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« Je souffre d’indigestion »

Publié le 1 janvier 2004
Par Aurélia Milan
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Les repas de fête sont propices aux digestions difficiles. Une indication à laquelle répond particulièrement bien la phytothérapie.

Symptômes de la crise de foie

L’indigestion se traduit par un gonflement gastro-abdominal, une sensation de malaise, un état nauséeux, des sueurs, des douleurs au niveau du foie et de l’estomac. On l’appelle communément « la crise de foie ». Elle débute généralement dès la fin d’un repas trop riche en graisses et/ou en alcool : le patient a du mal à digérer, ses symptômes s’amplifient et au bout de quelques heures, il est pris de vomissements qui auraient tendance à le soulager. Lors d’un repas trop copieux et/ou trop arrosé, le foie et la vésicule biliaire sont débordés. La bile, qui a pour fonction d’émulsifier les graisses pour faciliter leur absorption au niveau de l’intestin, n’est plus libérée en quantité suffisante. La digestion devient lente et douloureuse.

Principe du traitement

Faire sécréter la bile

Les cholérétiques et des cholagogues visent à soulager le foie. En favorisant la sécrétion et l’excrétion de la bile, ils vont augmenter les capacités digestives de l’intestin.

Traiter les symptômes

En fonction des symptômes variables d’un individu à l’autre, on pourra utiliser différents médicaments antispasmodiques contre les douleurs abdominales, pansement intestinal en cas de flatulences, antinauséeux, anti-acides…

L’organisme au repos

Il est indispensable de mettre l’organisme à la diète pour permettre au système digestif de se reposer et d’éliminer les toxines. Conseillez à votre client de boire abondamment et de consommer, pendant les vingt-quatre heures qui suivent l’indigestion, des bouillons de légumes et des infusions à peine chauds. La chaleur a en effet tendance à congestionner la muqueuse gastrique. Tous ces liquides, drainants et réhydratants, ont l’intérêt de se digérer très facilement. Veiller aussi à remplacer le café par du thé. Ensuite, pendant deux à trois jours, mieux vaut enchaîner sur une alimentation légère à base de poisson poché, de viande maigre, de compotes de fruits et de purées de légumes.

Les plantes de la digestion

On peut soulager l’indigestion avec des mélanges phytothérapiques tout prêts ou bien conseiller une ou plusieurs plantes bien précises pour une action plus ciblée. Contre l’indigestion en elle-même, pour améliorer le fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire, il faut prendre du boldo et de l’aubier de tilleul. Ensuite, contre les nausées, le duo angélique/menthe fait merveille. Contre les ballonnements, charbon végétal et romarin pris conjointement sont plus indiqués. L’association fenouil-menthe traite aussi bien les colites que les crampes d’estomac. Et pour traiter la migraine digestive, il faut prendre de l’artichaut et de la fumeterre. Toutes ces plantes se prennent de manière curative mais une personne qui va enchaîner pendant plusieurs jours des repas trop lourds et qui se sait plus sujette à tel ou tel trouble va débuter la cure quelques jours avant ses excès, de manière préventive. Cela vaut tout particulièrement pour les stimulants du foie et de la vésicule.

Artichaut

Les feuilles d’artichaut ont des propriétés cholérétiques et cholagogues. La cynarine qu’elles contiennent stimule la production de la bile par le foie et favorise la motricité de la vésicule biliaire pour excréter la bile au niveau intestinal. Ces deux actions ciblent en particulier la digestion des graisses. Il est recommandé d’utiliser une poudre totale cryobroyée plutôt que des extraits qui privent l’organisme d’une partie des constituants et donc d’une grande partie de l’effet.

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Indications : troubles hépatobiliaires, migraine digestive.

Boldo

Le principe actif contenu dans la feuille de boldo est la boldine, un alcaloïde aux propriétés cholagogues et cholérétiques qui stimule la sécrétion et l’évacuation de la bile. Mais le boldo agit également sur le transit intestinal. Pour une activité optimale, mieux vaut utiliser la poudre totale de feuille cryobroyée pour respecter l’intégrité de l’huile essentielle.

Indications : insuffisance hépatique, douleurs intestinales.

Fumeterre

La partie aérienne de la plante en floraison contient de la fumarine, qui aide à régulariser le fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire. La fumeterre est l’amphocholérétique par excellence : elle assure un fonctionnement harmonieux de la vésicule en agissant aussi bien sur la formation de la bile que sur son évacuation. Elle calme aussi les migraines provenant d’un mauvais fonctionnement hépatique et les spasmes intestinaux.

Indications : dysfonctionnement de la vésicule biliaire, lourdeurs, nausée, migraine d’origine hépatique.

Romarin

Comme toutes les lamiacées, les feuilles du romarin renferment une huile essentielle à laquelle il doit ses propriétés intéressantes sur le système digestif. Il stimule le fonctionnement de la vésicule biliaire. Il agit aussi sur les fermentations intestinales et sur les douleurs abdominales qu’elles entraînent en calmant les spasmes d’origine digestive pas son action spasmolytique sur les intestins et l’estomac.

Indications : ballonnements et douleurs abdominales associées.

Fenouil

C’est le fruit du fenouil appelé aussi aneth doux qui est utilisé pour ses propriétés digestives. Riche en huile essentielle, il est antispasmodique et spasmolytique : il soigne les spasmes, les gastrites et les colites. Il permet d’éviter les fermentations intestinales et accélère la digestion.

Indications : ballonnements, lourdeurs après le repas, aérophagie, douleurs gastriques et nausée.

Menthe

Ses feuilles renferment une huile essentielle qui a un très grand pouvoir calmant sur les nausées, les spasmes intestinaux et les crampes digestives. Son action antiseptique limite les fermentations intestinales et soigne les ballonnements.

Indications : colites spasmodiques, crampes digestives, pesanteurs après le repas, nausées.

Radis noir

La racine du radis est un excellent draineur du foie et de la vésicule biliaire. Il favorise l’élimination des déchets et toxines et rétablit un fonctionnement harmonieux de ces organes. À ce titre, on l’utilise avec succès pour soigner les troubles hépatiques et biliaires.

Indications : troubles hépatiques, coliques hépatiques, migraine d’origine hépatique, langue chargée.

Angélique

Elle évite la formation des gaz intestinaux et soigne l’aérophagie et les ballonnements. Douée d’excellentes propriétés antispasmodiques, la racine de l’angélique agit sur les colites en calmant efficacement les spasmes intestinaux et les douleurs. Elle est également cholagogue.

Indications : aérophagie, ballonnements, colite, douleurs et spasmes abdominaux.

Deux tisanes digestives

Préventivement, pour faciliter la digestion

• Préparez un mélange de 10 g de fruits de badiane, 10 g de feuilles de sauge, 20 g de fleurs de matricaire, 20 g de plantes de millepertuis, 20 g de feuilles de verveine, 20 g de feuilles de serpolet, 20 g de feuilles de marjolaine, 20 g de feuilles d’oranger et 20 g de plantes d’origan. Compter une cuillerée à soupe de plantes pour une tasse d’eau. Mettre de l’eau frémissante sur les plantes, laisser infuser dix minutes et filtrer. À boire après les repas trop riches.

Contre les douleurs digestives et les colites

• Préparer 30 g de feuilles de mélisse, 30 g de feuilles de marjolaine, 30 g de feuilles de basilic et 30 g de fleurs de matricaire. Compter une cuillère à soupe de plantes pour une tasse d’eau. Plonger les plantes dans l’eau froide, porter à ébullition trois/quatre minutes, puis laisser infuser dix minutes. Boire 3 à 4 tasses par jour jusqu’à disparition des symptômes.

Pour une prochaine fois

• Vingt-quatre heures avant la fête et le jour même, adopter une alimentation légère et régulière pour permettre à l’estomac, au foie, au pancréas et aux reins de se reposer et de se préparer à bien faire leur travail.

• Pendant la fête, éviter les mélanges d’alcools et boire beaucoup d’eau, de préférence gazeuse. Le bicarbonate de soude atténue l’acidité gastrique et accélère la vidange de l’estomac vers l’intestin.

• Regrouper le plus possible les prises de nourriture afin que la notion de repas persiste. Mieux vaut éviter de grignoter tout au long de la nuit car, la nuit, notre machine biologique tourne au ralenti et a du mal à gérer ces apports.

• Consommer modérément certains aliments riches en tyramine ou histamine (gibier, chocolat, vin blanc, alcool) qui peuvent déclencher une migraine.

• Une demi-heure avant le repas, avaler une cuillère à soupe d’huile d’olive. Elle va déclencher la production d’acides qui, en neutralisant les graisses des aliments, vous permettront d’éviter les lourdeurs.