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le choix d’une passion
Le marché du vétérinaire serait plutôt stable voire en légère progression. Néanmoins, l’officine qui choisit de lui consacrer un espace commercial digne de ce nom, le fait par passion… Tant il lui faut investir de l’énergie pour former son équipe aux pathologies de l’animal.
Comment nourrir un lapereau trouvé sur la colline ? De la banane écrasée, c’est ce qui se rapproche le plus du lait de lapine… Est-il possible d’interrompre les chaleurs d’une chatte ? Oui, en donnant des médicaments dans les trois premiers jours, après ce n’est plus possible. Et que faire contre un mâle qui miaule à mort, alertant tout le quartier ? Donner au matou un produit qui stoppera son ardeur génésique…
D’une officine à l’autre, c’est le conseil qui va faire la différence
et booster l’activité vétérinaire… Mais pour pouvoir donner le conseil adéquat, encore faut-il être à la hauteur. Et dans le domaine, tous les officinaux l’avouent, la compétence ne va pas forcément de soi. « Pendant les études, le vétérinaire reste une matière peu développée, témoigne Valérie Velsch, pharmacienne adjointe à la pharmacie Aillaud de Salon-de-Provence (13). Au départ, je n’étais pas du tout à l’aise, sans repères. Pour une même molécule, les noms commerciaux sont différents en médecine humaine et en médecine vétérinaire. Sans compter que certaines molécules n’existent qu’en médecine vétérinaire. Pour donner des conseils adaptés, je me suis formée par le dialogue avec mon titulaire mais aussi par moi-même en faisant des recherches. » Et la jeune femme s’est prise au jeu, devenant au fil du temps la responsable de l’activité… Dans la pharmacie Tranain de Pont-Saint-Esprit (31), c’est une préparatrice Annie Merlin, qui a la charge du rayon vétérinaire. « Un peu par hasard, dit-elle. Dans notre officine, nous sommes une équipe de seize personnes et chacun a la responsabilité d’un rayon, de la gestion des stocks, des commandes au merchandising. J’ai bénéficié d’une formation de quatre jours, en particulier sur les oiseaux pour lesquels nous sommes souvent sollicités. » Désormais les produits contre les poux ou les dysenteries des oiseaux de volières n’ont plus de secrets pour Annie… « Je me souviens même d’un perroquet dont le plumage avait perdu sa couleur. C’était un problème de vitamines. Au quotidien, je m’aide de la documentation des laboratoires, de livres et de dictionnaires. Mais dès que je ne peux répondre à une demande spécifique, j’oriente vers le vétérinaire. » Martine Citarella, préparatrice à la pharmacie de Christian Ciccione, a suivi plusieurs formations de base, dont une sur le chat et le chien. « Néanmoins, on continue d’apprendre sur le tas en matière de conseil ou d’organisation du rayon, confie-t-elle. Et le titulaire nous « forme » au quotidien ».
Les titulaires sont les moteurs de l’activité vétérinaire
« J’ai fait un DU de médecine vétérinaire et j’ai entraîné toute mon équipe dans l’aventure », explique Christian Ciccione. De son côté, Bernard Aillaud dit avoir toujours eu le goût de la médecine vétérinaire. Quant à Éric Gérard, titulaire à la pharmacie centrale de La Loupe (28), un père vétérinaire, un grand-père agriculteur, il est tombé dedans tout petit et sa thèse de doctorat traitait de maladies des poissons…
Aujourd’hui à l’officine, le marché du médicament vétérinaire concerne principalement les animaux de compagnie. Mais, une implantation en milieu rurale et agricole peut faire réfléchir à l’éventualité de développer une offre de produits plus spécifiques pour animaux de rente comme les chevaux, ovins ou encore bovins. « Mon officine est située en zone semi-rurale et l’activité concerne pour moitié les animaux de rente. Pour que ça marche, la recette est simple, il faut du stock (nous avons 2500 références), des prix compétitifs et du personnel compétent… ». Quant à la pharmacie Gérard Ternaux de Maroeuil (62) qui consacre 80 m2 à l’activité vétérinaire sur une surface de vente totale de 250 m2, elle fait figure d’exception. Ses clients sont en priorité les groupements d’éleveurs. « L’origine du développement de cette activité depuis 25 ans tient à un contexte local, les vétérinaires des groupements ayant sollicité notre officine et nous délivrons les médicaments sur leurs prescriptions… explique Stéphane Bodnar, préparateur. Nous desservons les départements alentours, Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne… L’avantage est la traçabilité. Tout est consigné sur un ordonnancier. » Et Stéphane a donc une activité peu commune. Exemple : il délivre des ordonnances de lots de vaccins contre le gumboro pour des milliers de poulets ou contre les rhinites ou les mycoplasmes pour des centaines de truies ! Mais ce cas de figure reste exceptionnelle.
Le marché des animaux de rente échappe généralement à l’officine
« À part quelques élevages de chevaux ou de poules, notre activité est centrée, bien sûr sur le chat et le chien, mais aussi sur les nouveaux animaux de compagnie », estime Christian Ciccione titulaire à Saint-Maximin-La-Sainte-Baume. En effet, depuis quelques années, le grand public semble porter un attrait grandissant à des races radicalement plus exotiques que nos traditionnels chiens et chats. Des animaux qui nécessitent une attention et des soins particuliers. Et leurs propriétaires ne semblent pas regarder à la dépense. « Que ce soit des petits rongeurs, des tortues, des serpents ou même des oiseaux de cage, des petits rongeurs, l’équipe officinale doit être capable d’apporter à leurs propriétaires des conseils personnalisés et adaptés », estime Vincent Ramon, vice-président de l’APR (Association de la pharmacie rurale). Autre secteur en développement : le secteur équestre. Pour Vincent Ramon, à l’officine, le cheval rentre dans la catégorie des « animaux de loisirs » et s’avère un excellent support de communication et une source d’animation des rayons spécialisés de l’officine. Car une activité vétérinaire qui marche a besoin d’un espace spécifique proposant médicaments mais aussi accessoires, jouets, ouvrages. De plus, la nourriture pour animaux peut trouver éventuellement sa place dans les rayons de l’officine. Mais un tel espace de vente nécessite une certaine superficie, non seulement de par l’encombrement des marchandises, mais aussi de par l’odeur qui nécessite parfois une mise à l’écart des autres linéaires. Martine Citarella a trouvé une petite astuce pour masquer les odeurs gênantes émanant des aliments pour animaux : « je parfume le rayon tous les jours ! Jusque là j’avais tout essayé, divers désodorisants, etc. Mais le plus efficace, c’est le parfum. Car l’odeur est incommodante, non seulement pour les clients mais aussi pour l’équipe officinale ! », plaisante-t-elle. Son titulaire Christian Ciccone est un véritable spécialiste de la pharmacie vétérinaire. Marché qui représente près de 5 % de son chiffre d’affaires. Aujourd’hui, dans son officine de 500 m2, près de 45 m2 sont réservés aux médicaments, à l’alimentation, à l’hygiène ou encore aux divers accessoires comme les colliers, les laisses, etc. La pharmacie Tranain de Pont-Saint-Esprit poursuit également le développement du rayon vétérinaire. « Nous avons dédié près de 20 m2 au vétérinaire et, d’année en année, notre chiffre d’affaires augmente, fait remarquer la préparatrice Annie Merlin. Depuis un an, nous avons mis en rayon les produits alimentaires et ça marche très bien. Nous veillons à être compétitifs par rapport aux grandes surfaces et nous faisons régulièrement des promotions. » Même écho à la pharmacie Aillaud. « Le vétérinaire, c’est 7 % de notre chiffre d’affaires et nous sommes en progression », confie Valérie Velsch, pharmacien adjoint. Tous les officinaux qui se sont lancés dans cette activité croient au grand potentiel de ce marché. En France, un foyer sur deux posséderait un animal domestique.
Le marché de l’animal de compagnie se développe
On recense déjà plus de 9 millions de chats et 8,1 millions de chiens. Un nombre en augmentation constante. À savoir, selon un sondage IMS Health, un foyer sur deux possède un animal domestique, 35 % des propriétaires de chiens ne voient jamais leur vétérinaire et 70 % font l’impasse sur la visite « chez le véto » concernant leurs chats. Sur le marché des animaux domestiques, bien loin derrière les vétérinaires, les pharmaciens parviennent néanmoins à totaliser 17 % du chiffre d’affaires total, soit près de 139 millions d’euros. Des chiffres laissant espérer aux officines qui choisissent l’option « vétérinaire » une perspective de développement de leur activité commerciale. Selon le co-rapport des ministères de la Santé et de l’Agriculture de mars 2002, le marché français du médicament vétérinaire s’élevait en 2000 à environ 4,8 MDF, ce qui représentait à titre de comparaison environ 5 % du marché du médicament à usage humain. La distribution au détail est assurée par près de 5 600 cabinets vétérinaires (environ 66 % du marché), environ 22 900 pharmacies d’officine (environ 8,5 % du marché) et presque 230 groupements agréés (environ 25,5 % du marché).
Trois laboratoires se partagent le marché
Mérial, leader du marché en chiffre d’affaires avec pour référence unique Frontline(r), Clément-Thékan (Dog Net Spot(r), Mégépil chat(r), Scanil(r), Eczekan(r)) et Biocanina(r) (Ascatène(r), Félipil(r), Dermatt(r), Tick Away(r)). En 2002, rien qu’à l’officine, les ventes des produits vétérinaires pour animaux de compagnie ont atteint 12,3 millions d’unités, soit un chiffre d’affaires de près de 140 millions d’euros. Aujourd’hui, plus des trois-quarts du chiffre d’affaires de ce marché se focalisent sur quelques produits seulement : principalement sur les antiparasitaires externes, puis les vermifuges, la contraception et les produits de dermatologie.
Un dispositif législatif définit le médicament vétérinaire
fixe les règles de mise sur le marché, de fabrication et de distribution en gros, détermine les règles de distribution au détail et de délivrance du médicament. Le marché du médicament vétérinaire se trouve ainsi encadré par la loi de 1975. Avant cette date, la fabrication, la détention et la vente des médicaments vétérinaires étaient relativement libres, à l’exception des vaccins et des produits comportant des substances vénéneuses. Depuis, la législation a considérablement contribué à la restructuration et au développement du secteur du médicament vétérinaire avec notamment l’établissement de l’AMM. Aujourd’hui, le plein exercice de la distribution est attribué aux pharmaciens d’officine, aux vétérinaires praticiens. Mais les vétérinaires n’ont pas le droit de tenir officine ouverte, c’est-à-dire de délivrer des produits ou médicaments vétérinaires à d’autres animaux que ceux qu’ils reçoivent en consultation. L’exercice restreint est également accordé aux groupements de producteurs à vocation économique reconnus et aux groupements de défense sanitaire sous réserve de satisfaire à un certain nombre de conditions. Bien que considérés par la loi comme médicaments, les aliments médicamenteux peuvent être distribués par les fabricants d’aliments.
La médecine vétérinaire a le vent en poupe
D’après Vincent Ramon. Et, de plus, ce dernier aime à rappeler que « la pharmacie vétérinaire n’est pas un rayon de parapharmacie », comme il regrette de l’entendre dire trop souvent. « Le médicament animal est une activité éthique, de santé publique, tout aussi légitime pour l’officine que l’est « le médicament humain », estime-t-il. Quant aux différents qui opposent régulièrement les vétérinaires aux pharmaciens, Vincent Ramon aplanit la situation et parle de complémentarité avec une profession qui offre aux propriétaires d’animaux « d’autres prestations ». Aujourd’hui, des laboratoires pharmaceutiques tels que, par exemple, Bayer, Mérial ou encore Novartis s’investissent fortement le marché du médicament animal, et parviennent « à développer une véritable politique commerciale tournée vers l’officine », se réjouit Vincent Ramon. Pour Christian Ciccione, les laboratoires ont enfin compris : « c’est l’officine qui a le plus gros potentiel de vente ». Merchandising, linéaires, packaging, brochures, panneaux et PLV ou encore formation… Bref, la pharmacie vétérinaire est désormais un marché animé et dynamique. Exemple d’outils de communication vétérinaire à l’officine, et non des moindres : la prévention sur les zoonoses. « Des maladies transmissibles à l’homme », souligne le pharmacien. Vermifuger l’animal deux fois par an et traiter l’environnement s’avère indispensable pour de nombreux propriétaires d’animaux. La préparatrice Martine Citarella, anime son rayon suivant différents critères. « En ce moment, nous mettons en avant les shampooings antidémêlants, précise-t-elle. Nous planifions la rotation des linéaires en fonction du calendrier. Par exemple, c’est bientôt la saison des antiparisataires, des vermiguges. »
Les produits stars de l’officine
En effet, parmi les produits phares bénéficiant d’une forte communication en officine, il y a les vermifuges. Cible principale : les zoonoses. Aujourd’hui, près de 45 % des foyers français hébergent un chien ou un chat. Donc, potentiellement, de par leur présence au sein de la famille, ces animaux domestiques constituent une source de contamination majeure. Ainsi, dans cette démarche de santé publique, Bayer Santé Animale, par exemple, s’engage en force dans la prévention des risques zoonosiques. À cet effet, le laboratoire a lancé une campagne d’information à l’intention des médias et des professionnels de santé (médecins, vétérinaires), mais privilégie avant tout la communication via l’officine. En effet, grâce à son rôle de proximité et de conseil, le pharmacien et son équipe officinale sont très souvent les premiers interlocuteurs des propriétaires d’animaux.
ZoomLes conditions strictes de délivrance du médicament
Les règles qui encadrent la délivrance du médicament sont assez strictes. Sauf exonérations limitées, la délivrance au détail des médicaments vétérinaires contenant des substances prévues à l’article L. 5144-1 du Code de la Santé publique (CSP) est subordonnée par l’article L. 5143-5 du CSP, quel que soit le distributeur, à la rédaction par un vétérinaire d’une ordonnance qui est obligatoirement remise à l’utilisateur. Dans le secteur des animaux de rente, la presque totalité des médicaments se soumet à cette obligation. Les conditions d’établissement de l’ordonnance sont arrêtées par l’article R. 5194 du CSP. Ce dernier stipule que toute prescription de médicament – humain ou vétérinaire – » doit être rédigée, après examen du malade, sur une ordonnance. » L’article R. 5146-51 du CSP précise le contenu de l’ordonnance qui se doit de comporter les informations suivantes : identification du prescripteur ; dénomination du médicament ; posologie ; mode d’emploi ; identification du détenteur de l’animal ; identification des animaux, espèce, âge, numéro matricule ; temps d’attente… À des fins de traçabilité, lors de la délivrance des médicaments soumis à ordonnance, le vétérinaire ou le pharmacien doit stipuler les délivrances sur un registre sur lequel doivent être transcrites différentes informations relatives à l’identification du client, au médicament et au prescripteur.
ZoomDéfinition du médicament vétérinaire
Pour définir le médicament vétérinaire, la loi renvoie au code de la santé publique. Ce dernier donne une seule et même définition du médicament qu’il soit destiné à l’homme ou à l’animal. Selon l’article L. 5111-1 du Code de la Santé publique : « On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques ». De même le code de santé publique définit aussi les différentes catégories de médicament vétérinaire et, à ce titre, le pré-mélange médicamenteux et l’aliment médicamenteux. Ce dernier regroupant « tout médicament vétérinaire constitué à partir d’un mélange d’aliment et de pré-mélange médicamenteux présenté pour être administré aux animaux, sans transformation dans un but thérapeutique, préventif ou curatif, au sens de l’alinéa premier de l’article L. 5111-1 ». La loi, néanmoins, ne définit pas l’aliment supplémenté comme un médicament mais plutôt le classe dans la catégorie des aliments destinés aux animaux contenant en faible pourcentage, sans qu’il soit fait mention de propriétés curatives ou préventives, certaines substances ou compositions visées à l’article L. 5111-1 du CSP, et notamment des antibiotiques et des coccidiostatiques que l’on retrouve dénommés « additifs de haute technologie ». Ces additifs sont soumis à une procédure d’autorisation communautaire. Le règlement CE n° 2821/98 du 17/12/98 a réduit à quatre le nombre d’antibiotiques susceptibles être utilisés. Ces derniers, dits régulateurs de flore, sont constitués de molécules de familles différentes des molécules utilisées en médecine humaine ou vétérinaire.
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