenstaden. Il succède notamment à L’Héroïne qui, selon Stéphane Dodin, vice-président du Comprimé, devenait trop paillard et ne correspondait plus aux attentes du monde estudiantin. « Nous avons voulu concevoir un organe de communication fédérateur entre les chercheurs, les étudiants et les enseignants de la faculté », raconte-t-il. Trimestriel, le journal est tiré à environ 700 exemplaires. Il se compose d’une trentaine de pages exemptes de plaisanteries graveleuses. Chaque numéro (en papier glacé s’il vous plaît !) se compose d’articles couvrant l’actualité à la faculté ou abordant certains thèmes plus pharmaceutiques comme l’homéopathie et les métiers de l’industrie.

De nombreuses personnes extérieures à l’association participent désormais à la rédaction. Tel ce professeur « qui ne pouvait plus se taire » et qui en profite pour dénoncer « la tyrannie des pouvoirs publics ». A souligner : Le Comprimé est distribué systématiquement dans toutes les officines d’Alsace. « C’est un excellent moyen de prendre contact avec nos futurs collègues et employeurs », estime Stéphane Dodin. Les étudiants eux, l’achètent 0,5 euro. Histoire de valoriser le journal et de compenser le coût de l’impression.

Le concours de la fondation Alexandre et Marguerite Varenne

Chaque année, la fondation Alexandre-et-Marguerite-Varenne récompense des jeunes pour la qualité de leurs premiers travaux journalistiques. Elle organise un concours des journaux des grandes écoles et universitaires :

A qui s’adresse-t-il ? Aux étudiants réunis en associations et qui éditent leur journal dans le cadre de leur établissement.

Comment y participer ? En envoyant des dossiers de candidature avant le 10 mai.

Tous les renseignements sont sur le site http://www.famv.com.

Qui compose le jury ? Des journalistes professionnels (Le Figaro Etudiant, Le Parisien…) et des représentants de la vie estudiantine.

Quel est le montant du prix ? Cette année, 8 000 euros à répartir entre six titres. En 2002, Le Comprimé avait reçu 1 500 euros. Des dotations supplémentaires peuvent être accordées en sus pour le développement du journal.