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Viagra et seins nus : il fallait oser…

Publié le 12 avril 2003
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Il en va des stimulants de l’érection comme des seins nus sur les plages : il suffit d’oser une fois pour déclencher la prolifération. Il a toujours été notoire que certains produits (par exemple les vasodilatateurs) avaient une telle action : si, en dépit des promesses évidentes du marché correspondant, on s’était longtemps refusé à franchir le pas, c’était en raison des risques iatrogènes parfaitement prévisibles. L’originalité du premier fabricant, en l’espèce, n’a donc pas tant été d’inventer un médicament finalement fort banal que de n’avoir pas craint de franchir le pas. Mais quelles garanties pour une telle audace ?

Au moment même où Viagra était en développement, le fabricant justifiait un blâme sévère de la FDA, au motif – comme par hasard – de l’insuffisance de sa pharmacovigilance (Scrip, 21.05.96). En parallèle, la même firme subissait un grave revers avec tenidap, antirhumatismal jusqu’alors massivement médiatisé comme une révolution sans précédent, mais dont les problèmes de tolérance, étonnamment minimisés au cours du développement, devaient justifier un refus d’enregistrement inhabituellement rédhibitoire des grandes administrations sanitaires (Scrip, 10, 14.05.96).

La multiplication trop rapide des concurrents confirme que la spécificité d’action de Viagra n’était pas aussi géniale que l’a accrédité un marketing inventif, mais laisse ouverte la question des risques. Il est préoccupant qu’en dépit d’antécédents de pharmacovigilance aussi problématiques, le fabricant de Viagra prétende désormais se positionner sur un plan de tolérance par rapport aux nouveaux venus du marché…

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