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L’humanitaire, un métier

Publié le 19 avril 2003
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Travailler dans l’humanitaire ne s’improvise pas. Médicaments essentiels, recouvrement des coûts, contrôle qualité, institutions internationales…, quelques notions indispensables sont à acquérir avant de partir, notamment pour éviter des erreurs qui pourraient s’avérer fatales à ceux que l’on vient aider. « Mieux vaut donc commencer par une première approche en suivant une formation complémentaire », conseille Serge Barbereau (photo), vice-président de ReMeD*, lors de la conférence intitulée « Comment le pharmacien peut s’investir dans l’humanitaire ». Il existe notamment un module de 20 heures « Humapharma » à Paris-V, mais aussi un DU à Caen et Lyon, ainsi qu’un DESS à Nancy.

Mais qui recrute ? En premier lieu les ONG, mais aussi les associations, les organisations internationales et les cabinets d’études. Le plus souvent, les pharmaciens sont bénévoles ou volontaires. Plus rarement salariés. « Les places sont très chères », prévient Serge Barbereau. Dans le meilleur des cas, les volontaires peuvent être indemnisés entre 530 et 950 euros par mois (non imposables), mais leur travail peut être très épisodique.

Partir oui, mais pour quoi faire ? En temps de paix, il s’agit surtout d’évaluer les besoins, de renforcer les structures sanitaires locales ou de réhabiliter des zones fragilisées. En temps de guerre, il faut d’abord gérer l’urgence, l’afflux de l’aide humanitaire.

Une fois sur le terrain, le pharmacien pourra gérer les appels d’offres, les achats, les stocks, former et encadrer les prescripteurs locaux sur le médicament essentiel, ou l’usage rationnel du médicament. « Le rôle du pharmacien humanitaire, c’est d’abord un rôle de conseil. Il participe à l’information pour un bon usage du médicament, à la rationalisation des prescriptions », explique Serge Barbereau.

Attention aux dons de médicaments, auxquels tout le monde pense dès qu’un conflit éclate. « Les dons de médicaments de récupération viennent perturber voire détruire la mise en place de politiques de développement dans les pays qui les reçoivent, martèle-t-il. Le marché parallèle africain est aujourd’hui approvisionné en partie par les dons de médicaments et cela dans des pays où il n’y a pas de pharmacovigilance, pas de centre antipoison. Au-delà de l’urgence ou de la réponse du coeur, il faut construire. »

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* ReMeD, Réseau médicament et développement.