La chasse aux poux est ouverte

Physiologie

La reproduction

Les poux de tête vivent exclusivement sur le cuir chevelu où ils trouvent une température (entre 28 et 32 °C) et une nourriture adéquates puisqu’ils s’alimentent de sang trois fois par jour. Ils vivent environ un mois et se reproduisent très rapidement. Les femelles pondent trois à six œufs par jour, qui ne sont pas tous viables, elles les collent solidement aux cheveux, à un millimètre du cuir chevelu, grâce à une substance visqueuse appelée spumaline. Les œufs, appelés lentes, mesurent environ un millimètre de long et sont de couleur blanche légèrement brillante. Après sept jours d’incubation, les larves éclosent et deviennent des adultes reproducteurs après une dizaine de jours. Les poux adultes mesurent entre un et trois millimètres de long, ils sont de couleur gris-beige et possèdent trois paires de pattes munies de griffes.

L’infestation

Une tête infestée porte rarement plus de dix poux adultes et ils sont surtout situés au-dessus des oreilles et de la nuque. Les lentes, elles, ressemblent à des pellicules, aussi l’infestation peut passer inaperçue dans un premier temps. La contamination se fait par contact direct, car les poux marchent assez vite (30 cm/min) et ils passent d’une tête à l’autre en s’agrippant solidement aux cheveux grâce à leurs pattes griffues. La contamination par les bonnets, les écharpes, les appuis-tête, l’eau de la piscine est plus rare et n’a jamais été précisément prouvée. De fait, les poux préfèrent rester sur la tête car ils ne peuvent vivre plus de 48 heures en dehors de leur hôte sous peine de mourir de faim. Ils n’en tombent que lorsqu’ils sont vraiment très nombreux.

Les symptômes

Les premiers symptômes d’une infestation sont les démangeaisons du cuir chevelu qui peuvent engendrer des lésions de grattage avec des risques de surinfection. Ces troubles restent cependant bénins et le pou de tête ne transmet pas de maladies graves, à la différence du pou du corps qui peut transmettre la peste ou le typhus. Avant de faire un traitement antipou, il faut vérifier qu’il y a bien une pédiculose avec des poux vivants et des lentes présentes à moins de 5 millimètres du cuir chevelu. Si elles se trouvent au-delà de 5 millimètres, c’est qu’elles sont vides ou mortes.

Le traitement

Les produits chimiques

La pédiculose n’étant pas une maladie, les traitements pédiculicides ne sont pas considérés comme des médicaments. Ils sont en vente libre et ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale mais leur commercialisation est soumise à autorisation (L. 658-11) par l’Afssaps. Il existe quatre familles de produits pédiculicides : les pyréthrines naturelles et de synthèse (perméthrine, dépalléthrine et D-phénothrine), un organophosphoré (malathion), un organochloré (lindane) et l’acide acétique (vinaigre). Ces produits peuvent être associés au butoxyde de pipéronyle ou au méthoprène avec lesquels ils ont une action synergique. Les présentations commerciales comportent quatre formes galéniques : lotions à appliquer ou à pulvériser, shampooings et crèmes, avec des conditions et des temps d’application variables. Actuellement les spécialistes sont confrontés au fait que les poux de tête résistent de plus en plus aux traitements. En France, on conseille de ne pas donner deux fois de suite le même traitement à une même personne. Alors qu’aux États-Unis les médecins envisagent l’emploi d’antibiotiques (sulfaméthoxazole-triméthoprime) comme nouveau mode de traitement.

Les peignes à poux

Une surveillance régulière de la chevelure des enfants à l’école et au sein des familles, notamment des petites filles qui sont plus sujettes à attraper des poux que les garçons, permet d’éviter les infestations massives. Aujourd’hui, les peignes à poux constituent toujours une bonne alternative aux traitements chimiques pour traiter les personnes présentant une hypersensibilité ou une allergie aux produits proposés et pour traiter les très jeunes enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. Il est conseillé de peigner longuement les cheveux, plusieurs fois par jour et pendant au moins trois semaines, et de le faire au-dessus d’un lavabo ou d’un linge de couleur claire afin de mieux repérer les poux qui sont éliminés. Les peignes antipoux ont des dents plus faiblement écartées que les peignes normaux et il en existe plusieurs sur le marché. Certains laboratoires proposent des produits plus élaborés, notamment un peigne avec deux parties amovibles (Itax de Pierre Fabre), un peigne à écartement réglable (Rabi et Solabo) et un peigne en acier trempé avec des dents microcannelées (Assy 2000).

Conduite à tenir

S’assurer qu’il y a bien infestation, avérée par la présence de poux ou de lentes vivantes.

Ne pas donner de produits traitants en prévention afin d’éviter l’apparition de résistance.

Rappeler que les shampooings antipoux sont destinés à traiter et non pas à laver.

Proposer une lotion en première intention car les temps d’application sont plus longs et plus proches de ceux (10 à 60 minutes) recommandés par le Conseil supérieur d’hygiène publique.

Commencer par un traitement à base de pyréthrine, mieux acceptée, et réserver le malathion aux formes résistantes.

Expliquer que les lentes résistent mieux aux traitements que les poux et qu’un second traitement doit être appliqué dix jours plus tard afin d’éliminer les larves écloses dans l’intervalle.

En cas d’échec d’un traitement, utiliser un produit contre les poux d’une autre classe.

précautions

Proscrire toute forme aérosol pour traiter des sujets asthmatiques ou présentant des antécédents d’infection pulmonaire ou de gêne respiratoire.

Éviter de donner un produit à base de lindane si le traitement est destiné à un jeune enfant ou à une femme enceinte ou allaitante.

Les bons conseils

Contrôler les cheveux de tous les membres de la famille et traiter simultanément ceux qui sont infestés.

Lire attentivement le mode d’emploi avant de commencer un traitement.

Éviter tout contact du produit avec les yeux et la bouche, sinon rincer abondamment à l’eau.

Effectuer les traitements contenant du malathion dans un local bien aéré, devant une fenêtre ouverte. Le sujet doit se protéger les yeux, la bouche et le nez avec une serviette. Il ne faut pas fumer, ni utiliser de sèche-cheveux pendant l’application car les produits sont très inflammables.

Laver les vêtements et les taies d’oreiller à 60 °C bien que les poux ne s’y trouvent qu’exceptionnellement. Un simple lavage à 30 °C n’est pas suffisant pour détruire les poux et les lentes.

Enfermer les objets qui ne peuvent être lavés (brosses à cheveux, peignes, bonnets et peluches) dans un sac plastique durant quinze jours, un temps suffisant pour que les poux, privés de nourriture, meurent.

Pulvériser éventuellement un insecticide sur les appuis-tête et dans les casques en cas d’infestation importante. Éliminer les poux morts à l’aide d’un peigne à poux.

Préférer l’usage d’un peigne à poux pour traiter les nourrissons et les personnes sensibles ou intolérantes aux produits chimiques. Peigner minutieusement et longuement la chevelure plusieurs fois par jour et ceci pendant au moins trois semaines.

(Pour plus d’informations, voir la revue Prescrire, tome 21, n° 222, de novembre 2001).

Quand l’épouillage était une activité noble

Les poux ont toujours parasité les hommes. Ils se rencontrent partout dans le monde et à tous les niveaux de la société, et ceci indépendamment de l’hygiène, au moins chez l’enfant. Pendant des siècles, et jusqu’à l’apparition des produits insecticides, l’épouillage entre humains a été la seule manière de se débarrasser des poux. Cette pratique tenait une fonction sociale importante, elle créait une relation d’intimité, de connivence, voire de dépendance entre ceux qui s’épouillaient et le pou ne suscitait pas le dégoût qu’il inspire de nos jours dans notre société. Se chercher des poux dans la tête était une activité noble. Quant au pou lui-même, il était reconnu et apprécié car il portait chance et était réputé pour guérir certaines maladies ou pour fortifier.