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Je me suis tordu la cheville

Publié le 1 janvier 2003
Par Aurélia Milan
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L’entorse fait partie des accidents de la vie quotidienne et sportive. Le plus souvent bénigne, elle peut toutefois avoir des répercussions invalidantes si elle est mal évaluée.

Symptômes

Une entorse est une lésion des ligaments qui maintiennent les os de l’articulation de la cheville liée à leur étirement brutal et accidentel. Elle touche de façon presque exclusive le côté externe de la cheville du fait d’une tendance spontanée de la cheville et du pied à se tordre en dedans sous l’effet du poids du corps. Le ligament latéral externe de la cheville se compose de trois faisceaux, lésés successivement en fonction des stades de gravité. L’entorse bénigne consiste en une simple rupture ou distension de quelques fibres du faisceau antérieur, l’entorse de moyenne gravité en une rupture ligamentaire isolée du faisceau antérieur, et l’entorse grave correspond à une rupture ligamentaire des faisceaux antérieurs et moyens. Le stade de gravité ultérieur correspond à des entorses graves accompagnées de lésions osseuses ou tendineuses. En cas d’entorse bénigne, la douleur sur le coup est très vive, puis s’atténue quelques heures avant de réapparaître « à froid ». Le gonflement s’installe progressivement au cours des premières 24 heures. En cas d’entorse grave, le patient ressent comme un craquement ou une déchirure au moment du traumatisme. La cheville bleuit rapidement et un œdème appelé « œuf de pigeon » se forme sur le côté externe de la cheville. Par ailleurs, il est impossible pour le blessé de poser le pied à terre. Dans tous les cas, recommandez-lui de consulter rapidement. Même si l’entorse se révèle bénigne, l’articulation est fragilisée et exposée à des récidives.

Les traitements

Urgence

Avant toute consultation et quel que soit le stade de gravité de l’entorse, il faut appliquer ce protocole d’urgence que les praticiens ont appelé GREC (glaçage – repos – élévation – contention). Dans les minutes qui suivent l’accident, ces mesures diminuent la constitution de l’hématome. Poursuivies pendant une petite semaine, elles réduisent les phénomènes inflammatoires locaux (œdème) et donc la douleur et le risque de raideur ultérieure.

Le glaçage permet de réduire au maximum le gonflement lié au sang libéré par la lésion. Le froid doit être appliqué par séquences de vingt minutes, cinq à six fois par jour, sous forme de pack réfrigérant type Coldpack ou Hansaplast Sport Réfrigérant. On peut aussi mettre de la glace dans un sac et enrouler l’ensemble dans une serviette pour protéger la peau.

Le repos est indispensable pour laisser aux ligaments lésés le temps de cicatriser.

L’élévation facilite le drainage naturel de l’œdème.

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La contention : elle limite la formation de l’œdème, facilite l’immobilisation du membre et atténue la douleur. Pas de bandage maison qui, trop serré, empêche le sang de circuler. L’idéal est d’utiliser un strapping : Élastoplaste ; Absoplast de Marque Verte ; Bande Cohésive d’Hansaplast Sport ; Teetape; Biplast et Coheflex de Thuasne.

Pour atténuer la douleur, prendre des anti-inflammatoires (Nurofen, Ibuprofène, Advil…) par voie orale, mais éviter l’aspirine qui va augmenter le saignement interne.

Traitement de fond

Si l’entorse s’avère bénigne, le médecin conseillera de poursuivre le protocole GREC pendant une semaine en le complétant par l’application d’un gel anti-inflammatoire à appliquer une à trois fois par jour en légers massages en veillant à se laver les mains après l’application : Cliptol de Pierre Fabre, Advil Gel de Whitehall, Antarène Gel d’Élerté, Intralgis Gel d’Urgo, Tiburon Gel de Monot. Penser au pansement autocollant Flector Tissugel des laboratoires Genévrier qui va diffuser pendant 12 à 24 heures du diclofénac épolamine. En fonction de l’intensité de la douleur, appliquer un à deux Tissugel par jour. La guérison d’une entorse bénigne apparaît généralement en trois semaines.

Si l’entorse est de gravité moyenne, il faut porter une chevillère souple, un strapping ou des attelles stabilisatrices.

Si l’entorse est grave, le port d’une botte en résine pour une période de six semaines est souvent retenu, mais elle est de plus ou plus souvent remplacée par des attelles d’immobilisation qui nécessitent une bonne discipline de la part du patient mais évitent les risques de phlébite. Dans certains cas une chirurgie réparatrice sera envisagée. En cas de douleurs persistantes, on aura recours aux massages, aux ultrasons, à l’acupuncture, à la mésothérapie, à l’ostéopathie (voir encadré)… La reprise d’un sport sera possible deux à trois mois après le traumatisme initial après accord du médecin, mais celle-ci devra être prudente, progressive et précédée d’un bon échauffement. On pourra envisager le port d’une chevillère.

Homéopathie

Prendre 4 granules d’Arnica 5CH toutes les trente minutes cinq fois de suite après l’accident, puis trois fois par jour pendant huit jours.

Compléter en diluant 10 gouttes de Rheumadoron dans un peu d’eau, trois fois par jour pendant huit jours.

Appliquer sur la cheville trois fois par jour, pendant huit jours, une noisette d’Arnican.

Prévenir la récidive

Après le traitement, il est primordial d’éviter les récidives, très fréquentes. En effet, un tiers des personnes souffrant d’une entorse en ont déjà eu une à la même cheville.

accessoires

Des séances de kinésithérapie sont indispensables dans le cas d’entorses graves. Elles débutent après les six semaines d’immobilisation et consistent en dix à quinze séances réparties au rythme de deux/trois séances de trente minutes par semaine. Elles comprennent des massages, l’application d’ultrasons ou de courants électriques, des exercices de renforcement des muscles stabilisateurs et des exercices dits« proprioceptifs » qui vont reprogrammer la cheville dans ses capacités d’équilibration et d’anticipation. Les médecins recommandent de plus en plus souvent cette rééducation pour les entorses bénignes, ne serait-ce qu’une séance au cours de laquelle le kinésithérapeute donne des conseils d’hygiène de vie, dont le port de talons raisonnablement hauts et la pratique du vélo qui va assouplir la cheville mais aussi entretenir efficacement les muscles qui l’entourent.

La prise de fluor pendant quelques semaines est recommandée pour renforcer les ligaments. Elle doit se pratiquer le matin à jeun ou bien à distance des repas. Prendre garde toutefois à ne pas dépasser 2 mg par jour sous peine de coloration des dents (risque de multiplication des prises avec le sel de table et les eaux minérales). Microsol Fluor d’Herbaxt, 1 à 2 unidoses par jour ; Oligogranul Fluor de Boiron, 5 comprimés une à deux fois par jour ; Oligosol Fluor de Labcatal une à deux fois par jour ; Oligostim Fluor de Dolisos 1 à 2 comprimés par jour.

L’ostéopathie fait ses preuves

L’ostéopathie donne de très bons résultats, à condition qu’il s’agisse d’une entorse bénigne et que le praticien puisse intervenir dans l’heure qui suit le traumatisme. En effet, après l’élongation, les tissus mettent entre vingt minutes et une heure pour se fibroser. L’ostéopathe, en restaurant une bonne qualité de mouvement de certains os de la cheville et du péroné avant que le ligament n’ait le temps d’installer sa lésion, va permettre de retrouver instantanément une cheville intègre et non douloureuse. Quand l’ostéopathe n’intervient que deux à trois jours après le traumatisme, les résultats en termes de douleur ne sont plus aussi spectaculaires, mais le patient retrouve rapidement une marche sans boiterie. C’est aussi une excellente prévention des entorses à répétition. Il faut ensuite compter deux à trois séances à un mois d’écart.