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Surveillez les fausses ordonnances d’Ozempic

Publié le 23 mars 2023
Par Christine Julien
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Maigrir grâce à Ozempic fait fureur sur les réseaux sociaux, au point d’engendrer une pénurie. Une surveillance renforcée a été mise en place.

L’analogue GLP-1 Ozempic doit être réservé au traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, ont rappelé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Assurance-maladie. Le laboratoire Novo Nordisk, qui commercialise Ozempic, signale « des tensions d’approvisionnement dues à une demande plus élevée que prévu dans de nombreuses zones géographiques, qui engendrent des limitations temporaires de capacité pour les dosages 0,25 mg, 0,5 mg et 1 mg ». À côté des vraies, les fausses ordonnances se multiplient. « Au moins une à deux par semaine en ce moment sur les huit départements de l’ancienne région Midi-Pyrénées, la grande majorité issue de prescripteurs de la région parisienne. C’est un vrai problème car cela évoque surtout un trafic presque organisé plutôt qu’une falsification par des personnes pour leur propre usage », évoque Maryse Lapeyre-Mestre, responsable du Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-Addictovigilance (CEIP-A) de Toulouse (31).

Le plus souvent, elles sont grossièrement « falsifiées, avec de belles fautes d’orthographe, comme numéro “finesse” ou des noms de rue écorchés ». Une était même rédigée en caractères cyrilliques, indique le Pr Jean-Luc Faillie, responsable du centre régional de pharmacovigilance, de pharmaco-épidémiologie et d’information sur le médicament (CRPV) de Montpellier (34), chargé de surveiller les analogues GLP-1 (lire aussi Décryptage p. 11).

Dis-moi qui t’accompagne…

Sur une fausse ordonnance d’Ozempic, figurent « toujours des dispositifs pour l’injection et souvent un autre médicament pour faire “plus vrai”, Doliprane ou autre », poursuit Maryse Lapeyre-Mestre. « Près d’une ordonnance falsifiée sur deux associe des capteurs Freestyle. Cela interroge », relate le Pr Faillie. Oui, certaines blogueuses* promeuvent le capteur pour contrôler et limiter les pics glycémiques, et in fine, la prise de poids. Co-prescriptions de diurétiques, d’antidépresseurs doivent alerter aussi.

« À ce jour, une centaine d’ordonnances falsifiées ont été signalées, ce qui témoigne probablement d’un phénomène potentiellement important. Le message à faire passer aux officinaux est d’être vigilants sur les ordonnances d’Ozempic et autres aGLP-1, notamment si le patient n’est pas connu et si le prescripteur est d’une autre région. Beaucoup d’ordonnances falsifiées étaient issues d’Île-de-France et utilisées dans d’autres régions ». Une même ordonnance a par exemple été présentée à Caen et en Occitanie. « Dans le doute, contactez le prescripteur, ne délivrez pas et tentez de raisonner la personne si c’est un manque d’information ». Et le Pr Faillie d’ajouter : « Certes, des patients peuvent perdre quelques kilos sans effets indésirables notables, mais toute personne exposée peut potentiellement présenter un effet grave, comme un choc anaphylactique ou une pancréatite. C’est pour ça qu’il faut réserver ce médicament aux personnes qui en ont réellement besoin ».

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(*) Jessie Inchauspé, vitaliseurdemarion.fr/fr/officiel/article/slug/revolution-glucose…

Ayez le réflexe Osiap !

En dehors des ordonnances d’Ozempic, l’addictovigilance française, sous l’égide de l’Addictovigilance de Toulouse, maintient la surveillance des ordonnances falsifiées dans le cadre de l’enquête Osiap (Ordonnances suspectes, indicateur d’abus possible). En cas de doute, les déclarer sur addictovigilance.fr/programmes-dobservation/osiap