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Tukysa, dans le cancer du sein
Premier médicament inscrit au remboursement en France par le laboratoire Seagen, Tukysa (tucatinib) est un traitement de troisième ligne de certains cancers du sein HER2+. Accessible depuis 2020 sous autorisation temporaire d’utilisation (ATU), il est à présent disponible en pharmacie de ville.
Indications
En association avec le trastuzumab (Herceptin et biosimilaires, à usage hospitalier) et la capécitabine (Xeloda et génériques), Tukysa est indiqué dans le traitement des patients adultes atteints de cancer du sein HER2 positif localement avancé ou métastatique ayant reçu précédemment au moins 2 traitements anti-HER2.
Mode d’action
Le tucatinib est un inhibiteur de tyrosine kinase réversible, puissant et sélectif qui cible la protéine HER2 (récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain). In vitro, la molécule inhibe la signalisation et la prolifération cellulaires. In vivo, le tucatinib empêche la croissance des tumeurs stimulées par l’HER2. Son association au trastuzumab entraîne une activité antitumorale plus importante in vitro et in vivo, par rapport à chacun des médicaments utilisés seuls.
Posologie
La dose recommandée est de 300 mg de tucatinib (2 comprimés de 150 mg) à prendre 2 fois par jour tous les jours. Le traitement par Tukysa est associé à la prise de capécitabine (aux jours 1 à 14 tous les 21 jours) et de trastuzumab (au jour 1 tous les 21 jours). Tukysa est poursuivi jusqu’à progression de la maladie ou apparition d’une toxicité inacceptable.
La survenue d’effets indésirables peut conduire le prescripteur à réduire les doses de Tukysa à 250 mg, 200 mg, puis 150 mg 2 fois par jour.
Contre-indication
Hypersensibilité à l’un des composants.
Grossesse et allaitement
Les femmes en âge de procréer doivent employer une contraception efficace durant le traitement et la prolonger au moins 1 semaine après la dernière dose. Les patients masculins dont la partenaire est en âge de procréer doivent faire de même.
Ne pas utiliser Tukysa pendant la grossesse sauf si la situation clinique de la patiente l’exige.
L’allaitement doit être interrompu pendant le traitement. Il peut reprendre 1 semaine après l’arrêt de Tukysa.
Effets indésirables
Le traitement provoque très fréquemment des épistaxis, des diarrhées, des nausées ou vomissements, une stomatite, une éruption cutanée, une arthralgie, une perte de poids ou une élévation des taux d’alanine aminotransférase (Alat), d’aspartate aminotransférase (Asat) et de bilirubine. Des antidiarrhéiques doivent être administrés si le tableau clinique le justifie.
Interactions médicamenteuses
L’utilisation concomitante de puissants inhibiteurs du CYP2C8, tels que le gemfibrozil, est à éviter. A défaut, il convient de réduire la dose de tucatinib à 100 mg 2 fois par jour.
Eviter également la coadministration avec un inducteur puissant du CYP3A ou un inducteur modéré du CYP2C8 (rifampicine, phénytoïne, carbamazépine, millepertuis) : risque de perte d’activité du tucatinib.
Le tucatinib est un inhibiteur puissant du CYP3A. Il peut donc conduire à une augmentation des concentrations plasmatiques des médicaments métabolisés par ce cytochrome, tels que la buspirone, le darunavir, l’évérolimus, l’ibrutinib, la simvastatine, le tacrolimus, le vardénafil… L’association devra être évitée lorsque des modifications minimes de la concentration de ces substrats risquent d’entraîner des effets indésirables graves ou qui engagent le pronostic vital.
Prudence avec les substrats de la glycoprotéine P (P-gp : digoxine, dabigatran, etc.), dont les concentrations plasmatiques peuvent être augmentées.
Surveillance particulière
Contrôle des taux d’Alat, d’Asat et de bilirubine toutes les 3 semaines ou si le tableau clinique le justifie.
Détection d’une éventuelle grossesse chez les femmes en âge de procréer avant l’instauration du traitement.
Fiche technique
Tucatinib en comprimé pelliculé rond et jaune (50 mg) ou ovale et jaune (150 mg), remb. SS à 100 %.
– Tukysa 50 mg, boîte de 88 comprimés, 1 636,30 €, AMM : 34009 302 202 1 4.
– Tukysa 150 mg, boîte de 84 comprimés, 4 501,83 €, AMM : 34009 302 202 2 1.
Seagen : 01 84 88 80 69
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.
Le cancer du sein
Avec environ 58 500 nouveaux cas et 12 100 décès en 2018, le cancer du sein est le cancer à la fois le plus fréquent, devant ceux du côlon-rectum et du poumon, et le plus meurtrier chez la femme. Les âges médians au moment du diagnostic et du décès sont respectivement de 63 ans et de 74 ans.
Quels sont les facteurs de risque ?
60 % des nouveaux cas de cancer du sein surviennent chez la femme âgée de 50 à 74 ans. Outre l’âge et le sexe féminin, les principaux facteurs de risque, identifiés ou suspectés, sont l’hygiène de vie (consommation d’alcool, tabagisme, surpoids et obésité, etc.), les antécédents personnels et familiaux (prédispositions génétiques dans 5 à 10 % des cas), les facteurs environnementaux (irradiation thoracique médicale à haute dose) et hormonaux (longue exposition aux œstrogènes : âge à la puberté, âge de la première grossesse, ménopause tardive, etc.). A contrario, la pratique d’une activité physique régulière pourrait être un facteur protecteur.
Que sont les récepteurs hormonaux et le gène HER2 ?
Les cellules cancéreuses peuvent être porteuses de récepteurs hormonaux, aux œstrogènes et/ou à la progestérone, et/ou de marqueurs génétiques HER2 (human epidermal growth factor receptor 2), ce qui permet de classer le cancer du sein en différents sous-types. Le sous-type le plus fréquent est le cancer RH+/HER2-, qui concerne 65 à 70 % des patientes. Lorsque les cellules cancéreuses possèdent des récepteurs aux œstrogènes et/ou à la progestérone, la liaison des hormones à leurs récepteurs entraîne une action stimulante sur les cellules cancéreuses ; on parle de tumeur hormonosensible. La surexpression et l’amplification de la protéine HER2, qui est une protéine membranaire de la famille des récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGFR) à activité tyrosine kinase, entraîne quant à elle la persistance des signaux de croissance des cellules et concerne 12 à 20 % des femmes atteintes d’un cancer du sein.
Delphine Guilloux
Dites-le au patient
– Prendre les doses de Tukysa chaque jour à heure fixe, à environ 12 heures d’intervalle, au cours ou en dehors des repas. Avaler les comprimés entiers sans les mâcher, ni les écraser ou les couper. Tukysa peut être ingéré en même temps que la capécitabine.
– En cas d’oubli d’une dose, attendre et prendre la dose suivante à l’heure habituelle.
Délivrance
– Liste I
– Médicament soumis à prescription hospitalière
– Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie
L’avis de la HAS
– Service médical rendu important
– Amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III)
– Population cible estimée à environ 2 000 nouveaux patients par an
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