Pénuries de médicaments : et s’il y avait plus de transparence

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Pénuries de médicaments : et s’il y avait plus de transparence

Publié le 22 mars 2023
Par Anne-Hélène Collin
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Auditionnés au Sénat par la commission d’enquête sur les pénuries de médicaments ce 21 mars, l’Ordre des pharmaciens, les syndicats officinaux et hospitaliers et l’Académie nationale de pharmacie ont exposé leurs propositions pour lutter contre les pénuries de médicaments. Une chose est certaine : la communication autour des ruptures n’est pas à la hauteur.

La profession était auditionnée ce 21 mars par la commission d’enquête du Sénat sur les pénuries de médicaments. Tous – Ordre, syndicats officinaux et hospitaliers, académiciens – ont relevé le manque de communication autour des ruptures de stock« Les autorités nous doivent une information meilleure que celle que nous avons aujourd’hui. On doit savoir si le produit revient dans trois jours, dans une semaine, dans un mois ou dans un an. On n’agit pas de la même façon avec le patient, » explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Bref, « il faut de la transparence », résume-t-il.

Concrètement, pour la profession, c’est la remontée d’informations qu’il faut améliorer à tous les étages de la chaîne du médicament. Il faut « qu’à tout moment » les ruptures soient expliquées et justifiées pour que le pharmacien puisse mieux réagir, demande Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Cette opacité fait qu’il y a une perte de confiance dans toute la chaîne ».

L’Ordre plaide pour renforcer le caractère obligatoire de DP-Ruptures, instrument précieux au quotidien mis en place par les pharmaciens : « C’est un bel outil mais rien, aujourd’hui, n’oblige les industriels à s’y abonner et à déclarer les ruptures auprès des dispensateurs », explique Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre des pharmaciens. Qui a rappelé les chiffres : « 93 % des officines sont connectées à DP-Ruptures et 100 % le seront après la première vague du Ségur du numérique. Côté industriels et répartiteurs, 85 laboratoires y sont abonnés, ce qui couvre 84 % des médicaments dispensés en officine, ainsi que 10 grossistes répartiteurs, soit 98 % du marché ».

La sérialisation s’invite dans la discussion

« Peut-être que la sérialisation pourrait nous aider à cette transmission d’information et à savoir où sont les stocks, avec peut-être une forme de régionalisation », ajoute Philippe Meunier, président du syndicat national des pharmaciens, praticiens hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires. Une solution à laquelle « est farouchement opposé » l’Ordre des pharmaciens, y voyant « des fins dangereuses pour l’utilisation des données ».

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Au manque de transparence, Elise Remy, membre du conseil d’administration du syndicat national des pharmaciens des hôpitaux, ajoute le manque de réactivité : « Une fois que les stocks sont reconstitués, on ne comprend pas pourquoi ça n’arrive pas plus vite aux utilisateurs », fait-elle remarquer. Ajoutant que la liste des ruptures mise en ligne par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n’est pas exhaustive… et pas toujours à jour.