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Les tatouages
Le tatouage s’affiche sur la peau de plus d’un quart des moins de 35 ans
Définition
• Le tatouage consiste à introduire sous la peau une substance ou préparation colorante, dite « encre », qui apparaît en transparence en laissant une marque définitive ou temporaire.
• De la profondeur du dépôt de l’encre dépend la durée du tatouage. Il est définitif à la limite entre l’épiderme et le derme, soit entre 1 et 4 mm selon l’épaisseur de la peau et la zone tatouée. Il est temporaire, dit « semi-permanent », en cas de dépôt majoritairement dans l’épiderme, comme dans le cas du maquillage.
Principe
• Le tatouage est réalisé avec un dermographe, un appareil électrique muni d’aiguilles qui se déplacent rapidement de haut en bas pour percer la peau et déposer les encres.
• Dans les tatouages permanents, les colorants sont piégés dans le derme, dont la structure de fibres de collagène est très dense. Une réaction immunitaire se met en place ; des macrophages capturent les colorants mais ceux-ci, dits « résidents », migrent peu vers le système lymphatique. Le dessin est définitif.
• Dans les tatouages semi-permanents, les colorants sont plus dilués et déposés dans les couches superficielles. Ils s’éliminent avec le renouvellement cutané. Ils durent de deux à sept ans, mais la profondeur imprécise des dépôts fait que des traces de dessin sont pérennes.
Législation
Elle est la même pour tout tatouage.
• Les mineurs doivent présenter le consentement écrit d’un adulte ayant l’autorité parentale.
• Aucun diplôme requis, mais le tatoueur professionnel doit se former aux conditions d’hygiène et déclarer son activité auprès de l’Agence régionale de santé (ARS).
• Le local dédié à l’activité doit être nettoyé chaque jour. Les surfaces doivent être désinfectées entre chaque client, les gants changés toutes les deux heures et entre chaque client.
• Les encres, produits chimiques complexes, sont à base de pigments en suspension, de solvants, de conservateurs et d’additifs de stabilisation. Fabrication et utilisation sont inscrites au code de la santé publique depuis 2004 ; un décret de 2008 fixe les conditions d’hygiène et de salubrité. La France a adopté les résolutions européennes sur les exigences et les critères d’innocuité (ResAP 2008), qui fixent notamment des substances interdites en raison de potentiels effets cancérigènes, mutagènes ou sensibilisants/irritants. Depuis 2020, le règlement européen Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques (Reach) interdit notamment plus de quatre-vingt-dix substances : colorants azoïques, amines aromatiques, métaux… L’interdiction des pigments bleu et vert depuis le 4 janvier 2023 bride les tatoueurs.
Évolution normale
• L’inflammation (douleur, chaleur, rougeur, œdème léger) et les démangeaisons modérées durent de quelques heures à quelques jours. Les saignements sont légers et transitoires.
• La cicatrisation complète, parfois précédée d’une desquamation, s’étale sur deux à trois semaines.
• La réaction immunitaire entraîne l’élimination d’une petite partie du colorant, expliquant des fuites d’encre durant trois ou quatre jours. Des adénopathies localisées transitoires sont possibles.
Risques et complications
• Allergie : le plus souvent à un pigment, notamment le rouge, elle se manifeste par un œdème et des démangeaisons, une éruption érythémateuse, un urticaire. Elle peut survenir immédiatement ou quelques semaines voire années plus tard. Elle se traite par application de corticoïdes locaux mais peut persister et nécessiter un détatouage. Un nouveau tatouage avec la même encre est contre-indiqué à vie.
• Infections : l’effraction cutanée implique un risque d’infection, lors du geste ou de la cicatrisation. Le plus souvent par un staphylocoque ou un streptocoque, responsables d’abcès, de folliculite, de furoncles…, infections exceptionnellement disséminées comme un érysipèle, une endocardite ou une septicémie. La micro-projection de sang expose à un risque exceptionnel de transmission virale de client à client, notamment VIH, hépatites B et C. Ces risques sont minimisés par la désinfection de la zone cutanée, le matériel jetable stérile ou stérilisé et les soins post-geste. Il est recommandé que le tatoueur et le client soient vaccinés contre l’hépatite B.
• Apparition ou aggravation de pathologies cutanées : possible effet rebond ou de lésions nouvelles (« effet Koebner ») de psoriasis, vitiligo, d’acné notamment sous isotrétinoïnes, qui assèchent et peuvent ralentir la cicatrisation.
• Cancer de la peau : il n’y a pas de preuve d’un lien entre cancer cutané et tatouage mais l’apparition de tumeurs de malignité intermédiaire (kératoacathome) semble possible.
Précautions
• Nécessitent l’avis d’un médecin : immunodépression (diabète, cancers, corticothérapie…), pathologie cutanée, troubles de la coagulation et cardiaques (risque d’endocardite), allergies.
• Prudence en présence de grains de beauté : une modification possible de leur aspect nécessiterait une exérèse et les couleurs foncées entravent leur surveillance.
Soins
Après tatouage, la plaie est recouverte d’un pansement vaseliné et/ou de cellophane. Elle est exsudative en raison de sécrétion de lymphe.
• Nettoyer, quatre heures environ après le geste, pour ôter les résidus de sang et d’encre. Se laver les mains ; enlever le pansement délicatement ; l’humidifier au besoin. Nettoyer à l’eau et au savon neutre sans colorants ni parfum, sans gant de toilette ni frotter. Rincer à l’eau, tamponner avec un linge propre ou une compresse. Bannir tout antiseptique. À faire chaque jour jusqu’à cicatrisation complète.
• Cicatriser.
→ La cicatrisation classique consiste à appliquer une pommade (vaseline, Cicatryl, Cicabio…) en couche épaisse plusieurs fois par jour, jusqu’à disparition des croûtes et des démangeaisons, puis une à deux fois par jour durant deux à trois semaines.
→ La cicatrisation en milieu humide évite les croûtes et peut accélérer le processus. Sur une plaie nettoyée, appliquer un film de polyuréthane (Opsite, Tegaderm…). La détersion et les fibroblastes et kératinocytes sont stimulés par l’exsudat riche en cellules immunitaires. Changer le film chaque jour, davantage si l’exsudat est abondant, à relayer avec une crème hydratante.
• Si douleurs : paracétamol et/ou poche de glace sur un linge propre.
• Au quotidien.
→ Jusqu’à cicatrisation complète, toucher le moins possible le tatouage et toujours avec des mains propres. Ne pas enlever les desquamations, ni épiler ou raser la zone.
→ Pas de bains durant un mois ni d’activités à risque de souillures/contaminations : sauna, piscine… et sports à risques de coups.
→ Porter des vêtements amples et propres.
→ Ni soleil ou cabine UV durant au moins un mois. Ensuite, protéger le tatouage par une protection solaire d’indice 50+, à renouveler toutes les deux heures, car les UV peuvent déclencher des réactions allergiques.
• Consulter si : rougeur et gonflement progressent vite ou perdurent plus d’une semaine, sécrétions purulentes, fièvre, démangeaisons persistantes ou douleur excessive. Signaler toute réaction anormale sur le site signalement-sante.gouv.fr
(1) Sondage Ifop en collaboration avec le Syndicat national des artistes tatoueurs (Snat), novembre 2016.
Info+
Détatouage. Se faire « détatouer » est possible chez un dermatologue, via un laser qui fragmente les particules de pigments afin de rendre possibles leur relargage du derme et leur élimination par le système lymphatique. Ce processus est long et coûteux.
L’alternative « éphémère »
→ Les tatouages éphémères, avec application des pigments sans effraction cutanée, se font souvent au henné et durent trois semaines. Le henné naturel, rouge-marron, est en général bien toléré, mais le henné noir obtenu par ajout de paraphénylènediamine (PPD) est un puissant sensibilisant, responsable de dermatites de contact, urticaires, voire angio-œdème et choc anaphylactique deux à quinze jours après. Des cicatrices hypertrophiques ou troubles de pigmentation peuvent persister. Les tatouages au jagua, issu du génipayer, arbre tropical, semblent bien tolérés, mais des réactions allergiques locales sont décrites.
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