Recherche et innovation Réservé aux abonnés

Subutex : Idées fausses, mésusage, mais un bilan positif

Publié le 26 avril 2003
Mettre en favori

Sept ans après l’arrivée sur le marché du Subutex, Schering-Plough a présenté un bilan plutôt positif de la substitution à la buprénorphine. De son côté, le ministère de la Santé annonce le lancement de mesures contre le trafic.

La route a été longue du sevrage à la substitution, rappelle le Pr Philippe-Jean Parquet, président du conseil d’administration de l’Office français de lutte contre les drogues et les toxicomanies. Nous sommes passés d’une politique où seule l’abstinence était la solution, à une prise en compte multifactorielle des consommateurs de drogue impliquant le biologique, le psychologique, le social, ouvrant sur une prévention plus efficace et sur la substitution. »

Cependant, écartant l’idée fondatrice de la substitution faire en sorte que le consommateur ne meure pas -, les détracteurs du Subutex ne retiennent que son mésusage. A cet égard, Jean-François Mattei a annoncé mercredi des mesures visant à contrôler le détournement de Subutex, dans la foulée de la publication, le 4 juin, du rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur la politique nationale de lutte contre les drogues illicites.

Cela étant, selon le Dr Cattan, président de l’Association nationale des généralistes pour la réflexion et l’étude de l’hépatite C, qui se fonde sur une enquête Harris Médical (sur 1 300 fiches médecins et patients), si le trafic existe effectivement, il permet aussi à certains toxicomanes d’entrer dans la substitution. Ainsi 23 % avaient obtenu du Subutex sans ordonnance avant d’aller voir le médecin ; 37 % l’ont essayé hors prescription durant trois mois à un an. Une fois entrés dans la prise en charge, 70 % suivent leur médecin plus de deux ans (99 % des prescriptions sont le fait de médecins généralistes).

Le conseil est fondamental. Si la posologie moyenne est concordante dans les déclarations des patients et médecins (respectivement 7,8 mg et 7,7 mg), l’administration du produit pose de réels problèmes en nuisant à l’efficacité du traitement. 17 % des patients interrogés disent se l’être injecté au cours du dernier mois et 16 % l’avoir sniffé. Or une bonne prise en charge du médecin et du pharmacien peut faire arrêter l’injection : 51 % des patients affirment l’avoir fait de leur propre volonté, mais 36 % parce qu’on leur a réexpliqué les risques (problèmes hépatiques, phlébites, abcès…) et 16 % parce que le médecin leur a reprécisé la façon de prendre le produit (une prise chronométrée par le médecin ou le pharmacien peut éviter une administration trop hâtive et inefficace). Mais l’erreur vient aussi parfois de médecins empreints de techniques datant de l’usage hors AMM de la buprénorphine, qui conseillent une prise fractionnée alors que la prise en une fois est essentielle. L’association aux benzodiazépines, qui émane à 46 % de prescriptions, est aussi à proscrire. Enfin, les chiffres plaident en faveur de la substitution puisque les décès par overdose sont passés de 505 en 1994 à 70 en 2000, et que la resocialisation semble au rendez-vous : le logement stable croît de 60,7 % et l’emploi de 40 %.

Publicité